mardi 31 décembre 2019

Exquises vacances (7)


Avant de passer à table, Émilie est venue me rejoindre dans le petit jardin en contrebas.
‒ Qu’on discute un peu ! On a bien le temps.
On avait le temps, oui. Tout notre temps.
J’ai souri.
‒ Alors ? Cette journée en amoureux ?
‒ Super ! Un moment hors du temps. On vivrait ensemble au quotidien, ce ne serait sans doute pas la même chose. Mais là, une petite semaine par ci, une petite semaine par là, de temps à autre, t’en profites à fond.
‒ Ne pas vivre ensemble. La solution de sagesse
‒ En douce que toi, les oreilles ont dû te siffler.
‒ Parce que ?
‒ Parce que maintenant qu’il sait que tu te fais du bien en nous écoutant, il m’assaille de questions à ton sujet. Si tu te le fais souvent ? Comment ? Sur quoi tu fantasmes ? Et tutti quanti. J’ai beau lui dire et lui répéter, sur tous les tons, qu’on n’en a pas vraiment parlé et qu’on a bien d’autres sujets de conversation, il y a rien à faire.
‒ Il va être ravi de son cadeau d’anniversaire alors !
‒ Tu parles ! J’imagine déjà sa tête quand il va te voir débouler à poil dans la chambre et te mettre tranquillement à te caresser en nous regardant.
‒ Tu lui as pas vendu la mèche au moins ?
‒ Oh, ben non ! Non ! Qu’il ait la surprise !
Elle a esquissé un petit sourire qui s’est progressivement épanoui.
‒ Qu’est-ce qu’il y a ? Qu’est-ce qui t’amuse ?
‒ C’est que c’est bien un mec. Parce que pour lui, si tu te masturbes, c’est que t’es en manque.
J’ai ri. Franchement.
‒ Pas vraiment, non. Certes, avec mon mari, c’est pas ça qu’est ça. Mais bon ! Il y a tout un tas de charmants jeunes gens, ou moins jeunes, qui ne demandent qu’à rendre service. Toute seule, c’est autre chose. On se fait l’amour à soi-même. À son rythme. Avec ses fantasmes. Ses images. Son histoire.
‒ Je suis bien de ton avis. Mais c’est le genre de choses qu’il ne me viendrait pas à l’idée d’aller tenter de lui expliquer. Parce qu’il est très gentil, Théo. Il a plein de qualités. Mais il a aussi plein de certitudes. Et quand il a une idée en tête, pour l’en faire démordre…
‒ Comme beaucoup.
‒ S’il savait !
‒ S’il savait quoi ?
‒ Que même là… Et pourtant avec lui je prends mon pied. Et pas qu’un peu ! Eh ben, même là, j’en profite qu’il ait le dos tourné. J’en ai besoin de ça. J’en ai toujours eu besoin.
‒ Ça doit pas être facile. Vous êtes fourrés toute la journée ensemble.
‒ On trouve toujours des solutions quand on veut. Surtout qu’il a ses petites habitudes. Le matin, il descend systématiquement chercher son journal. Le temps qu’il flâne un peu. Qu’il aille boire un café. Ça me laisse une bonne demi-heure. Je la mets à profit pour paresser voluptueusement entre les draps et me laisser aller à mes rêveries. Alors pas toujours, mais souvent…
‒ Eh, mais c’est que je vais tendre l’oreille d’une façon complètement différente, moi, maintenant le matin !
‒ Oh, et puis il y a pas que ça ! Il y a aussi… Tu vas me trouver tordue !
‒ Mais non, dis !
‒ Il y aussi, quelquefois, sous la douche. Avec l’eau. Et lui, allongé sur le lit, dans la chambre. Plongé dans la lecture de son journal. Faut que je fasse attention. À pas gémir. À pas haleter trop fort. Qu’il se rende pas compte. Parce que comment il serait vexé ! Mais c’est justement ça qu’est excitant. De me dire qu’à tout moment ça pourrait me déborder. Que je maîtriserais plus rien. Ou qu’il pourrait surgir. Sous un prétexte quelconque.
‒ Tiens, ben le v’là justement !
Il s’est approché, s’est penché sur elle, lui a déposé un baiser sur la nuque.
‒ Alors, mesdames ! On complote ?

mardi 24 décembre 2019

Exquises vacances (6)


