Elle était passée chez ses parents.
– Cet
après-midi. Vite fait.
– Et
alors ?
– Ils
m’ont mis une de ces soufflées ! Ils veulent que je parte de
chez vous. Soi-disant que ça suffit de vous envahir. Que maintenant
il faut que je m’en aille. Que je trouve quelque chose ailleurs.
– Laisse-les
dire !
– Oui,
mais non ! Il va bien falloir. Parce qu’ils vont pas arrêter
de me tanner sinon. Jusqu’à ce qu’ils aient obtenu gain de
cause.
– Tu
va pas partir ?
Je
l’ai crié.
Et
elle s’est jetée à mon cou.
– Votre
tête ! Non, mais votre tête ! Et comment vous avez dit
ça ! Vous êtes trop adorable. Ah, vous y tenez à moi, hein !
Mais non, je vais pas partir, non ! Enfin, si ! Mais non
quand même ! Attendez ! Que je vous explique…
Elle
s’est servi un grand verre de jus d’orange qu’elle a avalé
d’un trait.
– Vous
vous rappelez l’hôtel, l’autre jour ?
Évidemment
que je me rappelais.
– Et
vous avez pas fait attention ?
– À
quoi ?
– Juste
en face de la porte par où elle est entrée, la fille qui vous avait
tapé dans l’œil, de l’autre côté de la rue, au deuxième
étage, il y avait un panneau « À louer. » J’ai
téléphoné. Demain je vais le visiter. Et je vais le prendre. Je
m’en fous, de toute façon, je l’habiterai pas. Et comme ça, au
moins, ils seront contents, mes parents. Non, et puis ce qu’il y a
aussi, c’est que ça nous fera un petit pied à terre, à tous les
deux, si on veut. On sera aux premières loges pour voir ce qu’il
s’y passe dans cet hôtel. Les entrées. Les sorties. On pourra
surveiller. Et, si ça nous chante, essayer d’en savoir plus. Sur
les uns. Sur les autres. Sur la fille aussi, si elle revient. Non, je
sens que je vais adorer, moi… Pas vous ?
Moi
aussi, oui.
– Encore
lui !
– Martial ?
– Évidemment,
Martial.
– Vous
répondez pas ?
– Il
y a pas le feu. Qu’on puisse finir de dîner en paix. Ça lui fait
pas de mal n’importe comment de mariner un peu.
– Le
pauvre ! Il doit être en train de tirer une langue de douze
kilomètres sur mes nénés. Vous êtes un sans-cœur.
– À
propos, c’est quand qu’on lui montre tes fesses ?
– Oh,
pas tout de suite ! Chaque chose en son temps. Faut l’inviter
ici avant. Que je le voie d’abord en train de penser qu’il les a
vus, mes seins. Et leur jeter des regards à la dérobée. Surtout
que… je sais déjà ce que je vais m’habiller.
– Je
crains le pire.
– Oh,
vous pouvez… Parce que je vais faire fort. Il va pas débander de
tout le repas. Bon, mais allez, rappelez-le !
– Pour
lui dire quoi ?
– Je
sais pas. Improvisez ! Que j’aie la surprise, moi aussi.
Il a
décroché tout de suite.
– Elle
est où ? Sous la douche ?
– Non.
Dans sa chambre. Avec un type.
– C’est
qui ?
– Ah,
ça, j’en sais rien. C’est la première fois que je le vois.
– Ils
baisent ?
– Pas
pour le moment.
– Mais
ils vont le faire. Sûrement. Va ! Va écouter. Tu me
raconteras.
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