mardi 22 mai 2018

Alyssia, ma femme (10)


Un hôtel enchâssé dans son écrin de verdure. Des arbres, des arbres et encore des arbres. Aucun bruit. Que le chant des oiseaux.
– Je te l’avais dit. Je te l’avais pas dit ? Un vrai petit paradis. Dont on va profiter à fond.

On en profitait. En grasses matinées longuement étirées. En savoureux repas d’huîtres, de crustacés et de ris de veau. En longues heures passées à écumer les alentours.
Elle était tombée amoureuse folle de la région.
– Et si on venait s’y installer ? Tu demandes ta mutation. Je demande la mienne. Et puis voilà.
– C’est pas si simple. Il doit y en avoir du monde qui veut y descendre dans ce coin.
– Suffira d’être patients.
– Tu pourras plus voir Benjamin. Ou alors seulement de loin en loin.
– Et pourquoi qu’il demanderait pas sa mutation, lui aussi ?
– Avec sa femme ?
– Faudrait bien !
– Oui, ben le temps que tout le monde ait obtenu gain de cause, il y a toutes les chances qu’on soit à la retraite.
– Ou bien alors… une autre solution : on s’achète quelque chose par ici. Et on y descend dès qu’on peut. Vacances, week-ends, tout ça !

Elle nous voulait, de temps à autre, une petite virée à Nice.
– Oh, ben oui, attends ! On va pas rester confinés là un mois non plus !
Elle marquait de longs temps d’arrêt devant les vitrines des agences immobilières.
– C’est hors de prix ! C’est vraiment hors de prix. Oh, mais on finira bien par trouver une solution.
On errait au hasard. Une boutique. Une autre. Elle entrait, hésitait, essayait, achetait parfois. Un maillot. Ou un petit haut.
Et on reprenait notre promenade.
– Un de ces quatre matins, je sens qu’on va tomber dessus. C’est couru.
– Et il sera avec sa femme. Oui, ben alors là, merci bien. J’ai pas du tout envie de savoir comment elle est faite celle-là.

Il l’appelait tous les jours.
– Parce que je peux pas, moi ! Comment tu veux que je sache s’il est tout seul ou pas ?
Elle restait là, à mes côtés.
– Pourquoi je m’en irais ? J’ai rien à te cacher. Et puis j’aime bien te sentir penché sur nous, comme ça, à l’affût du moindre de nos mots. Du moindre de nos gestes. Et comme toi, de ton côté, t’adores ça…
Et elle mettait le haut-parleur.
Ça allait, oui. Il lui manquait. Elle lui manquait. Ils se manquaient. Et ils avaient envie l’un de l’autre.
– Tellement ! Si tu savais !
– Et moi, donc !
Ils parlaient d’autre chose.
– Parce que ça va nous mettre dans un état sinon !
De ce qu’ils avaient fait la veille. De la façon dont ils allaient occuper leur journée.
Elle finissait immanquablement par lui poser la question.
– On va se voir ? Tu vas venir ?
– Évidemment que je vais venir…
– Quand ?
– Je sais pas. Faut que je voie. Que je puisse me libérer sans trop éveiller ses soupçons.
– Tarde pas trop, Benjamin ! Tarde pas trop ! J’en peux plus, moi !
Elle raccrochait en soupirant.
– Tu vas voir qu’il va me mener en bateau comme ça jusqu’à la fin des Vacances… Oh, mais s’il ait ça. Alors là, s’il fait ça !