Émilie m’avait prévenue.
‒ Je serai pas là, cet après-midi. Théo veut aller faire un peu de tourisme avant de repartir.
Et je me suis retrouvée au bord de la piscine en la seule compagnie d’une petite brune qui, affalée sur une chaise longue, pleurait toutes les larmes de son corps.
Je me suis approchée d’elle.
‒ Quelque chose qui va pas ?
Elle a redoublé de sanglots.
‒ Si ! Non ! J’en ai marre, mais j’en ai marre !
‒ C’est votre ami, hein, c’est ça ?
Un grand maigre avec lequel elle dînait, le soir, à une petite table tout au fond de la salle de restaurant.
‒ Je le comprends pas. Je le comprends plus.
‒ Une mauvaise passe. Faut peut-être pas dramatiser.
‒ Je sais pas. Je sais plus. Tout avait l’air d’aller bien pourtant. Il était heureux de venir en vacances ici. Il s’en faisait toute une fête. Et puis d’un seul coup…
Et elle s’est remise à pleurer de plus belle.
‒ Il a plus envie de moi. Pas une seule fois il m’a touchée depuis huit jours qu’on est arrivés.
‒ Il en a une autre ?
‒ Je me suis demandé, mais je crois pas, non. Ici, je m’en serais forcément rendu compte. Ailleurs ? Il téléphone pas. Il cache pas son portable. Il me laisse m’en servir.
‒ Il vous a dit quoi au juste ?
‒ Ben ça ! Qu’il a plus envie de moi. Et qu’il s’emmerde à cent sous de l’heure quand on baise.
‒ Vous avez quel âge ?
‒ Vingt-et-un.
‒ Et lui ?
‒ Pareil.
Il y a longtemps que vous êtes ensemble ?
‒ Trois ans.
‒ Je voudrais pas être indiscrète, mais bon, entre femmes on peut se dire carrément les choses. Vous agrémentez un peu vos rapports de temps en temps ?
‒ Comment ça ?
‒ Je sais pas, moi ! Avec des objets par exemple.
‒ On a essayé au début, mais j’ai pas bien aimé. Et il a pas trop insisté là-dessus. Je crois pas que ce soit vraiment son truc non plus.
‒ Vous le prenez dans votre bouche ? Ça, c’est quelque chose que les types en général…
‒ Je sais, oui. Ça me déplaît pas, ça. Et lui aussi, il aime. Enfin, il aimait. Parce qu’il est beaucoup moins demandeur qu’avant là-dessus. Il dit que ça finit par être toujours un peu la même chose.
‒ Et, excusez mon franc parler, mais si je veux pouvoir vous aider… Vous le laissez vous venir derrière ?
‒ Aussi, oui. Je lui ai jamais refusé.
‒ À contrecœur ? Parce que s’il vous sent pas vraiment motivée…
‒ Je trouve pas ça désagréable du tout.
‒ Oui. Alors, je peux me tromper, mais, à mon avis, il y a certainement quelque chose dont il a très envie, qui compte énormément pour lui au point que tout le reste lui paraît sans la moindre saveur, mais dont il répugne à parler soit parce que ça lui pose personnellement problème soit parce qu’il est convaincu que vous lui opposeriez un refus formel et sans appel.
‒ Qu’est-ce ça peut bien être ?
‒ C’est bien là toute la question. C’est sans doute quelque chose qui vous est tellement étranger, à vous, que ça ne vous vient même pas à l’idée.
‒ Faudrait bien que je trouve pourtant.
‒ Si vous voulez vous en sortir, oui ! Ça fait pas l’ombre d’un doute. Et vous avez deux solutions : ou bien vous lui posez carrément la question. Au risque de le voir se refermer comme une huître. Ou bien vous vous mettez à l’affût et un mot, un regard, un hasard peuvent vous mettre sur la piste. Et une fois que vous saurez de quel côté chercher…
‒ Oui, c’est ce que je vais faire. Ça me redonne de l’espoir ce que vous me dites là. Tout n’est peut-être pas perdu.
‒ Bien sûr que non ! Vous me tiendrez au courant ?
‒ Oh, oui, oui ! Promis !

mardi 17 décembre 2019

Exquises vacances (5)


Je m’étais mise en frais. Petite culotte blanche ajourée. Et rien d’autre. Même pas de soutien-gorge.
Ses pas dans le couloir. Il s’est approché. Arrêté devant ma porte. Il a laissé passer quelques secondes. Et puis il a timidement frappé.
Je n’ai pas répondu, mais je suis allée ouvrir.
Surpris, il a esquissé un léger mouvement de recul.
‒ Ben alors ! Je te fais peur ?
Il a bafouillé, bredouillé vaguement quelque chose. Et, en baissant les yeux, a brusquement découvert que j’avais les seins à l’air.
Il s’est empourpré. S’est mis à danser d’un pied sur l’autre.
‒ Eh ben entre ! Reste pas planté là ! Et débarrasse-toi de ce plateau ! Qu’est-ce que tu peux avoir l’air godiche avec
Il l’a déposé au bord de la table. En repoussant, vaille que vaille, tout le fourbi que j’y avais entassé. Et il a aussitôt dérivé vers la porte.
‒ Eh, là ! Pas si vite ! Où tu cours comme ça ?
‒ Ben, je…
‒ T’as la mémoire courte, à ce qu’il semble. Qu’est-ce qu’on avait dit hier ?
‒ Hier ?
En s’efforçant, sans y parvenir vraiment, de ne pas loucher sur mes seins.
‒ Hier, oui. Fais bien l’innocent.
J’ai brusquement froncé les sourcils. Dressé l’index.
‒ Écoute ! Écoute ! T’entends rien ?
On est restés quelques instants silencieux, face à face, dressant tous les deux l’oreille.
Et puis j’ai constaté.
‒ Non. Non. Il y a rien. J’avais cru. J’avais cru qu’ils remettaient ça à côté. Ce qui t’avait bien plu hier, hein, avoue !
Il a mollement protesté.
‒ Mais non ! Je…
‒ Tu parles ! Tu t’es pas lâché dans le pantalon peut-être ?
Il a fixé ses godasses, confus.
‒ Oh, mais fais pas cette tête-là ! C’est normal : on est plein de sève à ton âge. Et toi, en plus, t’es un sacré petit cochon, mine de rien. Ah, si ! Si ! Tu diras pas le contraire. T’arrêtes pas de me mater les seins en douce depuis tout à l’heure. C’est pas vrai peut-être ?
Il a voulu dire quelque chose, s’est finalement tu.
Je l’ai résolument fixé en bas.
‒ Et ils te plaisent bien, mes nénés, ce qu’il y a de sûr. Non, mais comment tu bandes !
J’ai effleuré sa queue à travers le pantalon. Je m’en suis éloignée. J’y suis revenue. J’en ai rapidement redessiné les contours. Dans un sens. Plus rapidement. Dans l’autre.
‒ Eh, mais c’est qu’il y a l’air d’y avoir un joli morceau, là. Tu nous fais voir ça ?
Et j’ai déboutonné, fait glisser la fermeture Éclair, tomber le pantalon sur les chevilles. Je la lui ai précautionneusement sortie.
‒ Ah , oui, dis donc ! Oui. Il y a de quoi faire, là. T’es bien monté, toi, on peut pas dire ! Et t’as pas de petite amie ! Mais c’est un véritable scandale.
J’ai soupiré.
‒ T’es un sacré égoïste, hein, au fond ! Tu t’amuses tout seul, dans ton coin, sans en faire profiter personne.
Je la lui ai enserrée. Je lui ai soupesé les couilles. Je les lui ai doucement malaxées. Je suis remontée. Je la lui ai décapuchonnée. J’ai mis le gland à nu.
Il a fermé les yeux, respiré plus vite.
Je l’ai fait coulisser. Une fois. Deux fois. Et il m’est parti sur les doigts avec un grognement rauque de fond de gorge.
J’ai protesté.
‒ Oh, non, pas déjà !
Et lui ai lancé une petite claque sur les fesses.
‒ Tu me dois une revanche. Et tu perds rien pour attendre.

