mardi 30 octobre 2018

Clorinde, ma colocataire (1)



– Maxime ! Comment tu vas ? Ça fait si longtemps…
– Vingt ans. Plus de vingt ans. La dernière fois c’était à Mougins juste avant la naissance de Clorinde.
– Que je ne connais pas du coup.
– Que tu ne connais pas, non. Et justement : c’est à propos d’elle que je t’appelle. Si tu pouvais nous rendre un petit service, ça nous retirerait une sacrée épine du pied.
– Si c’est dans mes cordes…
– Que je t’explique. On lui avait trouvé un petit appart sympa à deux pas de la fac, sauf qu’hier, quand on s’est pointés, il s’est avéré que c’était une arnaque. Le type a loué une bonne douzaine de fois un truc qui lui appartenait pas et s’est barré avec les cautions. Sans doute à l’étranger. Et on se retrouve le bec dans l’eau. À deux jours de la rentrée.
– Je vois.
– Alors comme t’habites quasiment la porte à côté de la fac, on se demandait si t’aurais pas pu l’héberger. Juste quelques jours. En dépannage. Le temps qu’on se retourne. Qu’on lui cherche quelque chose de potable. Mais si ça te dérange, tu me dis franchement, hein, je me vexerai pas.
– Aucun souci. J’ai de la place.
– Elle t’encombrera pas, tu verras. C’est pas le genre. Elle mènera sa petite vie de son côté et te laissera mener tranquillement la tienne.
– Mais oui, j’te dis ! Amène-la quand tu veux.

Ce fut le lendemain matin.
C’était une fille aux yeux vifs, châtain clair, bronzée, qui m’a gratifié d’un large sourire.
– Merci. c’est sympa. Parce que sans vous…
Et a aussitôt voulu aller visiter sa chambre.
– Oh, mais c’est immense ! Je vais être comme une poule en pâte, moi, là-dedans. Je peux voir le reste ?
Je l’ai accompagnée de pièce en pièce.
– Mais c’est un palace ! Un vrai palace.
Elle s’est penchée à la fenêtre qui donnait sur l’arrière.
– Et il y a une piscine ! C’est pas vrai qu’il y a une piscine ! Oh, mais je repars pas, moi ! Je reste là jusqu’à la fin des temps.
Maxime a souri, haussé les épaules.
– Elle est nature, hein ! Bon, mais je te la laisse. Et encore merci.

Elle s’est installée.
Dans la chambre. La porte du dressing s’est ouverte et fermée à plusieurs reprises.
Dans la salle de bains.
– Hou ! Hou ! Vous êtes par là ? Je peux pas avoir un peu de place sur la tablette au-dessus du lavabo ?
Des flacons. Des tubes. Des sprays. Des boîtes.
– Tout ça !
– Ah, ben, eh ! Si je veux être un minimum présentable…
Je lui ai libéré un peu d’espace.
– C’est tout ?
Un peu plus.
– Je voudrais vous demander un truc, tiens, tant que j’y suis.
– Je t’écoute.
– Ma chambre, là, je pourrai pas y faire venir quelqu’un des fois ?
– T’as un petit copain ?
– Attitré, non. Mais des fois ça arrive qu’il y ait un mec qui me plaise bien.
– Tu feras bien comme tu voudras.
– Oh, mais allez pas vous faire un film non plus, hein! Ce sera pas le défilé. Bon, mais vous savez quoi ? Je crève d’envie d’aller me baigner, moi. Vous venez ? On y va ?
Et elle a dévalé l'escalier sans attendre ma réponse.

mardi 23 octobre 2018

Alyssia, ma femme (32)


– Alyssia !
– Quoi ?
– Tu te lèves pas ? Tu vas être en retard.
– Quel jour on est ?
– Jeudi.
– Oh, putain, oui ! C’est vrai qu’on est en semaine. C’est pour ça qu’ils sont partis, les jumeaux. Ils bossent.
– Et nous aussi ! Normalement…
– Ils m’ont pas lâchée. Toute la nuit j’y ai eu droit.
– J’ai entendu ça, oui.
– Oh, ben, de ton côté, c’était pas mal non plus. T’en as fait quoi, d’ailleurs, d’Eugénie ?
– Elle avait les petits déjeuners à s’occuper.
– Je t’avais dit que ça allait pas tarder avec elle. Je te l’avais pas dit ? Et, apparemment, ça s’est plutôt bien passé. En plus ! Non ?
– Elle est adorable.
– Et ça aussi, je te l’avais dit…
– Quoi donc ?
– Que t’es amoureux d’elle.
– Cette fois, tu vas être en retard, c’est sûr.
– J’y vais pas. Je suis pas en état. Toi non plus, d’ailleurs, t’as de ces valises sous les yeux.
– On reste là alors ?
– Ou on va passer la journée quelque part ? Tous les deux ? Rien que nous deux ?

