mardi 30 juillet 2019

Clorinde, ma colocataire (40)


Elle m’a sorti du lit manu militari.
– Allez, hop, debout, grand feignant ! Le devoir nous appelle.
Et le devoir pour elle, c’était…
– Tes cours à la fac ?
– Vous avez pas d’autres idioties à dire ? Non, vous savez le grossiste en sapes où je me fournis d’habitude, là, qu’a pas le droit de vendre aux particuliers normalement, mais bon, il y a des arrangements quand on sait s’y prendre, eh ben je lui en ai parlé à Alexandra. Elle est intéressée. Tu parles ! Il y a de quoi. Quand on voit les prix… Et donc, on doit se retrouver toutes les deux à dix heures là-bas. Et vous, pendant ce temps-là, j’ai pas de conseils à vous donner, mais moi, à votre place, vu qu’on est mardi et que, mardi dernier, elle y était la femme de son amant à Alexandra, ben j’irais faire un saut du côté du club de pétanque.

Elle était effectivement là, seule, à s’entraîner. Et m’a souri, quand elle m’a vu, à travers le grillage.
– Les papiers sont prêts, si vous voulez…
– Eh bien, allez !
Je suis entré. J’ai signé. Trois feuilles. Quatre feuilles.
– Là ! Vous v’là en règle. Il vous reste plus qu’à venir jouer.
– Comme je vous l’ai dit, je débute. Je débute vraiment.
– Oui, oh ben, on a tous commencé par là, hein ! Vous vous y mettrez vite, vous verrez.
Elle a glissé le dossier dans un tiroir.
– Je peux vous demander, si c’est pas indiscret, ce qui vous a amené à la pétanque ?
– Je m’encroûtais. Fallait absolument que je fasse quelque chose.
– Pourquoi spécialement la pétanque ?
– Et pourquoi pas ?

Clorinde m’a jeté un petit regard tout à la fois amusé et inquisiteur.
– Et après ? Vous êtes allé jouer avec elle, j’parie.
– Comment tu le sais ?
– Longtemps ?
– Toute la matinée.
– Et vous avez discuté. Elle vous plaît ? Oui, je le vois bien à votre air qu’elle vous plaît. Ben, faut pas vous gêner, hein, si elle vous tente. Elle est cocue. Ce sera jamais qu’un prêté pour un rendu. Et puis vous pourrez me raconter comme ça.
– Et toi ? Alexandra ?
– Oh, ben, ça s’est super bien passé, Alexandra. Mais bon, il y avait pas de raison. De toute façon, nous, les nanas, dès qu’on a le nez dans les sapes, on est tout de suite complices. On est allées manger toutes les deux du coup, à midi. Et on a parlé. De vous. Entre autres.
– De moi ?
– Oui. Qu’on vivait ensemble tous les deux. Mais qu’on couchait pas. Elle arrivait pas à y croire. « Un type de son âge ! Avec une petite jeune comme toi. Mignonne comme tout en plus ! Et il tente rien ? Il est impuissant. C’est pas possible autrement. » Ça m’a fait rire. Vous l’étiez pas, non. Je suis pas entrée dans les détails de ce qui se passe entre nous, ça la regarde pas, mais ce qu’il y avait de sûr, c’est que vous l’étiez pas. Ah, non, alors ! Du coup, elle brûle d’envie de vous connaître. « Je voudrais bien voir à quoi il ressemble, cet oiseau rare ! » Mais ça, rien de plus simple, non ? Et comme il faut battre le fer tant qu’il est chaud, je l’ai invitée demain soir. Chez vous. Ce sera mieux. Ça en jettera plus. Vous avez rien contre ?
– Bien sûr que non !
– J’en étais sûre. Et vous savez ce que j’ai fait après ? Juste après l’avoir quittée ? Je suis allée voir son amant. Henri. J’avais un besoin urgent d’être magnétisée.
– Ben, voyons !
– Il m’a un peu draguée. Juste un peu. Et je me suis laissée faire. C’est vilain, hein ?
– Tu es infernale.
– C'est ce qui fait mon charme.

mardi 23 juillet 2019

Clorinde, ma colocataire (39)


