mardi 8 mai 2018

Alyssia, ma femme (8)


– Et si on restait là ?
– Comment ça, là ?
– Ben ici. Au petit Castel. Qu’on y passe notre samedi. Non ? Ça te dirait pas ?
On venait de regarder partir Benjamin. Qui avait un mariage. Auquel il lui était absolument impossible d’échapper.
– Hein ? Ça te tente pas ? On serait pas mal, non ? Il fait beau. Le cadre est agréable. On y mange bien. Et il y a plein de trucs à voir dans les environs.
Oh, si elle voulait ! S’il y avait que ça pour lui faire plaisir…
– Ça t’a pas posé de problème au moins que je te présente ? Non, parce que je me suis dit que c’était un peu un appel du pied que tu descendes déjeuner. Et puis, de toute façon, on n’allait pas continuer à s’ignorer pendant des éternités comme ça. Toi, d’un côté de la cloison et nous de l’autre. Ça n’avait pas de sens. Il arrive un moment où il y a pas d’autre solution que de tout mettre sur la table. Ça vaut cent fois mieux. Pour tout le monde. Non, tu crois pas ?
C’était bien mon avis, si !
– Vous avez un peu discuté tous les deux tout à l’heure. Comment tu le trouves ?
– C’est pas en cinq minutes qu’on peut se faire une idée.
– Je sais bien, oui. Mais je suis sûre que vous arriverez à vous entendre. Même que vous soyez complètement différents l’un de l’autre. Le jour et la nuit. Et d’ailleurs… tu sais ce qui serait bien ?
Elle s’est brusquement interrompue.
– Te retourne pas, mais le jeune, derrière toi, il en veut à mon entre-jambes. Et pas qu’un peu ! Il a beau essayer d’être discret…
– En somme, ça lui a pas suffi hier soir. Il prendrait bien un peu de rab.
– C’est à peu près ça, oui.
– Sauf que, là, il va être de la revue.
– Tu crois ?
– Ah, parce que…
– Parce que, oui. Ce matin non plus j’en ai pas.
– T’y prends goût, on dirait.
– Penses-tu ! C’est par pur altruisme. Faut savoir rendre service dans la vie.
– Ce que t’es en train de faire, j’imagine.
– Je n’en suis qu’aux préliminaires. À le laisser un peu espérer. J’adore.
Elle a bougé les pieds sous la table.
– Hou là là ! Tu verrais sa tête ! Je lui ai pas offert grand-chose pourtant. Et vite fait. Mais quand même ! Ça lui fait sacrément de l’effet.
– Et la fille ? Elle fait quoi, elle, pendant ce temps-là ?
– Elle a la main posée sur sa cuisse. Et elle le couve du coin de l’œil. Bon, mais allez ! On va en rajouter une petite couche.
Elle a croisé les jambes. Les a décroisées. Recroisées.
– Et là, s’il bande pas, à moi la peur. Et toi ?
– Quoi, moi ?
– Tu bandes ? Je suis sûre que oui. Laisse-moi aller voir.
Elle a retiré sa chaussure, est montée me chercher, du bout du pied.
– Oh, là là, oui ! Et pas qu’un peu !
Elle s’est installée, m’a agacé la queue à rapides petits coups d’orteil.
– Et là, je peux te dire qu’en même temps je suis en train de les gâter, les deux autres ! Bon, mais allez ! C’était le bouquet final. On ferme. Faut jamais abuser des bonnes choses. Viens me montrer ta chambre, tiens, plutôt ! Que je me rende compte.