mardi 10 décembre 2019

Exquises vacances (4)


Émilie s’est redressée sur la chaise longue.
‒ Le pauvre garçon ! Comment tu dis qu’il s’appelle ? Antonin ? Tu n’as pas honte de le mettre dans des états pareils ?
‒ Oui, oh ben, sur ce coup-là, t’es au moins aussi responsable que moi, hein ! Sinon plus. Tu te serais entendue quand t’as déferlé
‒ Je suis comme ça, qu’est-ce tu veux ! C’est pas de ma faute. Je suis d’un naturel expansif.
‒ Carrément explosif, tu veux dire, oui.
On a ri, complices.
‒ Peut-être bien que nous aussi, on va déjeuner dans la chambre du coup maintenant le matin. Parce qu’avoir un petit puceau à allumer sous la main, ça doit pas manquer de charme.
‒ Oui, ben vous me le piquez pas, hein ! C’est moi qui l’ai trouvé, c’est moi qui le déflore.
‒ T’inquiète ! On te le chauffera, c’est tout ! Je sens qu’il va aimer Théo. Peut-être pas autant que
‒ Autant que quoi ?
‒ Non, rien.
‒ Mais si ! Dis !
‒ C’est pas facile. On se connaît pas beaucoup.
‒ Tu parles ! On se connaît déjà énormément, moi, je trouve, au contraire. On s’est pressenties. Et reconnues. À l’instinct. On est de la même trempe. Alors, allez, accouche !
‒ Il avait pas vraiment besoin de ça, mais comment ça l’a excité hier soir, Théo, de se dire, en plus, que t’étais en train de te caresser en nous écoutant.
‒ Ça, j’imagine. Et pas que lui, je suppose. Non ?
Elle a pris son petit air mutin.
‒ Ah, ben ça ! Et tu te l’es fait ?
‒ T’as de ces questions par moments. Évidemment que je me le suis fait. Évidemment ! Même que c’était super, si tu veux tout savoir. Que j’ai joui trois fois. Et que j’ai pris un pied pas possible.
‒ Il m’a semblé t’entendre gémir à un moment.
‒ C’est pas beau d’écouter aux portes. Bon, mais tu voulais en venir où au juste ?
– Je voulais en venir que… c’est son anniversaire à Théo mardi prochain.
– Et que t’as envisagé que ce soit moi, le cadeau.
– T’imagines ? On vient de se mettre en action. La porte s’ouvre. Tu entres. À poil. Tu viens t’asseoir au bord du lit et tu te caresses en nous regardant. Comment il va halluciner ! Toi aussi d’ailleurs, t’y trouveras ton compte.
– Et pas toi, peut-être ?
– Ben oui, évidemment ! Parce que vu l’état dans lequel ça va le mettre… Je le connais, mon Théo.
– Tu prends des risques. Il est beau mec.
– Et t’en ferais bien ton quatre heures.
– Pour être honnête…
– Oui, oh ! Je n’ai pas l’exclusivité. Il est marié. Et il en a d’autres. Alors… Et puis, pour tout dire, le regarder en train avec une autre, ça me déplairait pas forcément.
– Vu sous cet angle…
– Je peux compter sur toi alors ?
– Plutôt deux fois qu’une.
– Ce sera le bouquet final. Parce que le lendemain…
– Vous repartez.
– Non. Lui, il repart. Il reprend le boulot.
– Et toi, tu restes.
– Je devais pas normalement. Mais oui, je vais rester. Je peux quand même pas te laisser t’occuper d’Antonin toute seule.
– Ben, voyons !
– D’autant qu’Antonin, c’est une chose, mais, à l’évidence, cet hôtel est un véritable vivier.
– À qui le dis-tu !
– D’ailleurs tiens, regarde ce qui passe là-bas si c’est pas mignon à croquer…
– Ça l’est. Et je sens qu’on va bien s’amuser toutes les deux.

mardi 3 décembre 2019

Exquises vacances (3)


Quand, le soir, au restaurant, je suis passée à côté de leur table pour rejoindre la mienne, elle m’a arrêtée d’un geste de la main.
– Je sais même pas comment vous vous appelez.
– Mélanie. Et vous ?
– Émilie. Et là, c’est Théo.
– Oui, je m’en doutais un peu.
Il m’a gratifiée d’un sourire enjôleur.
– Bon, ben je vous laisse profiter l’un de l’autre. Bonne soirée !
– À vous aussi !
– Oh, ça, il y a toutes les chances.
Et on a échangé, Émilie et moi, un sourire complice.