On passait aussi beaucoup de temps à la piscine.
– Parce que si je rentre pas bronzée, elles vont toutes croire qu’on est allés passer les vacances à Denain ou, pire, qu’on n’a pas pu partir.
Elle s’absorbait dans un livre. Je déployais un journal.
– J’en étais sûre…
– De quoi ?
– Que t’allais pas tarder à te retourner sur le ventre. Depuis le temps que tu la mates en douce la petite en maillot bleu, fallait bien que ça finisse par te donner la trique. Oh, mais vas-y ! Profites-en ! Te gêne surtout pas pour moi. Je serais vraiment mal placée pour te faire des reproches.
Et elle se replongeait dans sa lecture.
– Waouh ! Et l’autre là-bas. Non, là-bas, à gauche. Qu’est en train d’arriver. Il y a du canon, là. Et qui le sait. Et qui fait tout pour que ça se voie. Faut vraiment pas avoir de honte, n’empêche, pour s’exhiber dans un truc pareil. Elle te tente pas ? Non, pas vraiment, on dirait. Tu préfères celle en bleu, hein ! Mais ça, les goûts et les couleurs… T’irais tenter ta chance avec si j’étais pas là ? Oui ? Je te laisse si tu veux. Quoique… ça servirait pas à grand-chose. Tu te prendrais un de ces rateaux ! Ben oui, forcément ! Tu penses bien qu’elle a eu vite fait de repérer qu’on était ensemble. Et puis, de toute façon, faut que tu te fasses une raison : un mec de quarante balais, à moins d’être riche comme Crésus, les petites nanas de vingt ans, il les intéresse pas.

– Qu’est-ce tu regardes ?
– Rien. Rien de spécial.
Elle est venue s’accouder à côté de moi, à la fenêtre de la chambre.
– Tu parles que tu regardes rien. Elle te suffit pas celle en bleu à la piscine ?
Sa main est descendue, s’est posée, d’autorité, sur ma queue.
– Elle te fait sacrément de l’effet en tout cas. À moins que ce soit encore à l’autre que tu penses. Oui, c’est ça, j’parie ! T’en es raide dingue d’envie de celle-là. Tu veux la baiser ? Eh, ben me regarde pas comme ça. Viens alors !
Sur le lit. Où elle m’a dépouillé de mes vêtements. Complètement.
– Là ! Ferme les yeux ! Et pense à elle. À son petit visage d’ange. Ce qui l’empêche pas d’être une vraie petite cochonne, je suis sûre. Quand elle te taille une pipe celle-là, tu dois pas mettre six mois à décharger. Tu la vois ? Tu les vois ses petits seins ? Comment elle aime ça que tu les regardes. Que t’essaies de les deviner sous le maillot. Elle va l’enlever le sous-tif. Elle l’enlève. Holà ! T’as vu ça comment ils pointent ? C’est de la folie. Quoi ? Tu veux voir son cul, c’est ça ? Déjà ! T’es bien pressé. Ah, elle t’a entendu, on dirait ! Elle la baisse sa culotte de maillot. Humm ! Ces petites fesses bien fermes. On en mangerait, non ? Elle se retourne. Ah, ben ça y est ! Tu l’as sa chatte. Tu la vois. Depuis le temps que t’en rêvais ! Que tu pensais plus qu’à ça. Elle te plaît ? Oui, hein ! Eh, ben vas-y ! Fonce ! Enfile-la, qu’est-ce t’attends ? Tu vois pas qu’elle demande que ça ?
Et elle m’a mis en elle.
– Baise-la, Alex ! Vas-y ! Baise-la !
À grands coups de boutoir. Comme un perdu.
J’ai ahané. Je me suis répandu. Je suis retombé.
– Eh, ben dis donc ! T’avais sacrément envie d’elle, ça, on peut pas dire.

7 commentaires:

  1. Elle mène le jeu, et une vraie complicité pourrait s'installer si il décidais d'être un peu plus actif .

    J'approuve .

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  2. Ce qui finira très certainement par venir. ;)

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  3. Hé bé.. Je reste coïte (sans jeu de mots)

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  4. Faut reconnaître qu'a priori c'était un peu inattendu…

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  5. Suprenante cette fin!!
    Un clin d'oeil à une ville du Nord, pas mal! J'ai souri et était étonnée...

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  6. Il y aura encore bien des surprises…

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