– Et si on restait là ?
– Comment ça, là ?
– Ben ici. Au petit Castel. Qu’on y
passe notre samedi. Non ? Ça te dirait pas ?
On venait de regarder partir Benjamin. Qui avait un
mariage. Auquel il lui était absolument impossible d’échapper.
– Hein ? Ça te tente pas ?
On serait pas mal, non ? Il fait beau. Le cadre est agréable. On y mange
bien. Et il y a plein de trucs à voir dans les environs.
Oh, si elle voulait ! S’il y avait que ça pour
lui faire plaisir…
– Ça t’a pas posé de problème au moins
que je te présente ? Non, parce que je me suis dit que c’était un peu un
appel du pied que tu descendes déjeuner. Et puis, de toute façon, on n’allait
pas continuer à s’ignorer pendant des éternités comme ça. Toi, d’un côté de la
cloison et nous de l’autre. Ça n’avait pas de sens. Il arrive un moment où il y
a pas d’autre solution que de tout mettre sur la table. Ça vaut cent fois
mieux. Pour tout le monde. Non, tu crois pas ?
C’était bien mon avis, si !
– Vous avez un peu discuté tous les
deux tout à l’heure. Comment tu le trouves ?
– C’est pas en cinq minutes qu’on peut
se faire une idée.
– Je sais bien, oui. Mais je suis sûre
que vous arriverez à vous entendre. Même que vous soyez complètement différents
l’un de l’autre. Le jour et la nuit. Et d’ailleurs… tu sais ce qui serait
bien ?
Elle s’est brusquement interrompue.
– Te retourne pas, mais le jeune,
derrière toi, il en veut à mon entre-jambes. Et pas qu’un peu ! Il a beau
essayer d’être discret…
– En somme, ça lui a pas suffi hier
soir. Il prendrait bien un peu de rab.
– C’est à peu près ça, oui.
– Sauf que, là, il va être de la
revue.
– Tu crois ?
– Ah, parce que…
– Parce que, oui. Ce matin non plus
j’en ai pas.
– T’y prends goût, on dirait.
– Penses-tu ! C’est par pur
altruisme. Faut savoir rendre service dans la vie.
– Ce que t’es en train de faire,
j’imagine.
– Je n’en suis qu’aux préliminaires. À
le laisser un peu espérer. J’adore.
Elle a bougé les pieds sous la table.
– Hou là là ! Tu verrais sa
tête ! Je lui ai pas offert grand-chose pourtant. Et vite fait. Mais quand
même ! Ça lui fait sacrément de l’effet.
– Et la fille ? Elle fait quoi,
elle, pendant ce temps-là ?
– Elle a la main posée sur sa cuisse.
Et elle le couve du coin de l’œil. Bon, mais allez ! On va en rajouter une
petite couche.
Elle a croisé les jambes. Les a décroisées.
Recroisées.
– Et là, s’il bande pas, à moi la
peur. Et toi ?
– Quoi, moi ?
– Tu bandes ? Je suis sûre que
oui. Laisse-moi aller voir.
Elle a retiré sa chaussure, est montée me chercher, du
bout du pied.
– Oh, là là, oui ! Et pas qu’un
peu !
Elle s’est installée, m’a agacé la queue à rapides
petits coups d’orteil.
– Et là, je peux te dire qu’en même
temps je suis en train de les gâter, les deux autres ! Bon, mais allez !
C’était le bouquet final. On ferme. Faut jamais abuser des bonnes choses. Viens
me montrer ta chambre, tiens, plutôt ! Que je me rende compte.
– Alors, c’est là. Oui. La même qu’à
côté en gros. En un peu plus petit. Et en plus sombre. T’es aux premières loges
en fait. Mais dis-moi ! T’as joui hier soir ? Oui, hein !
Évidemment que t’as joui. C’était quand ? En même temps que les deux
jeunes au-dessus ? En même temps que moi ? C’était bien au
moins ? Attends, écoute ! T’entends pas ? Ça marche au-dessus.
C’est eux. Tu paries qu’ils vont baiser ? Vu comment je les ai mis en
appétit. Tu vas pouvoir encore en profiter. Tiens ! Qu’est-ce que je
disais ! C’est le sommier, ça. Ils viennent de se jeter dessus. Comme des
meurt-de-faim. Et ça y est. Ils attaquent. Ils perdent pas de temps, dis
donc !