Pour être bonne, elle a été bonne, la soirée. Vraiment très très bonne. Parce qu’à peine remontés dans leur chambre, ils ont déclenché un feu d’artifice monumental. Auquel j’ai bien entendu participé, de mon côté, sans la moindre retenue. Avec d’autant plus de jubilation qu’elle savait désormais que je le faisais, qu’elle le lui avait probablement dit, qu’au cœur de l’action ils y pensaient sans doute et que je contribuais ainsi à leur plaisir qui, échange de bons procédés, nourrissait le mien.
Je n’étais d’ailleurs pas la seule à en profiter. Juste au-dessus un couple s’était, lui aussi, mis de la partie, la femme poussant, à intervalles réguliers, des salves de miaulements convaincus. Une autre encore, dans les lointains, lui répondait comme en écho.

Je me suis endormie comme une masse, repue, rassasiée, tous les sens apaisés, pour ne me réveiller, le lendemain, que sur le coup de neuf heures, quand Antonin m’a apporté le petit déjeuner au lit. Le hasard avait décidé, comme souvent, de bien faire les choses, parce que c’est le moment qu’à côté Émilie et Théo ont choisi pour remettre éperdument le couvert.
– Ben, qu’est-ce qui vous arrive ?
Le pauvre garçon, tout tremblant, tout rougissant, cherchait désespérément, en dansant d’un pied sur l’autre, un endroit où poser son plateau.
– Ça va ? Vous êtes sûr ?
Il a fait signe que oui. Oui. Mais…
Mais ma table étant encombrée, la chaise et le fauteuil aussi, il ne savait toujours pas où se débarrasser de son plateau.
À côté, Émilie a gémi plus fort.
Sous son pantalon en toile, une impressionnante érection avait pris son essor. Mais c’est qu’il avait l’air sacrément bien monté, le bougre ! Pas question de laisser passer une occasion pareille. Ah, non alors !
J’ai fait mine de m’inquiéter.
– Oh, non, ça va pas, vous ! Ça va pas du tout. Vous êtes tout pâle. Et vous transpirez à grosses gouttes. Faudrait pas que vous fassiez un malaise. Vous voulez que j’appelle quelqu’un ? Non ? Asseyez-vous alors ! Posez-le par terre, le plateau. On s’en fout. Et asseyez-vous ! Ou non plutôt…
Je me suis levée.
– Allongez-vous ! Ah, mais si ! Si ! C’est un ordre. Allez !
Je l’ai aidé à le faire. Et je me suis penchée sur lui, ma chemise de nuit baillant au large sur ma poitrine. Son regard s’y est faufilé. J’ai intérieurement souri. J’ai posé ma main sur son front.
– Ça devrait pas être trop grave ! Vous n’avez pas de fièvre.
Et j’ai brusquement changé de ton.
– Non, mais regardez-moi ce grand dégoûtant qu’en profite pour me reluquer les seins. Non, mais faut pas se gêner ! Tu n’as pas honte ?
Il est devenu écarlate. S’est redressé. A bafouillé.
– Non, mais c’est pas que… C’est parce que…
– Oh, mais c’est pas grave ! Au contraire…
Et j’ai constaté en souriant.
– En tout cas, ça te fait de l’effet, on peut pas dire !
Je lui ai posé la main sur le genou.
À côté, Émilie a rugi.
Il a fermé les yeux.
– Mais c’est qu’il jouit ! C’est pas vrai qu’il jouit !
Il a terminé. Et s’est excusé, rouge de confusion.
– Pardon ! Je suis désolé…
– Tu peux ! Ah, tu peux ! Et moi alors ? Bon, mais on verra ça demain. Tu perds rien pour attendre. Va vite changer de pantalon en attendant…

mardi 26 novembre 2019

Exquises vacances (2)


En début d’après-midi, je l’ai aperçue, de l’étage, qui bronzait au bord de la piscine. Ma voisine de chambre. Oui, c’était elle. C’était bien elle. Seule.
J’ai enfilé mon maillot de bain, je suis descendue, je me suis approchée.
– Excusez-moi ! Elle est libre, cette chaise longue, là, à côté ?
Elle m’a fait signe que oui. Oui. Je m’y suis installée. Je me suis offerte voluptueusement au soleil, avec un long soupir de satisfaction.
– Qu’est-ce qu’on est bien !
– Ah, ça, vous pouvez le dire !
Un long moment de silence. Le chant des oiseaux. Celui des cigales.
– Et puis qu’est-ce qu’il est calme, cet hôtel !
Je me suis tout aussitôt reprise.
– Enfin, dans la journée ! Parce que la nuit…
Avec un petit sourire entendu.
Elle est entrée dans le jeu.
– La nuit ?
– La nuit, oui. Vous n’avez pas entendu ? Ah, il y en avait deux, ça donnait ! Et ça a été quasiment non-stop. Faut dire que j’étais aux premières loges aussi.
– Vous avez quelle chambre, si c’est pas indiscret ?
– La 112.
– Et moi, la 114.
J’ai feint la surprise.
– Ah, ben d’accord !
Et on a éclaté de rire.
– On vous a empêchée de dormir, du coup. Je suis désolée.
– Oui, oh, pour être tout à fait honnête, c’était pas si désagréable que ça.
Elle m’a jeté un petit regard complice.
– Ah, ben on pourra recommencer alors !
– Quand vous voudrez. Et tant que vous voudrez…
– C’était bien notre intention.
– Il y a pas longtemps que vous êtes ensemble, hein ?
– Dix ans.
– Dix ans !
– Oui, enfin, c’est un peu plus compliqué que ça. Disons que, parallèlement, on est mariés. Chacun de son côté. Côté cul, mon conjoint n’est pas un foudre de guerre. Quant à sa femme à lui, c’est encore pire. Il y a droit tous les tournants de lune. Alors, quand on a l’occasion de se retrouver tous les deux, Théo et moi, on s’éclate comme c’est pas possible.
– J’ai vu ça. Entendu plutôt.
– Malheureusement des occasions, on n’en a pas aussi souvent qu’on voudrait. Là, ça faisait trois ans, plus de trois ans, qu’une opportunité ne s’était pas présentée. Alors faut qu’on se rattrape. Et vous ?
– Moi ?
– Vous êtes seule ici ?
– Oui. Mon mari est un passionné d’alpinisme. Pas moi. Et donc, on passe, depuis maintenant des années, systématiquement nos vacances séparément. Ce dont je ne me plains pas. Bien au contraire. Parce que, tout comme vous, avec mon conjoint, sexuellement ce n’est vraiment pas ça. On est dans la routine. Un petit coup, vite fait, le samedi soir. Et encore, pas toujours. Je n’y trouve pas vraiment mon compte.
– J’imagine. On est, je crois, beaucoup de femmes dans ce cas-là…
– C’est bien pour ça que moi aussi, je mets les vacances à profit pour me donner du bon temps. Je n’ai pas la chance d’avoir, tout comme vous, un chevalier servant attitré. Alors je me fais ouverte aux multiples possibles qui s’offrent à moi. Tout en restant résolument sélective. À quarante ans, c’est le moment ou jamais. Et j’avoue avoir parfois eu, ici ou là, de divines surprises.
Elle a suivi des yeux quelque chose par-delà la haie. Quelqu’un. Son Théo.
Elle s’est levée.
– Il a dû avoir le temps de recharger les batteries. J’y vais. À bientôt.
Avec un grand sourire.
Et elle s’est éloignée d’un pas décidé.

