mardi 29 mai 2018

Alyssia, ma femme (11)


Elle a voulu qu’on s’arrête boire un coup. Au même café que d’habitude.
– Ça devient une tradition, dis donc!
– Je l’aime bien, moi, ce café. Je lui trouve beaucoup de charme.
– Au café ou au serveur ?
– Faut reconnaître qu’il est pas désagréable à regarder non plus.
– Et qu’il te plaît bien. Ce qui est réciproque d’ailleurs.
– Tu crois ?
– Je crois pas. Je suis sûr. Bon, mais on s’installe à l’intérieur, je suppose. Que tu puisses le regarder tout à loisir s’affairer derrière son bar.
On avait à peine pris place que son portable a sonné.
– Qu’est-ce que c’est que ça ? Zut ! Benjamin ! C’est bien le moment.
Elle n’a pas décroché.
– Il rappellera.
Je me suis levé.
– Tu vas où ?
– Chercher le journal. Et faire un loto. Passe la commande !
J’ai pris tout mon temps. Qu’elle ait le sien. Qu’ils aient le leur.

– Je crois bien que t’as raison.
On attendait qu’il soit l’heure de passer à table, sur la petite terrasse, derrière l’hôtel.
– À quel propos ?
– Je lui plais bien au barman. Il m’a fait un de ces rentre-dedans tout à l’heure quand t’étais pas là.
– Et alors ?
– Ben rien.
– Tu vas pas donner suite ?
– Oh, ben non. Non. Faut pas exagérer quand même.
– T’as bien des principes d’un seul coup.
– C’est pas ça, non. Mais il y a Benjamin.
– Que tu veux pas faire cocu, lui !
– C’est pas la question.
– Ah, non ? C’est quoi alors la question ?
À nouveau son portable.
– Allô… Benjie ? Ben oui, c’est moi, oui. Qui veux-tu que ce soit ?
Elle a mis le haut-parleur.
– Ça va ? Qu’est-ce tu fais ?
– Rien de spécial. On va aller manger. Et puis après piscine. Et un petit tour à Nice dans la soirée. Je te manque ?
– Comme si tu le savais pas !
– Tu vas venir alors ?
– Peut-être mardi. C’est pas sûr. Je te confirmerai.
– Oui. Et au dernier moment t’auras encore un empêchement.
– Mais non !
– Tu parles ! Tu m’as déjà fait dix mille fois le coup.
– Dis… Tu sais ? Je pensais à un truc. J’ai pas de photos de toi.
– Hein ? T’en as au moins une douzaine. La fois des bateaux-mouches. Celle de la forêt de Sénart. Ermenonville. Et sûrement que j’en oublie.
– Oui. Non. Mais je veux dire… Des photos plus… intimes.
– Oui, ben ça on verra…
– J’ai trop envie.
– Oui, ben t’attendras. Parce que je te vois venir… Tu vas te taper des petites branlettes sur ma chatte ou sur mon cul. Ça t’ira très bien comme ça et je serai encore de la revue. Tu te pointeras pas.
– Je te jure que…
– Ben, voyons ! Non, non, non. Tu viens d’abord. On avisera ensuite.
– T’es une garce, Alyssia.
– Mais c’est ce qui fait mon charme, mon chéri.
– Faut que je te laisse. Je t’embrasse. Faut que je te laisse.
Et il a raccroché.
– Ça, c’est sa bonne femme qui vient de rappliquer plus tôt que prévu.
Elle a soupiré.
– Qu’est-ce tu paries qu’il viendra pas ? C’est quand même fou, ça, avoue ! On aura passé un mois à dix kilomètres l’un de l’autre sans qu’il trouve le moyen de se libérer une seule fois. Tu sais ce que je crois ? C’est qu’il en a une autre. Une autre qu’il voit depuis des années en douce pendant les vacances. Du coup, il me met sur la touche. Ça ferait trop. Et il réapparaîtra, la bouche en cœur, dès qu’on sera remontés là-haut. À moins qu’il soit, tout simplement, en train de se lasser de moi. C’est possible, hein ! Et ce serait bien d’un mec, ça. Parce qu’ils sont tout feu tout flamme au début. Prêts à te promettre monts et merveilles. Mais le soufflé retombe vite. Dès qu’ils ont assouvi leur désir, tu les intéresses moins. De moins en moins de jour en jour. Plus du tout. Il leur faut de la nouveauté. Partir faire d’autres conquêtes. Alors que pour nous, les nanas, c’est exactement le contraire. Plus on le fréquente le type, plus on s’éclate dans ses bras et plus on s’attache. Ça me fait chier n’empêche ! Ça me ferait vraiment chier que ça se termine comme ça. Pas si vite. Pas déjà.
– T’en sais rien du tout. Tu te fais un film, là.
– Je crois pas, non. Je le sens qu’il est plus le même.
– Il te téléphone tous les jours.
– Oui, oh, tu parles ! Ça le force pas bien. Qu’est-ce que c’est que cinq minutes dans une journée ? Oui, bon. Mais t’as raison. Je vais pas me gâcher les vacances avec ça. On verra bien.