Ce fut, une nouvelle fois, Rocamadour.
– Comme le jour où…
On y est arrivés sur le coup de midi
– On déjeune là-bas ?
– Bien sûr.
La terrasse sous les tilleuls.
On a éteint nos portables.
– Qu’on soit tranquilles.
On a étudié la carte.
– Je sais ce que tu vas prendre…
– Moi aussi…
Émincés de foie gras et magrets de canard. Évidemment… Ça s’imposait.
On s’est souri. On s’est pris la main par-dessus la table.
– On peut bien dire ce qu’on veut, mais nous, ce sera toujours nous.
– Et de plus en plus.
– Surtout maintenant que…
Elle n’a pas achevé sa phrase.

Elle nous a voulu une petite sieste.
– Fais-moi l’amour ! Tout doux. Tout tendre.
– Vos désirs sont des ordres, chère Madame.
Mes doigts sur ses joues. Sur ses lèvres. Mes yeux dans les siens. On a fait durer. Longtemps. Et son plaisir l’a transpercée. Véhément. Débondé.
Elle est restée dans mes bras.
– C’est la première fois…
Les larmes lui sont montées aux yeux.
– C’est la première fois que j’en ai avec toi. Jamais, avant…
Elle s’est blottie contre moi.
– Si tu savais ce que j’en ai rêvé de ce moment-là…

On a passé le reste de l’après-midi à remettre nos pas dans nos pas. Main dans la main. À profiter du soleil. De la beauté des lieux. De nous.
Le château. Le sanctuaire. Puis la forêt des singes. On a erré au milieu d’eux. On leur a distribué des pop-corns. On s’est assis sur un banc et on les a regardés jouer, grimper aux arbres, en redescendre, se chamailler tant et plus.
– Et maintenant ?
– Eh bien ?
– On va faire quoi pour les autres, là ?
– Rien. Rien de spécial. Il y a rien de changé. Si ?
– Non. À part nous. Mais ça, ça ne regarde que nous.
– Exactement.
– On a été bien contents de les trouver. On va pas s’en débarrasser, comme ça, du jour au lendemain, sous prétexte qu’on n’a plus besoin d’eux.
– D’autant que c’est complètement faux. Ils peuvent encore nous apporter beaucoup. Énormément.
– Et nous à eux.
On s’est tendu les lèvres.

Le lendemain, au réveil, on a rallumé nos portables.
– J’ai un message de Benjamin.
– Et moi, d’Eugénie.

mardi 16 octobre 2018

Alyssia, ma femme (31)


Alyssia s’est montrée péremptoire.
– Oh, là ! Vous allez coucher tous les deux. Il y en a pas pour longtemps.
– Je sais pas. Je crois pas, non.
– Alors là, je suis bien tranquille. Oh, mais je te fais pas de reproches, hein ! Je serais vraiment très mal placée pour. Et puis, de toute façon, c’est ce qui peut t’arriver de mieux. Depuis le temps que je te le répète…
Elle est sortie de la douche, s’est enveloppé la tête dans sa grande serviette blanche.
– D’ailleurs, à ce propos, faut que je te dise quelque chose. C’est impressionnant ce que t’as changé ces derniers temps. Tu t’affirmes. T’es plus sûr de toi. Beaucoup plus homme, pour parler clair. Et ça, aussi bizarre que ça puisse paraître, c’est depuis que tu fais des trucs avec des types. On dirait que ça t’a dénoué quelque part. Donné le droit d’être toi-même. Alors Eugénie, c’est sans doute la suite logique du processus. Son aboutissement. Enfin ! C’est pas trop tôt.
– Et peut-être que pour nous, maintenant, alors, du coup…
Elle n’a pas répondu. Elle a posé un pied sur le tabouret, près du lavabo, pour se couper les ongles.
– À part ça, j’ai encore eu une longue conversation avec Benjamin ce matin. Et j’ai joué cartes sur table.
– À propos ?
– Ben, des jumeaux, tiens ! Qu’est-ce tu veux d’autre ? Il l’a pas mal pris du tout. Au contraire. Et alors, du coup, je te passe les détails, mais tu sais ce qu’on a décidé ? C’est que j’allais prendre une chambre avec eux, là-bas, au Petit Castel et qu’à vous, Benjamin, Camille et toi, Eugénie donnerait celle d’à côté. T’as rien contre ?
– Oh, que non !
– Par contre, va falloir la jouer fine. Faire hyper attention de pas se couper. Surtout au restaurant, en bas. On ne se connaît pas. On s’ignore. Non, parce qu’ils prendraient vraiment ça très mal, les deux autres…