mardi 19 novembre 2019

Exquises vacances (1)


Que voilà des vacances qui commencent bien ! Mes voisins de chambre, à droite, ont baisé toute la nuit. Ou quasiment. Et, bien entendu, je les ai accompagnés. À chaque fois. Avec mes doigts. Et pas seulement : j’ai toujours tout ce qu’il faut avec moi. Trois ou quatre godes, avec chacun sa spécificité, dont j’use et abuse sans le moindre complexe. Les entendre, les imaginer était très stimulant. Ils mettaient en effet, à s’envoyer en l’air, infiniment de conviction. Et elle est, elle, d’une nature très expansive. Dont elle a généreusement fait profiter tout l’hôtel.

Je les avais déjà repérés en bas, au restaurant. En longeant leur table, pour parvenir jusqu’à la mienne, j’avais aperçu la clef de leur chambre, posée près de son assiette à lui. « 114… Tiens, tiens ! Mais c’est ceux d’à côté ! » Du coup, je les avais longuement et discrètement observés. C’était d’autant plus facile qu’ils n’étaient occupés que d’eux-mêmes, indifférents à tout le reste.
Elle, elle a la trentaine. À peu près. Peut-être un peu plus. Grande, élancée, châtain clair, souriante, elle a quelque chose d’immédiatement et de résolument sensuel. Sans être pour autant vraiment provocante. Le genre de femme que beaucoup d’hommes doivent rêver de mettre dans leur lit. Dont ils imaginent qu’ils vont connaître avec elle des extases inouïes.
Quant à lui, c’est le mâle dans toute sa splendeur. La quarantaine radieuse. Beau, viril, rassurant. Avec des yeux d’un bleu profond. Tu ne peux pas faire autrement que de te sentir fondre. Et que d’avoir envie de te laisser aller dans ses bras. Ce que je n’ai pas manqué de faire, avec délectation, en les écoutant arpéger leur plaisir. C’était moi, à sa place à elle.

Ils doivent être mariés : ils ont une alliance. Ce qui est sans doute fort récent. Je suis en effet bien placée pour savoir que le désir s’émousse vite et qu’au bout de quelques mois il ne reste plus grand-chose des élans tumultueux et passionnés du début. Peut-être a-t-elle été, elle, précédemment mariée et a-t-elle très vite déchanté. Mésentente. Rancœurs. Divorce. Le scénario classique. Et le plus vraisemblable.
En ce qui le concerne, lui, je le verrais bien en célibataire longuement militant, multipliant les conquêtes, couchant à droite, couchant à gauche, sans souci, dans ce domaine tout du moins, ni de son lendemain à lui ni de leurs lendemains à elles. Jusqu’à ce qu’il finisse par tomber sous le charme de celle qui, menant sa barque avec habileté et subtilité, lui a, au bout du compte, passé la bague au doigt.

Cela étant, il ne faut pas que je focalise sur eux à outrance. Certes, les avoir comme ça à portée de main va s’avérer à l’évidence fort commode. Je vais pouvoir, si toutefois leur séjour se prolonge quelque peu, m’inviter quotidiennement sans vergogne dans leurs ébats. Peut-être même aurai-je l’occasion de sympathiser avec eux. D’une façon ou d’une autre. Écouter jouir un couple avec qui on parle, on déjeune, on se promène, on se baigne est, à mes yeux, un plaisir délicieusement raffiné. Mais ce serait une grossière erreur que de ne jurer que par eux. Il existe très certainement, dans cet hôtel, d’autres opportunités que je ne pourrai saisir que si je leur suis délibérément ouverte, que si j’ai l’attention en permanence en éveil.
Il y a, par exemple, à l’étage du dessus, un jeune couple qui a retenu toute mon attention bien qu’extrêmement discret et effacé. Parce qu’extrêmement discret et effacé justement. Ce sont souvent ceux-là, quand on gratte un peu, qui se révèlent les plus ardents et les plus libérés.
Et puis… Et puis il y a Antonin, le fils des patrons, qui m’a apporté mon petit déjeuner dans la chambre ce matin, qui était manifestement très mal à l’aise de me trouver au lit, bien que ma tenue ait été on ne peut plus décente, et que j’ai pris un malin plaisir à retenir un peu, à regarder et à passer à la question. Il a vingt ans. Il est étudiant en troisième année d’architecture et il aide ses parents pendant les vacances. Il n’a pas, pour le moment, de petite amie. Il n’en a d’ailleurs, à mon avis, jamais eue. Il est puceau, j’en suis convaincue. Puceau jusqu’au blanc des yeux. Puceau autant qu’on peut l’être. Mais c’est là une situation à laquelle il n’est pas trop difficile de remédier. À condition, bien entendu, que quelqu’un veuille bien s’en charger. Et je sens que je vais peut-être bien me dévouer. Oui, sûrement !