– C’était bien, hein, cette petite incursion à la piscine, tout à l’heure ?
– Pas mal du tout, oui.
– Vous me diriez le contraire… Je sais tout ce que vous pensez, n’importe comment, moi, maintenant. Suffit juste que je regarde vos yeux. En attendant, en douce que vous étiez pas trop tranquille, hein, sous la douche, quand il a commencé à me monter le plaisir. Vous aviez qu’une trouille, c’était que je vous morde. La trouille et, en même temps, ça vous aurait pas déplu tant que ça, je suis sûre. Bon, mais je suis pas idiote non plus, hein ! J’allais pas tenter le diable. Parce qu’imaginez que vous ayez pas pu vous empêcher de crier. C’était un coup à ce que le gardien rapplique, ça ! Et, deux dans une cabine, c’est formellement interdit. On se ferait interdire de séjour.
– Ce qu’aurait été dommage.
– Sûr ! C’est un super terrain de jeu. C’est pour ça que j’ai fait gaffe, moi aussi, de mon côté. Je peux jouir en silence, si je veux. Pourquoi vous ricanez ?
– Parce que t’as une notion très personnelle du silence.
– Quoi ! J’ai pas braillé.
– T’as pas braillé, non ! Mais tu t’es néanmoins exprimée. De façon très explicite.
– Comment ça ?
– Tu as haleté. Tu as gémi. Et tu as allègrement clapoté.
– Ah, oui ? Je me suis pas rendu compte. Oh, mais faut pas trop m’en demander non plus. Une fois que je suis partie… Il s’est aperçu de rien, le gardien. C’est l’essentiel.
– Dans la cabine voisine, par contre, sûrement que…
– Oui, ben il en aura profité. Tant mieux pour lui. Lequel c’était, à votre avis ?
– Alors ça ! Pour savoir…
– C’est dommage ! J’aurais bien aimé. Oh, mais il devrait y avoir moyen… Parce qu’il va revenir, le type. Forcément. La semaine prochaine. Peut-être même avant. Mais la semaine prochaine, sûr. Même jour. Même heure. En espérant de toutes ses forces que j’y serai.
– Ce qui sera le cas ?
– Probable, oui. Bon, mais on verra. Pour le moment, on n’en est pas là. Il y pas que la piscine dans la vie. Et j’ai mené ma petite enquête sur notre environnement immédiat. Alors voilà…
Elle a déployé une grande feuille de papier, l’a étalée sur la table.
– Ça, c’est le plan de l’immeuble. Les quatre étages.
En traits et en petites cases. De toutes les couleurs.
– D’après mes sources – une bonne femme, au rez-de-chaussée, qui passe sa vie dans l’entrée et qui demande qu’à parler–  notre voisine de droite, elle s’appelle Letizia Donizetti. Et elle est prof d’italien. Comme – j’ai vérifié – il y a que son nom à elle sur la boîte aux lettres, probable que le type de l’autre soir, il vit pas vraiment là. Mais ça reste à confirmer. De toute façon, j’ai bien l’intention de trouver un prétexte quelconque, dans les jours qui viennent, pour aller frapper à sa porte et tenter de lier connaissance.
– Je peux m’en charger, si tu veux.
– Ben, tiens ! Je vous vois venir, vous ! Non, non ! C’est gentil, mais c’est pas la peine. Je m’en occupe. À part ça, de l’autre côté, il y a un type tout seul. D’une quarantaine d’années. Vincent Louviot, il s’appelle. Il sort pratiquement jamais de chez lui. Elle trouve ça louche, la voisine d’en bas. « De quoi il peut bien vivre ? Il bosse pas. Et, en plus, il parle à personne. » Ce qu’il y a de sûr, en tout cas, c’est que nous, ici, on l’entend pas. Jamais un bruit. Pas de musique. Pas de télé. Rien. Il y aurait pas l’eau qui coule, de temps en temps, on pourrait croire qu’il est vide, l’appart. Ça donne quand même envie de savoir ce qu’il en est, non, vous trouvez pas ? Surtout que, d’après elle, à ce qu’il paraît, il est beau mec.
– Ce que t’as bien l’intention de vérifier par toi-même.
– On peut rien vous cacher. Quant à ceux du dessous qui baisaient comme des bêtes, l’autre nuit, pas étonnant. C’est des jeunes mariés. Léa et Paul. Étudiants tous les deux. Affaire à suivre. Quant aux autres, on verra. Au fur et à mesure.

