mardi 1 mai 2018

Alyssia, ma femme (7)


– Tu seras là ce soir, je suppose. Dans la chambre d’à côté.
– Peut-être. Sûrement.
– T’aimes ça m’entendre, hein ?
– De plus en plus. Ça t’ennuie ?
– De moins en moins. Et même…
– Oui ?
– Je crois que maintenant ça me manquerait que tu sois pas là.
Je l’ai prise dans mes bras.
– J’aime ton plaisir. Même si c’est pas moi qui te le donne.
Nos lèvres se sont brièvement effleurées.
– Et moi, j’aime que tu l’aimes.
Elle s’est doucement dégagée.
– Faut que j’aille me préparer. Si je veux pas le faire attendre.

C’est moi qui ai attendu. Jusqu’à huit heures. Ils ont monté les bagages dans la chambre et ils ont décidé de descendre aussitôt dîner.
– Mais avant…
– Qu’est-ce tu fais ?
– Ça se voit pas ? Je te déculotte. Tu sais ce qu’on avait dit.
– Mais pas déjà ! Pas aujourd’hui !
– Ben, pourquoi ?
– Mais parce que…
– Si je t’écoute, on le fera jamais. T’auras toujours une excellente raison. Allez, route !
– Laisse-moi changer de jupe au moins. Mettre quelque chose de plus décent.
– Ah, non ! Non ! Surtout pas !

Quand ils sont remontés, il riait aux éclats.
– Excellent ! Non, mais excellent !
– T’es trop, toi, quand même, dans ton genre ! Lui balancer, comme ça, tranquillement, que j’avais pas de culotte au jeune. Je savais plus où me mettre, moi !
– Il fallait bien lui dire. C’était lui qu’avait le meilleur angle d’attaque et il se rendait compte de rien, le pauvre !
– Oui, ben pour se rattraper, il s’est rattrapé. Il m’a plus quittée des yeux. Que j’en étais gênée pour sa copine.
– Oui, oh ! Elle avait pas l’air particulièrement traumatisée. Et puis ça l’aura mis en forme son mec. Elle va quand même pas s’en plaindre !
– El le vieux ! Lui aussi, il t’a entendu. Ces yeux exorbités qu’il avait ! Et comment il se contorsionnait pour voir !
– Ah, ça t’a plu tout ça, hein !
– Faut bien dire…
– Et encore ! C’était la première fois. T’osais pas trop te laisser aller, mais tu verras quand t’auras pris un peu d’assurance. Sans compter que j’ai des idées à la pelle.
– Ah, oui ? Quoi ?
– T’auras plus la surprise si je te le dis. Écoute ! T’entends ?
– Ah, oui ! Ça y va, dis donc ! C’est les deux jeunes, tu crois ?
– Évidemment que c’est eux ! Ils sont juste au-dessus. T’entends ça ? Non, mais t’entends ça ? C’est de ta faute. T’as pas honte de mettre les gens dans des états pareils ?
– Même pas, non !
Ils se sont tus. Elle a respiré plus vite. Plus fort. Elle a haleté.
Au-dessus, ça s’est emballé. La fille a psalmodié sa jouissance. Son copain a grogné le sien.
– Tu crois, Benjie, que le vieux aussi ?
– Lui ? Il est en train de se palucher comme un fou en repensant à ce qu’il a vu tout à l’heure. Et en les écoutant. Et en nous écoutant. Ça fait pas l’ombre d’un doute. Il est sûrement pas le seul d’ailleurs. Je te parie ce que tu veux qu’il y en a d’autres, dans les chambres alentour, qui n’en perdent pas une miette.
Oui. Il y avait moi. Moi aussi. En train d’entrer dans son plaisir avec elle. D’en épouser les moindres méandres. Un plaisir qu’elle a épelé à longues plaintes amoureusement ciselées. Qui se sont élancées, envolées, ont culminé en un interminable point d’orgue éperdûment proclamé.