En début d’après-midi, elle m’a laissé descendre tout seul à la piscine.
– Vas-y ! Je te rejoins.
Ce qu’elle n’a fait que deux heures plus tard.
– Tu étais où si c’est pas indiscret ?
– Au café de ce matin. Et toi, pendant ce temps-là ? Tu t’es bien amusé ? Tu t’es fait une orgie de petites nanas, je suis sûre. Pas la bleue : elle est plus là. Attends ! Laisse-moi deviner. Dans les jeunes, évidemment. Celle-là, à droite, elle te plaît forcément. Seulement problème : elle est avec son mec. Alors à part des petits coups d’œil discrets de temps en temps. Non. C’est celle d’en face qui y attrape. Elle est bien dans l’axe en plus. Comme ça quand elle sur le ventre, tu peux profiter à plein de ses jolies petites fesses bien fermes. Et de l’autre côté quand elle se retourne… Ah, de l’autre côté ! Pourquoi t’es pas allé la draguer ? J’étais pas là. C’était l’occasion ou jamais.
– Ben, parce que…
– Parce que t’avais la trouille de te prendre un rateau. Et alors ? La belle affaire ! On s’en remet. Tu sais… Écoute ! Je vais te dire un truc. Il y a des moments, j’aimerais bien que toi aussi… Que tu essaies au moins. D’être un peu plus homme. Un peu plus conquérant. Que tu cesses d’être celui à qui je me suis raccroché parce que je n’étais pas obligé d’être vraiment femme avec lui. Ce n’est plus d’actualité tout ça. Et tu y trouverais ton compte, toi aussi.
– Peut-être. Je sais pas.
– Oh, mais c’est aussi de ma faute. J’ai ma part de responsabilité là-dedans. Parce que, quand bien même je n’y prends pas le moindre plaisir, je suis toujours disponible pour toi. Toujours ouverte. Qui c’est qu’est là pour te vider les couilles quand tu t’es bien excitée sur tout un tas de petites nanas ? Alyssia. C’est trop facile, ça. C’est trop commode. Alors désormais ce sera non. Systématiquement non. Si tu veux tirer ton coup, faudra que tu payes de ta personne, que tu le mérites. Et ça n’en sera que plus gratifiant, tu verras.
Elle m’a posé la main sur la cuisse.
– Lance-toi ! Fonce ! Sans te poser de questions. Et… Ah, oui, un petit conseil. Cible des femmes d’à peu près ton âge. Ça le fera pas sinon…

10 commentaires:

  1. Un peu tordue, quand même, non ? Sacré Alyssia.

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  2. Elle le pousse , ça peut s'entendre.

    De là à le priver ...

    Et puis elle brise leur complicité en allant voir le serveur sans le prévenir .

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    1. Oh, le serveur, ça se fait quand même pas vraiment derrière son dos.

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  3. Elle est dure quand même. Elle lui d'être plus conquérant, sous entendu avec les autres parce qu'avec elle ça sert à rien .

    Elle avoue à demi mots que plus elle baise avec Benjamin plus elle s'attache.

    On dirait qu'elle le pousse à aller voir ailleurs pour s'en débarrasser.

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    1. je ne crois pas que ce soit pour s'en débarrasser, non. Plutôt pour le faire devenir celui qu'elle a envie qu'il soit.

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    2. Oui je suis d'accord, enfin c'est comme ça que je le comprends.

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  4. c'est d'ailleurs le tour que les choses finiront par prendre.

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