mardi 16 juillet 2019

Clorinde, ma colocataire (38)


– Vous savez quoi ? J’ai une furieuse envie de me faire mater aujourd’hui. D’avoir plein de désirs sur moi.
– Normalement, ça , ça devrait pouvoir s’arranger.
– Vous pensez bien que oui ! Sans problème. On va à la piscine ? La municipale ? C’est le jour ou jamais le jeudi. Il y a pas les scolaires. On est tranquille.
– Eh ben, allez !

Elle avait revêtu un maillot de bains noir une pièce qui lui moulait le fendu et les fesses au plus près.
– Hou là ! Mais ça relève carrément du cameltoe, ton truc, là, dis donc !
– Faut ce qu’il faut. Bon, mais je compte sur vous, hein ! Vous regardez bien les réactions. Et vous me direz.
Elle a majestueusement longé le rebord de la piscine, à pas lents, jusqu’au plongeoir, de l’autre côté, là-bas. Elle y est restée debout, un long moment, immobile, à contempler la surface de l’eau. Avant de s’y jeter.
On l’avait suivie tout du long des yeux. Un type d’une quarantaine d’années, ouvertement, sans dissimuler le moins du monde son intérêt. Deux autres, plus âgés, aussi discrètement que possible. Un autre encore, la soixantaine bien sonnée, que la présence de sa femme à ses côtés contraignait, manifestement à contre-cœur, à une certaine retenue. Et puis il y avait ce jeune, d’à peu près son âge, qui la buvait littéralement des yeux, qui s’est précipité à l’eau quand elle y a sauté, qui a nagé dans son sillage.

Elle est venue s’étendre à mes côtés. A relevé une jambe.
– Alors ?
– Tu as ton petit succès.
– Mais encore ?
Le jeune est sorti de l’eau. Lui a jeté, au passage, un regard appuyé.
– Celui-là, s’il te fait envie, c’est quand tu veux.
– Non, merci. Sans façons. C’est pas déplaisant de lui faire de l’effet, mais bon…
– Sinon, ben ça m’a tout l’air de bander à tout-va. Même si ça s’efforce de le dissimuler. Il y a des signes qui ne trompent pas. Et c’est pour toi. Aucun doute là-dessus.
Elle s’est retournée. Sur le ventre. A fait claquer l’élastique du maillot contre sa fesse.
– Et le couple ? Qu’est-ce qu’il fait, le couple ?
– Elle, elle compulse un magazine. Et lui, il lit un journal. Il fait semblant. Parce qu’en réalité, il arrête pas de jeter tout un tas de coups d’œil dans notre direction. Sur toi, en fait.
Elle s’est lascivement étirée.
– Qu’est-ce vous pariez que, ce soir, sa bobonne va y attraper ?
– Ça, c’est pas impossible.
– C’est même quasi certain. Quand il se sera bien gorgé de moi… J’adore. Je suis peut-être tordue, sûrement même, mais j’adore ça, me dire que la bonne femme, elle croit que c’est elle qui l’excite, son mec, alors qu’en réalité, dans sa tête, c’est moi qu’il est en train de baiser. Bon, mais après, elle a pas trop à se plaindre non plus. Parce que, sans moi, elle aurait rien du tout. Elle me doit une fière chandelle finalement !
Elle s’est remise sur le dos.
– Il y aura peut-être pas qu’elle d’ailleurs. Parce que tous ces types, là, qui me reluquent à qui mieux mieux, va bien falloir qu’ils fassent retomber la pression. D’une façon ou d’une autre. À un moment ou à un autre. Avec leur nana, s’ils en ont une. Ou tout seuls.
Elle s’est appuyée sur un coude.
– Vous devriez pas me faire penser à des trucs pareils. Ça me donne envie.
– Ben, voyons ! C’est de ma faute. Non, mais alors là, c’est la meilleure !
– Beaucoup trop envie. On va se prendre une douche ? Il y en a près des vestiaires.
Elle s’est levée.
– Mais d’abord, un dernier tour de piste. Histoire de…
Elle a rajusté son maillot, chaloupé jusqu’au plongeoir, apparemment indifférente aux regards. Posés sur elle. Rivés à elle.
Une longueur de bassin. Une autre. Encore une.
Elle est sortie de l’eau, est revenue lentement vers moi, s’est penchée en avant, saisie de sa serviette, longuement essuyée.
– On y va ?