Ils ont déjeuné dehors. Au soleil. Je les ai regardés. Un long moment. Et puis, pris d’une impulsion soudaine, je suis descendu. Je me suis installé à une table, à bonne distance de la leur. Elle lui a dit quelque chose. Il s’est retourné. À plusieurs reprises. Leur discussion s’est animée et elle m’a fait signe de les rejoindre.
– Alexandre… Benjamin… Bon, ben voilà ! Au moins les choses sont claires comme ça maintenant.
Il m’a tendu la main. Souri.
– Votre femme a beaucoup de chance d’avoir un mari à l’esprit aussi ouvert. C’est pas le cas de tout le monde. Et j’en sais quelque chose.
Il m’a tiré une chaise.
– Mais asseyez-vous ! Restez pas planté là. Vous allez déjeuner avec nous.
Un jeune couple a fait son apparition. Nous a lancé un vague bonjour en longeant notre table. Est allé s’installer un peu plus loin.
Alyssia a constaté, à mi-voix.
– Hou là là ! Ces têtes de crevés.
– À qui la faute ?
– Parce que t’y es pour rien, toi, peut-être ?
– Absolument rien. C’est toi qui as absolument tenu à…
– Moi ! Non, mais alors là, tu es d’une mauvaise foi ! Alex, t’es témoin, toi ! T’as tout entendu, je suis sûre. C’est pas lui qui m’a obligée à descendre sans culotte ?
Il ne m’a pas laissé le temps de répondre.
– Oui, mais leur offrir une vue imprenable sur tout le panorama, personne t’a forcée.
– Oh, tu parles ! Sous la table, comme ça, on doit pas pouvoir voir grand-chose.
– Ben, voyons ! C’est pour ça qu’ils ont baisé toute la nuit. Et que le vieux, à côté, il tirait une langue de trente centimètres. Quant à toi, rien qu’à voir comment ils brillaient tes yeux…
Elle s’est levée.
– Bon, mais c’est pas tout ça. Je vais me préparer.
– C’est ça ! Détourne bien la conversation.
Elle lui a tiré la langue et s’est enfuie. Sans se retourner.
On l’a suivie des yeux, tous les deux, jusqu’à ce qu’elle ait disparu.
Il a hoché la tête.
– Elle est trop, ta femme, dans son genre. Il y a une sacrée personnalité, là. Et une sacrée sensualité.
– Qui ne parvient pas à s’épanouir avec moi.
– Je sais, oui. Elle m’a dit. Elle m’a expliqué pour vous deux. Pas facile à vivre pour toi, non ?
J’ai haussé les épaules.
– Oui et non. On partage plein de choses, mais je ne peux pas être ce que je ne suis pas. Ce qu’elle a besoin qu’un homme soit. Alors qu’il lui faille aller s’éclater avec quelqu’un qui la comble sexuellement, je le conçois parfaitement. Et même, pour te dire le fond de ma pensée, je suis fermement convaincu que si elle n’allait pas voir ailleurs, je finirais à coup sûr par la perdre.
– Je la connais pas encore beaucoup, mais je crois que t’as raison. Il y a toutes les chances, oui.
– Même s’il y a quand même le risque que le type, en face, il veuille me la souffler.
– Oui, alors là, avec moi, de ce côté-là, tu n’as absolument rien à craindre.

11 commentaires:

  1. L'autre jour l'épouse, là les deux qui font connaissance.. Bon bon bon.. J'attends j'attends.

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  2. L'être humain est souvent complexe et contradictoire. Toute la question est d'arriver à l'accepter.

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  3. Bon, il va devenir un candauliste convaincu.

    Et peut-être même un cukcold vu qu'il semble aimer être humilié.

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  4. Ce peut n'être qu'un moment, un passage obligé pour aller vers autre chose.

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  5. Ce n'est pas dérangeant en soi, chacun ses fantasmes. Et quand c'est réalisé en parfaite harmonie, tout le monde y trouve son compte .

    Mais là, à ce moment de l'histoire, elle ne semble pas tenir compte de lui. C'est dommage.

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  6. Cela ne semble pas trop le déranger… En fait, il la découvre sous un jour nouveau qui, pour l'instant, le fascine.

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  7. Ça manque quand-même un peu de communication dans le couple.

    Mais ce sera peut-être pour plus tard.

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    1. S'il n' y avait pas eu vraiment communication, elle serait allée voir son amant en cachette sans rien en dire à son mari. Ça n'a pas été le cas. Et maintenant communiquer est-ce que ça devrait être ressasser les mêmes choses en permanence, tourner indéfiniment en rond?

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  8. J'espère qu'il deviendra acteur plus que spectateur

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    1. Il agira selon sa nature propre. C'est ce qui peut lui arriver de mieux, non?

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  9. Thonolan, vous aimez bien critiquer à tout va vous lol

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