Quand Camille est arrivée, on était déjà depuis un bon moment à table, Alyssia et les jumeaux tout au fond, près de la cheminée et moi tout seul à côté du grand buffet en chêne.
– Benjamin est pas avec toi ?
– Non. Il m’a déposé devant la porte et il est reparti. En catastrophe. Son père vient d’avoir une attaque.
Elle m’a effleuré les lèvres.
– Il est désolé, mais il tient absolument à ce qu’on ne change rigoureusement rien à ce qu’était prévu. Ça t’ennuie pas au moins ?
– Oh, mais pas du tout, non.
– On va pouvoir se consacrer exclusivement l’un à l’autre, comme ça.
Eugénie nous a apporté nos assiettes.
– Sous le regard attentif de cette charmante jeune personne.
Qui nous a gratifiés de son plus charmant sourire.

Quand elle est arrivée dans la chambre, on était étendus tous les deux sur le lit. Nus.
– Trop tard, ma pauvre !
– Oui. On n’a pas réussi à résister. On a bien essayé, mais ça pressait trop.
– Et ça va plus être possible maintenant. Parce qu’on s’est donnés à fond. On est sur les rotules.
– Alors, le mieux, c’est encore que t’ailles te coucher.
Sa mine désolée nous a fait éclater de rire.
– Mais non, idiote ! On t’a attendue.
– Par contre, à côté, ça fait un bon petit moment déjà qu’ils sont entrés dans le vif du sujet. Tiens, qu’est-ce que je disais !
Alyssia gémissait en sourdine. On l’a écoutée prendre son envol.
– Oh, c’est bon ! Non, mais c’est bon ! Qu’est-ce que c’est bon !
S’apaiser. En mots murmurés doux inaudibles. Retomber.

– Bon, mais c’est pas tout ça ! Et nous ?
J’ai proposé qu’Eugénie prenne la direction des opérations.
– Moi ?
– Ben oui, toi ! Pas le roi de Prusse.
Elle nous a regardés, perplexe, l’un après l’autre. Et puis elle s’est brusquement décidée. Elle est allée chercher deux serviettes dans la salle de bains dont elle nous a, après nous avoir fait lever, bandé les yeux. À l’un comme à l’autre,
Il s’est passé un long moment avant que sa main ne vienne se poser, toute chaude, sur mon ventre, n’y chemine, ne se dirige résolument vers ma queue, ne s’en saisisse.
Un frottement doux, soyeux. Elle nous avait mis bout à bout. Elle me caressait avec lui. Elle le caressait avec moi.
– Vous êtes tout durs.
Camille a envoyé promener la serviette de bains.
– Et merde ! Je veux voir.
Moi aussi.
Penchée sur nous, l’air absorbé, elle a continué à nous frotter voluptueusement l’un contre l’autre.
C’est Camille qui a joui le premier. En grande partie sur ma queue. Et puis moi. Sur la sienne. Et sur ses couilles.
Eugénie a relevé la tête, nous a lancé un regard enfiévré, s’est agenouillée et a léché. Tout. jusqu’au bout. Tandis que nos mains se perdaient dans ses cheveux.