On a refermé sur nous la porte de la douche. Elle a retiré son maillot. Presque aussitôt, quelqu’un est venu occuper la cabine voisine.
Elle a silencieusement ri.
Chuchoté.
– J’en étais sûre. C’est lequel à votre avis ?

mardi 9 juillet 2019

Clorinde, ma colocataire (37)


Elle est allée déposer son bol dans l’évier.
– Bon, allez, feu ! Je pars rôder du côté de la grande surface. Il y a des courses à faire n’importe comment. Et vous, j’ai pas de conseils à vous donner, mais moi, à votre place, j’irais jeter un coup d’œil du côté de ce club de pétanque. Histoire de tâter le terrain. Et de vérifier qu’il en fait bien partie, notre magnétiseur. Mais enfin, c’est vous qui voyez, hein !

Le local était fermé, mais il y avait une femme sur le boulodrome. La trentaine. Châtain foncé. Bouclée. Seule.
Elle m’a interpellé à travers le grillage.
– Vous cherchez quelque chose ?
– Non. Enfin si, oui. Je me demandais si, éventuellement, il serait possible de s’inscrire.
– Bougez pas ! J’arrive.
Elle a fait le tour par derrière, m’a ouvert.
– Allez-y, entrez !
Elle s’est activée derrière le comptoir, a déplacé des dossiers, ouvert des tiroirs.
– C’est toujours pareil ! Quand on cherche quelque chose… Faut dire aussi que normalement, les inscriptions, c’est pas moi qui m’en occupe. Mais je peux toujours vous faire remplir la feuille. C’est à la bonne franquette, ici. Pour le reste, les frais, l’assurance, tout ça, vous aurez qu’à voir avec Nadine. C’est la secrétaire, Nadine. Elle est là tous les après-midis. De deux à cinq.
Elle m’a tendu un stylo, regardé remplir le formulaire.
– Vous devez me prendre pour une folle, non ?
Je lui ai lancé un regard interloqué.
– Non. Pourquoi ?
– Ben, une fille qui joue aux boules toute seule, ça craint, non ?
– Ah ! Oh, chacun fait ce qu’il veut.
– En fait, on a une grosse compét le mois prochain, au niveau régional, et si je veux être prête, il y a pas de secret : entraînement, entraînement et encore entraînement.
– Je sais pas si…
– Vous débutez, hein ! Oh, mais faut pas faire de complexes. Vous serez pas le seul, vous verrez. Et puis faut bien commencer par commencer. Tenez, venez, tant qu’on y est, je vais vous donner un casier. Que vous puissiez y mettre vos affaires.
Elle a farfouillé dans un bocal.
– Le 42, il est libre. C’est là-bas. Venez, je vais vous montrer.
On est passés devant le sien. Qui était ouvert. Qu’elle a refermé.

– Et alors là, je te le donne en mille.
– Quoi ? Ben, accouchez !
– Le nom, sur le casier… Mégane Hugonnet.
– C’est pas vrai !
– Eh, si ! C’est pas le mari magnétiseur, l’amant d’Alexandra, qui gagne des trophées à la pétanque, mais sa femme.
– C’est peut-être les deux…
– Non. Parce que tu penses bien que je suis restée bavarder un peu avec. Et que je lui ai posé la question, l’air de pas y toucher. « Mon mari ? À la pétanque ? Oui, oh, ben alors ça, c’est pas demain la veille. Non, lui, à part son boulot et les films américains à la télé, il y a pas grand-chose qui l’intéresse. »
– Et le cul de sa collègue Alexandra. Mais ça, en principe, elle est pas au courant. Bon, ben vous avez sacrément bien avancé, dites donc ! Je suis fière de vous. Et maintenant que vous êtes dans la place, il y a plus qu’à dérouler. On avance… On avance… D’autant que moi, de mon côté, il y a eu mèche avec Alexandra. Elle était au café aujourd’hui. Alors vous pensez bien que j’ai sauté sur l’occasion. On a discuté. Bien. Pas mal. De plein de trucs. Presque une demi-heure durant. Et on remettra ça : je lui ai soutiré ses horaires.