mardi 12 novembre 2019

Clorinde, ma colocataire (55)


Elle nous a voulu un restaurant.
– Celui où on est si souvent allés tous les deux.
Elle y a soupiré.
– C’est peut-être la dernière fois.
– Tu pars quand au juste ?
– Je sais pas trop. Peut-être en fin de semaine. Peut-être la suivante. Ou celle d’après.
Ses yeux se sont embués.
– Enfin si, je le sais quand je pars ! Évidemment que je le sais ! Mais je veux pas vous le dire. Je veux pas qu’il y ait ça entre nous. Pour le peu de temps qu’il reste. Qu’on compte les jours. Ou les heures. Tout ça pour, à la fin, se faire des adieux déchirants. Comme dans les films.
Au dessert, elle a sorti deux clefs USB de son sac, m’en a tendu une.
– Ça, c’est la copie intégrale de tout ce qu’il y a sur mon petit enregistreur, là, vous savez bien. De tous ces tas de fois où j’ai joui. C’est pour vous. Vous en ferez ce que vous voudrez. Tout ce que vous voudrez.
Elle a eu son petit sourire mutin.
– Je sais bien ce que vous allez en faire ! Mais c’est le but.
Et puis l’autre.
– Et là, sur celle-là, ce sont des photos de moi. Sous toutes les coutures. Exprès pour vous je les ai faites. Que vous m’ayez encore. Même quand je serai partie.
J’ai fouillé dans ma poche. À mon tour de lui donner quelque chose. Une enveloppe. Une enveloppe que j’ai posée à côté de son verre.
– Qu’est-ce que c’est ?
– Eh bien, regarde !
– Une clef, mais une vraie.
– Celle de ta chambre. Tu seras sûre, comme ça, que personne n’y viendra jamais en ton absence.
Elle m’a pris la main par dessus la table, l’a portée à ses lèvres, s’est levée.
– Venez ! On rentre.

Elle s’est déshabillée. Complètement. Étendue, mains sous la nuque, sur le lit.
– Vous pouvez me regarder, si vous voulez. Tant que vous voudrez. Ce que vous voudrez.
Je me suis penché sur elle, lui ai effleuré le front d’un baiser, ai plongé mes yeux dans les siens. Je les y ai laissés. Longtemps. Les couleurs en ont doucement chatoyé.
Et puis je suis lentement descendu, me suis arrêté à hauteur de ses seins en pente douce. Dont les pointes se sont orgueilleusement dressées.
– Ils sont magnifiques.
Je les ai avidement contemplés.
Plus bas. Je me suis approché de son ravissant petit réduit d’amour. Plus près. Encore plus près. Elle s’est redressée. Ses doigts se sont enfouis dans mes cheveux.
– Vous pouvez aujourd’hui, avec votre bouche, si vous voulez.
Si je voulais !
J’y ai posé mes lèvres. Je les ai fait courir tout au long de la douce encoche. Inlassablement. Dans un sens. Dans l’autre. Quelques gouttes de liqueur ont perlé. J’ai passé mes bras sous ses cuisses. Je l’ai doucement, tout doucement, ouverte. Je me suis aventuré, du bout de la langue, dans ses replis soyeux. Je les ai investis. Elle a doucement gémi. Sa main s’est posée sur ma nuque. Elle m’a pressé la tête contre elle, a exigé.
– Encore ! Encore !
Ses doigts m’ont rejoint. Ma bouche. Ses doigts. Ses doigts. Ma bouche. En un somptueux vertige. Et son plaisir a surgi. Tempétueux. Ravageur. Elle l’a proclamé. Elle l’a hurlé. Ça s’est apaisé. C’est reparti de plus belle. En longs sanglots éperdus. C’est retombé.
Je suis remonté, lui ai effleuré les lèvres.
– Et votre plaisir à vous ?
Elle me l’a donné. Avec ses doigts. On est restés les yeux dans les yeux. Jusqu’au bout.
Elle s’est endormie la première, lovée contre moi.

Au réveil, elle n’était plus là, mais il y avait un mot sur la table de la cuisine.
« J’ai horreur des adieux. Et des larmes qui vont avec. Je pars. Je m’envole tout à l’heure. Mais je vous attends là-bas. Vous avez promis.
Je vous aime.
CLORINDE »

FIN

mardi 5 novembre 2019

Clorinde, ma colocataire (54)