– Alors, c’est là. Oui. La même qu’à côté en gros. En un peu plus petit. Et en plus sombre. T’es aux premières loges en fait. Mais dis-moi ! T’as joui hier soir ? Oui, hein ! Évidemment que t’as joui. C’était quand ? En même temps que les deux jeunes au-dessus ? En même temps que moi ? C’était bien au moins ? Attends, écoute ! T’entends pas ? Ça marche au-dessus. C’est eux. Tu paries qu’ils vont baiser ? Vu comment je les ai mis en appétit. Tu vas pouvoir encore en profiter. Tiens ! Qu’est-ce que je disais ! C’est le sommier, ça. Ils viennent de se jeter dessus. Comme des meurt-de-faim. Et ça y est. Ils attaquent. Ils perdent pas de temps, dis donc !
Des grincements. Des halètements. La fille a commencé à doucement gémir.
– Fais-le ! T’en crèves d’envie.
Elle a ouvert mon pantalon, m’a sorti la queue.
– Non, mais comment elle est raide. Tu vas quand même pas la laisser dans cet état-là ! Ce serait criminel.
Au-dessus la fille s’est lamentée plus vite. Plus fort.
– Écoute ça comment elle piaule ! Elle y met tout son cœur. Et toi, ça te fait de l’effet, dis donc ! Comment t’y vas ! À ce rythme-là…
À ce rythme-là, je risquais pas de tenir bien longtemps, non. Et effectivement ! Encore deux ou trois allers et retours impatients sur ma queue. Et je me suis fini. Répandu. Dans un grand râle. Au moment même où l’autre, là-haut, clamait son plaisir à pleins poumons.
– Ça va aussi vite quand c’est moi ?
Et Alyssia m’a effleuré les lèvres.

On s’est longuement promenés, main dans la main, à proximité de l’hôtel. Aventurés plus loin.
– Quand je te disais que c’était super comme coin !
Elle m’a serré la main plus fort.
– C’est quand même fou, avoue ! Parce qu’on n’a jamais été aussi bien ensemble, tous les deux, que… depuis tout ça ! On n’a jamais été aussi complices. J’ai presque envie de dire qu’on n’a jamais été aussi amoureux, d’une certaine façon. Non, Tu trouves pas ?
– Oh, si ! C’en est même complètement invraisemblable par moments.
– Je me serais doutée avant que ça tournerait comme ça, je peux te dire que j’aurais pas eu autant de scrupules. Et qu’il y a belle lurette que je m’en serais pris un d’amant. Il y a plein de choses, d’ailleurs, que, dans la foulée, je me serais autorisées. La petite séance de ce matin, par exemple, dehors, avec les deux jeunes, là, il y a encore six mois, mais ça n’aurait même pas été envisageable. J’avais bien trop de préjugés. De blocages à la con. Il y en a un qu’a sauté. Tous les autres ont suivi. Vont suivre. En chaîne. Et je peux te dire que je vais me rattraper. Qu’on va se rattraper. Parce que toi, de ton côté, maintenant, je suis bien tranquille que tu vas en être aussi de la comédie. Différemment, mais tu vas en être.
– C’est en bonne voie.
– Ah, tu vois ! En attendant, on peut pas dire qu’on se soit aidés l’un l’autre à prendre notre élan jusque là, hein ! On s’est plutôt consciencieusement employés à se maintenir sagement dans les clous. À se limiter mutuellement. À se rogner les ailes. Je t’incrimine pas. Je suis au moins autant responsable que toi. Seulement maintenant ça va changer. Faut que ça change. J’ai plein d’idées pour ça. T’en auras aussi. Et on va y trouver notre compte. Aussi bien l’un que l’autre. Peut-être même qu’à force de faire j’aurai envie avec toi. Que je finirai par avoir du plaisir, qui sait ?
On s’est arrêtés. On s’est fait face. Nos lèvres se sont jointes. Et puis on est lentement remontés vers l’hôtel.
– Ce qu’on pourrait peut-être… Et si on essayait de faire leur connaissance aux deux jeunes ?
Ils étaient partis. Il y avait plus leur voiture.
– Non, mais ils reviendront. Sûrement qu’ils reviendront. Et comme nous, on reviendra aussi…

6 commentaires:

  1. Ca laisse imaginer tout plein de choses bien croustillantes. Vivement l'épisode suivant.

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  2. Mardi prochain… ;) Mais effectivement, il va se passer bien des choses… Souvent croustillantes

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  3. Elle commence à penser à lui, c'est bien.

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  4. Elle y pensera de plus en plus. Avec des hauts et des bas…

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  5. J'aime bien cet épisode, il est vraiment temps qu'elle pense à lui et son bien-être. À voir si elle va continuer dans ce sens 😉

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  6. Il y aura encore bien des épisodes et des rebondissements de toute sorte avant que la situation ne se stabilise enfin.

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