mardi 2 juillet 2019

Clorinde, ma colocataire (36)


C’est le ruissellement de la douche qui m’a réveillé.
Dans un grand bâillement.
– Ah, ça y est, enfin ! Ben, venez me rejoindre. Elle est assez grande. Et puis on pourra parler comme ça.
Elle était toute ensavonnée. Des pieds à la tête.
– Eh, ben dis donc, vous, quand vous dormez, vous dormez, on peut pas dire. N’empêche que vous avez raté quelque chose. Ça s’est complètement débondé après, cette nuit. Un couple juste en-dessous. Comment elle donnait de la voix, la nana ! Et ils ont remis deux fois le couvert. Un autre aussi, un peu plus loin, à gauche. J’ai bien essayé de vous réveiller. Que vous en profitiez, vous aussi. Il y avait pas de raison. Mais il y a jamais eu moyen. Vous bougonniez et vous vous retourniez de l’autre côté. J’ai même cru que vous alliez me coller une gifle à un moment. Alors bon, j’ai pas insisté. Je suis pas suicidaire. Vous avez vraiment tout loupé, du coup. Parce que moi aussi, je me suis amusée comme une petite folle. En silence. C’est bien aussi, des fois. Ça change. En silence et en les écoutant. Et en imaginant. Parce que je suis bien tranquille qu’il y en avait aussi tout un tas tout autour, des types comme des filles, qui faisaient marcher tant et plus leurs doigts. Ou qui se faisaient aller et venir des trucs dedans. C’est pour ça : il faut absolument qu’on sache. Qui est qui. Et qui est où. Pour bien se rendre compte. Vous savez quoi, le mieux ? Eh bien on va faire un plan de l’immeuble. Avec les noms. Et tous les renseignements qu’on pourra trouver. Sur les uns et sur les autres. Elle est pas géniale mon idée ? Si, hein ? Vous me passez le shampooing ? Non, l’autre. Le flacon vert. Là, oui. Merci.
Elle s’est vigoureusement frictionné le cuir chevelu.
– Ah, ils aiment ça qu’on les déclenche ici ? Eh, bien on va les déclencher. On va leur mettre un de ces bordels. Ils ont encore rien vu. Et vous non plus, d’ailleurs…
Elle s’est rincée. Ébrouée.
– Vous faites voir ?
– Quoi, donc ?
– Ben, votre main, tiens ! Qu’est-ce vous voulez d’autre ?
Je la lui ai tendue.
Elle l’a prise dans la sienne.
– Wouah ! Comment je vous les y ai enfoncées loin ! À ce point, je m’étais pas rendu compte. En douce que j’ai un sacré bon coup de dents, ça, on peut pas dire.
Elle a délicatement caressé. Du bout du doigt.
– Ça vous fait mal ?
– Un peu.
– Alors ça, ça m’étonnerait. Sûrement plus qu’un peu. Beaucoup plus.
Elle a appuyé.
J’ai grimacé.
– Ah, vous voyez !
Encore plus fort. D’un coup.
Il m’est échappé un petit gémissement.
– Vous aimez ça avoir mal à cause de moi ? Oh, oui que vous aimez, oui ! Vous bandez. Et pas qu’un peu !
Elle m’a envoyé une petite pichenette sur la queue.
On recommencera alors puisque ça lui plaît, à elle. Mais pas forcément dans le gras de la main. Vous avez plein d’autres endroits où je peux avoir envie de me faire les dents.
Elle m’a effleuré un téton.
– Ici, par exemple.
En a approché les lèvres.
– Et l’autre, en bas, qu’en peut plus. Qui se hausse du col comme c’est pas permis. Oui, ben va falloir que t’attendes, ma grande ! On a une journée chargée comme c’est pas permis, nous, aujourd’hui !