Ce sont les trilles de plaisir d’Alyssia qui m’ont réveillé.
Eugénie était couchée à mes côtés. Elle a ri.
– Ça donne à côté, hein, dis donc !
– Elle est où, Camille ?
– Partie. Elle a reçu un SMS dans la nuit. Elle s’est habillée et elle a filé. Dommage d’ailleurs. Parce que j’avais bien ma petite idée pour demain matin.
– Qui était ?
– Tu préfèrerais quoi, toi ? Que ce soit elle qui vienne en toi ou le contraire ?
– Je sais pas. Je…
– Ça peut aussi être les deux. À tour de rôle.
– T’es pleine d’idées, toi, dis donc, quand tu veux !
– Oh, là, si tu savais !
– T’as aimé hier soir ?
– Tu parles si j’ai aimé ! Depuis le temps que ça me trottait dans la tête un truc comme ça…
– Mais t’as pas pris ton plaisir…
– Si ! Un plaisir de l’intérieur. C’est les meilleurs. N’empêche… je me répète, mais qu’est-ce que je suis contente de vous avoir rencontrés.
Elle m’a posé la main en bas. Je suis allé lui chercher un sein sous le tee-shirt. J’en ai agacé la pointe. On s’est longuement caressés. Le cou. Les fesses. Son bouton. Ma queue. Nos lèvres se sont cherchées. Trouvées. Nos langues se sont enlacées. Elle a refermé ses jambes autour des miennes, promené ses ongles tout au long de mon dos.
– Viens ! Oh, viens !
Elle s’est éperdue. En longs hululements échevelés. Qui se sont estompés, ont repris vigueur, ont longuement roulé.
– Reste ! Reste-moi dedans !
Elle a attiré ma tête contre la sienne. Joue contre joue.
– Je suis bien. Tellement !
Et elle s’est endormie.

mardi 9 octobre 2018

Alyssia, ma femme (30)


– Si j’avais su…
– Si t’avais su quoi ?
– Ben, que Benjamin nous avait une petite Camille comme ça sous le coude, j’aurais pas lancé l’opération jumeaux, moi !
– T’es pas mariée avec.
– Je suis pas mariée avec, non, ça, c’est sûr, mais j’ai pas trop envie de les laisser de côté non plus. Je m’éclate bien avec eux. Et puis ils sont tellement adorables…
– Amène-les le prochain coup. Quand il y en a pour cinq, il y en a pour sept.
– Oui, ben alors là, je les vois pas vraiment dans le rôle. C’est pas du tout le genre à apprécier les trucs entre mecs. Non, je vais me partager. C’est la seule solution. Une fois les uns, une fois les autres.
– Ça risque de pas être facile tous les jours.
– J’aviserai. Le moment venu. Bon, mais et toi, dans tout ça ?
– Quoi, moi ?
– Tu le vis comment ce qui se passe là ?
– Oh, bien. Très bien, même.
– C’est l’impression que tu donnes.
– Benjamin m’a grandement facilité les choses. Tout va de soi avec lui. Tout est parfaitement naturel.
– Tu prêches une convertie. Et Camille ?
– Oh, Camille ! C’est un véritable enchantement, Camille.
– Une petite merveille que, pour le moment, tu as dû te contenter de toucher avec les yeux. Oh, mais n’aie crainte… Ça va sûrement pas en rester là.
– J’espère bien.
– Et Eugénie ?
– Je sais pas, Eugénie. C’est compliqué.
– Oh, pas tant que ça ! Elle t’émeut, Eugénie. Elle te bouleverse. Ça se voit comme le nez au milieu de la figure. Je te connais depuis le temps.
– C’est vrai qu’avec elle…
– T’es amoureux, avoue !
– Je crois pas, non.
– En tout cas, elle, elle l’est de toi. Ça fait pas l’ombre d’un doute.

Je me suis brusquement décidé. En tout début d’après-midi. J’avais trop envie. De la voir. D’échanger quelques mots avec elle. De la sentir à mes côtés.
– Toi !
Un sourire de surprise ravi.
– Moi, oui ! Tu me manquais trop…
Qui s’est épanoui au large.
Et presque aussitôt estompé.
– Si tu veux déjeuner, c’est trop tard. Ils vont jamais vouloir aux cuisines.
Je me fichais pas mal de déjeuner.
– Je veux juste passer un peu de temps avec toi.
Le sourire est revenu. Plus lumineux encore.
– Alors je finis mon service… J’en ai pas pour longtemps. Et je te retrouve sur le petit chemin derrière le parking. Tu vois où ?
Je voyais, oui.