Des reniflements dans la nuit. De petits hoquets. Des sanglots réprimés.
Je me suis penché sur elle.
– Tu pleures ?
– Non, je pleure pas. Non.
J’ai allumé. Les larmes lui ruisselaient sur les joues, sur le menton et jusque dans le cou.
– C’est quoi, ce gros chagrin ?
– Rien, je vous dis. Rien.
Et elle a voulu se tourner de l’autre côté.
Je l’en ai empêchée, ai cherché à l’attirer vers moi. Elle a résisté. Un peu. Pas bien longtemps. Et a fini par venir se réfugier, d’elle-même, contre ma poitrine. Où elle a redoublé de sanglots.
Je lui ai doucement caressé le front, les tempes, la commissure des yeux.
– Là ! Là ! C’est tout… C’est tout…
Elle s’est peu à peu calmée, m’a souri à travers ses larmes.
– Je suis idiote. Je suis vraiment idiote.
– Si tu me disais de quoi il retourne plutôt…
– C’est pas facile…
– Essaie toujours…
– C’est à cause de vous.
– De moi ?
– Oui. Enfin non. C’est que je sais pas ce que je dois faire. Enfin, si, je le sais ! Si ! C’est une chance inouïe que j’ai là. Mais c’est pas simple quand même.
– Si tu t’efforçais d’être un peu plus claire.
– J’avais fait la demande. Sans vraiment y croire. Et je suis prise. Dans une grande école de psycho. La plus grande. À New York.
– Hein ? Mais c’est magnifique !
– Oui, dans un sens, oui. Bien sûr. Mais dans un autre, je vais plus vous voir. Ce sera fini tout ce qu’on vit là.
– On s’écrira. On se verra par Internet. On se racontera.
– Au début, oui. Et puis après vous m’oublierez. C’est toujours comme ça que ça se passe. Pour tout le monde.
– T’oublier ? Alors ça, c’est complètement impossible.
Elle a haussé les épaules.
– Bien sûr que si ! Il y a Alexandra. Il y a Morgane. Et puis il y a pas que ça. Vous avez une grande maison. Avec piscine et tout le tintouin. Alors vous pensez bien que des filles qui voudraient être à ma place, il y en a tout un tas. J’en connais. Qui auront rien de plus pressé que de venir vous assiéger. Et vous, bonne pâte comme vous êtes, vous finirez par vous laisser embobiner. Surtout qu’elles, elles auront pas de scrupules. C’est le genre à coucher pour arriver à leurs fins, alors là ! Et qu’il y en ait d’autres dans ma chambre, dans mon lit, rien que d’y penser, vous pouvez pas savoir ce que ça me fait…
– Il y en aura pas. Je te promets.
– Mais même ! Me passer de vous, plus vous voir, plus faire tout ce qu’on fait ensemble depuis des semaines, c’est trop dur.
– Ça n’aura qu’un temps.
– Trois ans. Au moins.
– C’est pas la mer à boire. D’autant que je ferai des petits sauts là-bas de temps à autre.
– C’est vrai ? Souvent ?
– Le plus souvent possible.
– C’est pas une réponse, ça !
– Alors disons… Une fois par mois. Au moins. Ça te va ?
Elle m’a sauté au cou.
– Vous êtes un amour. Mais vous le ferez, hein ? Vous le ferez vraiment.
– Tu m’as déjà vu ne pas tenir mes promesses ?
– Jamais, non. Je vais peut-être partir alors finalement, du coup !
– T’as tout intérêt ! Parce que je te flanque une fessée sinon ! Comme t’as fait au voisin, là !

mardi 29 octobre 2019

Clorinde, ma colocataire (53)


Elle a attendu que sa porte, à côté, se soit ouverte, refermée et elle a éclaté d’un long fou rire silencieux.
– Trop forte, la fille ! Trop forte ! Non, mais vous avez vu ça, l’autre ? Il a suffi que je lui ordonne : « Allez, hop, baissez-moi tout ça que je vous mette une fessée ! » et ni une ni deux, il s’est flanqué le cul à l’air.
– Parce qu’il avait une trouille bleue, ça se voyait, que tu mettes tes menaces à exécution, que t’ailles raconter un peu partout ce qu’il s’était passé. Ce qu’il ne voulait à aucun prix. Il avait pas envie d’avoir à raser les murs.
– Et pas seulement ça, moi, je crois… Parce que vous avez vu la tête d’obsédé qu’il a ? Je suis bien tranquille qu’il y a plein de filles et de couples qui y attrapent avec lui dans l’immeuble. Qu’il se faufile un peu partout pour regarder ou écouter, la queue à la main. Alors que je vende la mèche et il serait complètement grillé. Tout le monde se méfierait de lui. Et c’en serait définitivement terminé de ses petites activités de voyeur. Alors oui, mieux valait une bonne fessée, tout compte fait, et qu’on n’en parle plus.
– Tu y es pas allée de main morte en tout cas !
– Oh, pas tant que ça, moi, j’trouve !
– Hein ! Ben, je sais pas ce qu’il te faut. T’as pas entendu comment il piaulait ?
– Parce qu’il est doudouille.
– Et dans quel état il avait les fesses quand t’en as eu terminé ?
– Parce qu’il marque facilement.
– Non, je t’assure ! C’était une de ces corrections !
– Je me suis pas rendu compte. Attendez ! Écoutez ! Écoutez ! Vous entendez pas ?
– Quoi donc ?
– Sa douche !
– Faut bien qu’il se rafraîchisse un peu le derrière. Après ce qu’il vient de subir, le pauvre, c’est une nécessité absolue.
– Oui, mais soi-disant qu’elle était en panne. Elle marche en fait.
– Tu en doutais ?
– Non. Bien sûr que non.
Elle a plissé les yeux, froncé les sourcils, s’est mordu la lèvre inférieure.
– Ça me perturbe drôlement n’empêche ce que vous venez de me dire, que j’y allais vraiment fort, parce que, si c’est vrai, hein, je me rendais pas compte. Pas du tout.
– Tu y prenais du plaisir en tout cas, ce qu’il y a de sûr.
Elle a esquissé un petit bout de sourire.
– Ça se voyait tant que ça ?
– Et comment !
– Oui, mais vous, vous me connaissez ! Mieux que personne. Alors ça vaut pas.
Elle s’est laissée tomber sur le lit.
– Vous savez ce que je me demande ? Ben, si ça lui plaisait pas, tout compte fait, à lui que je le lui claque, le derrière. Non, parce que vous avez vu ? Il bandait.
– C’était peut-être purement mécanique.
– Peut-être, oui. Et puis peut-être pas. Parce qu’un type de son âge, ça l’excite, si ça tombe, de se faire tanner le cul par une gamine comme moi, allez savoir ! Pourquoi pas après tout ? Vous aimez bien, vous, quand je vous mords.
– C’est pas que j’aime bien…
– Ah, non ? C’est quoi alors ?
– C’est que…
– C’est que vous aimez que j’aime vous le faire. Ce qui revient au même finalement.
Elle m’a fait signe.
– Venez avec moi ! Venez près de moi.
Elle m’a pris la main.Et s’est brusquement rembrunie.
– Comment j’aimerais pas ça plus vous avoir avec moi.
– Il y a pas de raison.
– On sait pas. On peut pas savoir.
Et elle s’est blottie contre moi.