Des grincements. Des halètements. La fille a commencé
à doucement gémir.
– Fais-le ! T’en crèves d’envie.
Elle a ouvert mon pantalon, m’a sorti la queue.
– Non, mais comment elle est raide. Tu
vas quand même pas la laisser dans cet état-là ! Ce serait criminel.
Au-dessus la fille s’est lamentée plus vite. Plus
fort.
– Écoute ça comment elle piaule !
Elle y met tout son cœur. Et toi, ça te fait de l’effet, dis donc !
Comment t’y vas ! À ce rythme-là…
À ce rythme-là, je risquais pas de tenir bien
longtemps, non. Et effectivement ! Encore deux ou trois allers et retours
impatients sur ma queue. Et je me suis fini. Répandu. Dans un grand râle. Au
moment même où l’autre, là-haut, clamait son plaisir à pleins poumons.
– Ça va aussi vite quand c’est
moi ?
Et Alyssia m’a effleuré les lèvres.
On s’est longuement promenés, main dans la main, à
proximité de l’hôtel. Aventurés plus loin.
– Quand je te disais que c’était super
comme coin !
Elle m’a serré la main plus fort.
– C’est quand même fou, avoue !
Parce qu’on n’a jamais été aussi bien ensemble, tous les deux, que… depuis tout
ça ! On n’a jamais été aussi complices. J’ai presque envie de dire qu’on
n’a jamais été aussi amoureux, d’une certaine façon. Non, Tu trouves pas ?
– Oh, si ! C’en est même
complètement invraisemblable par moments.
– Je me serais doutée avant que ça
tournerait comme ça, je peux te dire que j’aurais pas eu autant de scrupules.
Et qu’il y a belle lurette que je m’en serais pris un d’amant. Il y a plein de
choses, d’ailleurs, que, dans la foulée, je me serais autorisées. La petite
séance de ce matin, par exemple, dehors, avec les deux jeunes, là, il y a
encore six mois, mais ça n’aurait même pas été envisageable. J’avais bien trop
de préjugés. De blocages à la con. Il y en a un qu’a sauté. Tous les autres ont
suivi. Vont suivre. En chaîne. Et je peux te dire que je vais me rattraper.
Qu’on va se rattraper. Parce que toi, de ton côté, maintenant, je suis bien
tranquille que tu vas en être aussi de la comédie. Différemment, mais tu vas en
être.
– C’est en bonne voie.
– Ah, tu vois ! En attendant, on
peut pas dire qu’on se soit aidés l’un l’autre à prendre notre élan jusque là,
hein ! On s’est plutôt consciencieusement employés à se maintenir sagement
dans les clous. À se limiter mutuellement. À se rogner les ailes. Je
t’incrimine pas. Je suis au moins autant responsable que toi. Seulement
maintenant ça va changer. Faut que ça change. J’ai plein d’idées pour ça. T’en
auras aussi. Et on va y trouver notre compte. Aussi bien l’un que l’autre.
Peut-être même qu’à force de faire j’aurai envie avec toi. Que je finirai par
avoir du plaisir, qui sait ?
On s’est arrêtés. On s’est fait face. Nos lèvres se
sont jointes. Et puis on est lentement remontés vers l’hôtel.
– Ce qu’on pourrait peut-être… Et si
on essayait de faire leur connaissance aux deux jeunes ?
Ils étaient partis. Il y avait plus leur voiture.
– Non, mais ils reviendront. Sûrement
qu’ils reviendront. Et comme nous, on reviendra aussi…
Ca laisse imaginer tout plein de choses bien croustillantes. Vivement l'épisode suivant.
RépondreSupprimerMardi prochain… ;) Mais effectivement, il va se passer bien des choses… Souvent croustillantes
RépondreSupprimerElle commence à penser à lui, c'est bien.
RépondreSupprimerElle y pensera de plus en plus. Avec des hauts et des bas…
RépondreSupprimerJ'aime bien cet épisode, il est vraiment temps qu'elle pense à lui et son bien-être. À voir si elle va continuer dans ce sens 😉
RépondreSupprimerIl y aura encore bien des épisodes et des rebondissements de toute sorte avant que la situation ne se stabilise enfin.
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