On s’est enfoncés dans le petit bois.
– Je suis contente que tu sois venu. Très. Parce que…
– Parce que ?
Elle a marqué un long temps d’arrêt.
– J’avais peur que tu veuilles plus me voir.
– Et puis quoi encore !
Elle m’a jeté un petit regard de côté.
– Tu me juges pas trop mal ?
– Il y a aucune espèce de raison.
– Oh, si ! Si ! Il y a ce que je t’ai dit l’autre nuit. Et puis ce qu’il y a eu avant dans la chambre.
J’ai haussé les épaules.
– N’importe quoi ! Non, mais alors là, c’est vraiment du grand n’importe quoi…
– T’es sûr ? Tu me méprises pas ? Tu me trouves pas vicieuse ?
– Non, mais c’est quoi, ces idées que t’es allée te fourrer dans la tête ?
– Ça me fait honte, des fois, tu sais, toutes ces envies que j’ai. Que je peux pas m’empêcher d’avoir. Je me dis que je suis pas normale d’autant aimer ça voir des hommes entre eux. Bien plus que n’importe quoi d’autre.
Je lui ai pris la main. Elle a entrecroisé ses doigts avec les miens.
– Merci. Merci que je puisse parler comme ça avec toi. Te dire plein de choses que j’ai jamais dites à personne.
Elle a hésité.
– Les autres non plus, Benjamin, Camille, ils me jugent pas mal, tu crois ?
– Ça y est ! V’là que ça la reprend…
– Mais non, mais…
– Mais si ! Arrête de te faire des nœuds à la tête là-dessus, comme ça, sans arrêt.
– C’est que…
– C’est qu’il y a tellement longtemps que c’est ton secret… Un secret que, pendant des années, tu as eu la terreur de voir découvert, persuadée que tu passerais alors pour la dernière des dernières. Une perverse. Une anormale.
Elle m’a serré très fort la main.
– Qu’aujourd’hui que tu pourrais vivre tes aspirations en toute sérénité, avec des gens qui les partagent, eh bien non, tes appréhensions sont toujours là, bien calées, au risque de te gâcher ton plaisir.
– Tu comprends tout. C’est fou, ça !
– On ne te juge pas mal, Eugénie. Au contraire. On aime tes regards sur nous. Et on aime que tu aimes nous regarder. Beaucoup.
On s’est arrêtés. On s’est tus. Je me suis penché vers elle, vers ses lèvres qu’elle m’a abandonnées.


mardi 2 octobre 2018

Alyssia, ma femme (29)


On a attendu Eugénie. Qui a fait son apparition sur le coup de onze heures.
– J’ai pas pu plus tôt. Il y avait un monde ce soir…
Alyssia a aussitôt pris la direction des opérations.
– Bon, alors ce que je propose, puisque nous, les filles, on est en majorité, c’est que, pour commencer, les garçons nous offrent un petit strip-tease.
Camille a battu des mains.
– Oh, oui ! Oh, oui !
On s’est bien volontiers – et longuement – prêtés au jeu, Benjamin et moi. Sous le regard intensément attentif d’Eugénie, celui, intéressé, de Camille et le petit sourire semi-amusé d’Alyssia. Qui, quand on a enfin été nus, m’a regardé et a hoché la tête.
– Il bande. Tu bandes, mon cochon. Et pas qu’un peu !
Je bandais, oui. À cause d’Eugénie. Qui nous contemplait tant et plus. Qui détaillait, qui examinait, qui jaugeait. Que le spectacle ravissait manifestement.
Elle a proposé que quelqu’un vienne s’occuper de moi.
– Parce qu’on peut pas le laisser comme ça, mon petit mari. Ce serait cruel.
Camille s’est aussitôt mise sur les rangs.
– Moi ! Moi !
Et, sans attendre, elle s’est approchée, m’a effleuré, du bout des doigts.
– Ho là là ! Mon pauvre ! Non, mais dans quel état tu t’es mis. Faut faire quelque chose, là, faut vraiment faire quelque chose.
Elle s’y est employée. Avec détermination. Elle m’a décalotté. A entrepris un lent, très lent mouvement de va-et-vient.
Benjamin n’y a pas tenu. Il est venu à sa rescousse.
– Attends ! Attends ! Je vais t’aider. On sera pas trop de deux.
Il a refermé la main sur mes boules qu’il a doucement pétries, malaxées. Ses doigts à elle. Ses doigts à lui. Et le regard embrumé d’Eugénie. Dans lequel j’ai, très vite, intensément joui.