mardi 22 octobre 2019

Clorinde, ma colocataire (52)


– Alors ? Votre journée ? Vous l’avez vue, Mégane ? Oui ? Et c’était bien ?
– Plus que bien. Elle se laisse de plus en plus aller. Une vraie boule de jouissance. Faut dire aussi qu’avec tout le retard qu’elle a à rattraper…
– Ah, ça ! Oui, mais faites gaffe alors ! Elle va vous mettre sur les rotules à force. D’autant qu’il faudrait pas que vous oubliiez que vous avez aussi Alexandra à satisfaire !
– Mais j’oublie pas !
– Tiens, d’ailleurs, à propos, je l’ai vue, elle, cet après-midi…
– Ça allait ?
– Ça allait, oui ! On a beaucoup parlé toutes les deux. Et elle envisage très sérieusement de mettre un terme à sa relation avec notre magnétiseur, là. Ce que je peux parfaitement comprendre, maintenant que j’ai baisé avec.
– Tu lui as dit ?
– Que ? Je me l’étais tapé ? Ça va pas, non ! Vous me prenez pour une demeurée ? C’était la dernière des choses à faire. Mais elle, par contre, elle a été en veine de confidences. En fait, contrairement à ce qu’on a pu croire, vous et moi, ça a jamais été vraiment folichon entre eux, côté cul. Le plus souvent, elle faisait semblant.
– Pourquoi elle restait avec alors ?
– Par habitude. Pour pas être toute seule. Pour se donner l’illusion d’avoir quelqu’un. Ou tout ça ensemble. Il peut y en avoir plein des raisons. Mais enfin toujours est-il que ça n’a plus beaucoup d’importance maintenant. Parce qu’elle va le quitter. C’est quasiment fait. Et c’est de votre faute.
– De ma faute ? Comment ça, de ma faute ?
– Vous êtes tout seul. Vous êtes libre. Et vous avez tout plein d’autres qualités. Alors forcément une nana, ça lui donne envie de vous mettre le grappin dessus.
– Oh, tu crois ?
– Je crois pas. Je suis sûre. Seulement vous, les types, c’est le genre de choses que vous voyez pas. Ou bien alors quand il est trop tard, que le mal est fait, que vous êtes complètement englués. Mais bon, je vous aurai prévenu, hein ! Elle va sortir le grand jeu. Tout faire pour vous enfumer. Tenez-vous le pour dit. Parce que je serai peut-être pas toujours derrière vous pour veiller au grain.
– Ce qui signifie ?
– Non, rien. Allez nous chercher le Vincent à côté, tiens, plutôt ! Ça nous distraira un peu.

J’ai frappé. Il a entrouvert la porte.
– Ah, c’est vous. Entrez ! Je suis désolé, hein, pour ce matin.
– Elle veut vous voir.
– Là ? Maintenant ? Tout de suite ?
– Ben oui, maintenant, pas dans six mois.
– Elle est très fâchée ?
J’ai haussé les épaules.
– Oui, bon, j’arrive. J’arrive.

Elle s’est redressée de toute sa hauteur.
– Ah, vous voilà, vous ! Vous êtes content de vous ?
Il s’est littéralement liquéfié.
– Oui… Non… C’est que…
– Parce que moi j’ai la gentillesse de vous rendre service. Et vous, vous en profitez pour vous comporter comme le dernier des grands dégoûtants. Ah, c’est bien ! Bravo ! Bravo !
– Mais non, mais…
– Mais quoi ? Qu’est-ce que vous allez bien pouvoir trouver pour justifier ça ? Hein ? Alors ? J’attends. J’écoute.
Il n’a pas répondu. Il a baissé la tête en jouant nerveusement avec ses doigts.
– Rien. Évidemment, rien. Ça peut pas se justifier, un truc pareil. Bon, mais vous savez pas ce que je vais faire, moi, du coup ? Mettre tout l’immeuble au courant qu’il y a un pervers qui y habite.
– Vous n’allez pas faire ça ?
– Je vais me gêner ! C’est faire œuvre de salubrité publique n’importe comment. Il faut bien que les femmes sachent à quoi s’en tenir avec vous, qu’elles se protègent de vous.
Il s’est fait implorant.
– Je vous en supplie. Je vais passer pour…
– Pour ce que vous êtes. Bon, écoutez ! Trêve de bavardages. Je veux bien vous laisser une dernière chance.
Il a levé sur elle un regard plein d’espoir.
– Et ne rien dire à personne. Mais, par contre, en échange de mon silence, je vais vous punir. Une bonne fessée. C’est plus que mérité, avouez ! Allez ! Baissez votre pantalon !
Il a obtempéré.