mardi 2 avril 2019

Clorinde, ma colocataire (23)


– Vous l’avez vu, Martial ?
– Je l’ai vu, oui.
– Alors ! Ben, racontez, quoi !
– Il en croyait pas ses yeux. « Ses nichons, putain ! C’est pas vrai que t’as réussi à lui capter les nichons ! » Il te les a dévorés un long moment des yeux. « Des petites merveilles ! De véritables petites merveilles ! » Qu’il m’a supplié de lui transférer. « Que je puisse en profiter un peu, moi aussi ! »
– Et il s’est sauvé aussitôt avec, j’parie ! Ça pressait trop.
– Non. À l’évidence, c’est pas l’envie qui lui en manquait, mais non ! Parce qu’en fait, ce qu’il se demandait, c’est si, par hasard, il y en avait pas d’autres, des photos, à grappiller. Des fois que je me la sois jouée perso. Que t’aies été complètement à poil sur ce canapé, que je t’aie mitraillée tant et plus, que je lui aie fait l’aumône de tes seins et que je me sois gardé le reste pour moi tout seul.
– La confiance règne. Et alors ? Vous vous en êtes sorti comment ?
– En jurant mes grands dieux que jamais j’aurais fait une chose pareille, enfin ! Il pensait bien que, si j’avais eu davantage, je l’en aurais fait profiter aussi. J’étais pas comme ça. Non. En réalité, en bas t’avais gardé un espèce de short de nuit. Qu’avait pas franchement d’intérêt. Du coup, je m’étais concentré uniquement sur ce qui était à découvert.
– Il vous a cru ?
– Il a eu l’air. Mais il ne s’est pas avoué vaincu pour autant. « Tu restes sur le qui-vive, hein, tu me promets ? T’essaies de nous avoir le reste… Tout le reste. Si tu y arrives, je te vouerai une reconnaissance éternelle. »
– Rien que ça ! Eh ben, dis donc ! Je lui fais de l’effet, on peut pas dire.
– Tu fais de l’effet à beaucoup de monde.
– J’espère bien ! Et alors ? Après ? Il a parlé de venir ?
– Même pas, non !
– Ce qui veut dire qu’il va nous tomber dessus, sans prévenir, incessamment sous peu.
– Il y a de fortes chances, oui.

Il a appelé. Sur le coup de dix heures du soir.
– T’es tout seul ?
J’ai mis le haut-parleur.
– Je suis tout seul, oui.
– Elle est où, elle ?
– Sous la douche.
– Sous la douche ? Oh, putain ! Tu sais que je la regarde ? Je l’ai sous les yeux, là. Je fais que ça, depuis tout-à-l’heure. La regarder…
– Que ça, t’es sûr ?
– Oui, enfin, je me comprends ! Non, mais attends ! Comment tu veux résister ? Cette paire de nibards qu’elle a ! C’est à se mettre à genoux devant. Et puis cette petite gueule d’amour. En plus ! Elle me rend fou. Non, je t’assure ! Elle me rend fou.
Clorinde m’a fait signe de la suivre. Jusqu’à la porte de la salle de bains. Qu’elle a repoussée derrière elle. Sans la refermer complètement.
L’eau a ruisselé.
– Martial ? T’es toujours là ?
– Oui.
– Écoute ! T’entends ? C’est la douche. Elle est dessous.
– Oh, la vache ! Oh, la vache !
Il a haleté. Il a gémi.
– Oh, putain ! Je jouis ! Je jouis !

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