Alyssia a suggéré.
– Allez, au tour de Camille maintenant de nous offrir un joli petit strip-tease.
Elle ne s’est pas fait prier. Elle a lascivement fait remonter sa robe le long des cuisses. Haut. L’a laissée retomber. A recommencé. Un peu plus haut.
Elle nous a tourné le dos, a mis un temps infini à la quitter. Pas à pas.
Benjamin avait les yeux brillants.
– Elle sait y faire la garce, hein !
Elle a joué longuement avec le rebord de sa culotte. Sous laquelle elle a fini par glisser une main. L’autre. Elle a découvert le haut des fesses, s’est ravisée, puis brusquement décidée. La culotte est tombée.
– Je m’en lasserai jamais, moi. Quel cul ! Non, mais quel cul !
Elle s’est retournée, nous a fait face, les mains ramenées en coquille devant elle.
Il s’est fait suppliant.
– Nous fais pas languir, s’il te plaît ! Oh, s’il te plaît !
Elle les a lentement retirées.
Les yeux d’Eugénie se sont exorbités.
– J’y crois pas ! Non, mais alors là, j’y crois pas !
Benjamin a confirmé, l’air ravi.
– Eh, oui ! Elle a une queue ! Et une belle. Ah, ça surprend, hein !
Je me suis penché à l’oreille d’Eugénie.
– Et alors ? Elle est pas géniale, notre surprise ?
– Oh, si !
– On t’a gâtée, avoue !

Camille et Benjamin se sont enlacés. Embrassés.
Alyssia a protesté.
– C’est pas ce qu’était convenu.
– Ben oui, mais…
– Mais rien du tout ! Tu me le laisses, cette Camille.
Et elle s’en est emparée. Elle l’a entraîné vers le lit. Où ils se sont laissé tomber. Ils se sont pressés l’un contre l’autre. Il est allé la chercher sous son corsage. Sous sa jupe. Elle lui a offert ses lèvres, lui a doucement malaxé les fesses, chuchoté quelque chose à l’oreille.
Benjamin a tendu la main vers moi. J’ai tendu la mienne vers lui. Vers sa queue dressée. Que j’ai enveloppée, sentie durcir encore sous mes doigts.
Eugénie a ouvert son pantalon. Elle nous regardait. Elle les regardait. De nous à eux. D’eux à nous. Inlassablement. Elle a glissé une main sous son tee-shirt, l’autre dans sa culotte.
Je suis lentement descendu le long du torse de Benjamin. Je l’ai pris entre mes lèvres. Je lui ai agacé, mordillé le bout. J’ai relevé la tête. Pantalon et culotte aux chevilles, Eugénie se tourbillonnait frénétiquement le bouton.
Il m’a ramené à lui.
– Oh, putain ! Mais t’arrête pas ! Continue ! Continue !
Je l’ai englouti. Enveloppé de ma langue.
À côté Alyssia a gémi.
– Je vais jouir… Je vais jouir… Je jouis
À grandes envolées.
Benjamin s’est déversé dans ma bouche.
Et puis Eugénie. Qui a mélopé son bonheur, la tête renversée en arrière, les yeux mi-clos.
Tout est retombé.

Je me suis réveillé au cœur de la nuit. Il y avait quelqu’un, dans le lit, à mes côtés. J’ai avancé la main. Des cheveux mi-longs. Une femme. Qui a saisi la mienne de main. Qui a chuchoté.
– Tu dors pas ?
C’était Eugénie.
Je dormais pas, non.
On s’est rapprochés. Épaule contre épaule. Flanc contre flanc.
– Tu as aimé hier soir ?
Elle a étouffé un petit rire.
– Je serais difficile.
– On recommencera.
– Oh, oui, hein ! Quand ?
– Je sais pas, mais bientôt. Le week-end prochain, sûrement.
– Je peux te demander quelque chose ?
– Vas-y !
– Tu l’as complètement avalé Benjamin ?
– Jusqu’à la dernière goutte, oui. Pourquoi ?
– Non, pour rien. C’est que j’adore voir quand ça vous sort. Tu peux pas savoir ce que ça me fait.
– Tu m’as vu, moi.
– Justement ! Ça m’avait mise en appétit.
– La prochaine fois.
– D’autres trucs aussi qu’ils se font entre eux, les mecs, ça me rend complètement folle.
– Quoi ?
– Tu te doutes bien…
– Non. Je vois pas.
– Menteur !
Et elle m’a envoyé une petite tape sur la joue qu’elle a aussitôt corrigée d’un petit bisou au même endroit. Avant de venir se blottir contre moi.
– Je suis bien là.
Un peu plus fort encore.
– Jamais j’aurais pensé que je vivrais ça un jour avec des types. Ni que je pourrais en parler comme on fait là. Tu me diras tout, hein ? Ce que ça te fait. Ce que tu sens. Je veux tout savoir. Tout. Tu me promets ?
J’ai promis.
– Merci.
Et elle a calé sa cuisse contre ma queue.