Mélanie a soupiré.
‒ Non,
mais franchement les filles, on est bien connes dans notre genre !
Qu’est-ce qu’on va s’encombrer d’un mec à demeure ? Et
le pire, c’est qu’une fois qu’on a réussi à en lever un, on
fait des pieds et des mains pour le garder. Comme si notre vie en
dépendait. On a beau l’avoir percé à jour, s’être rendu
compte qu’il avait tous les défauts du monde, on fait tient
absolument à pas le perdre. Et tout ça pourquoi ? Parce qu’on
l’aime ? Même pas, la plupart du temps. Par amour-propre.
Parce qu’on ne veut pas s’avouer à soi-même que c’est un
échec. Ou parce qu’on a peur de se retrouver toute seule. Ou par
habitude. Ou pour tout un tas d’autres raisons. Et on subit. Et on
culpabilise en prime. Non, mais vous vous rendez compte ? Lui,
là, il me baisait plus. Il me disait, en me regardant droit dans les
yeux, qu’il avait plus aucune envie de moi, et moi, au lieu d’en
tirer les conséquences qui s’imposaient et d’aller voir
ailleurs, eh ben je trouvais rien de mieux à faire que de me dire
que c’était de ma faute et de me demander comment j’allais bien
pouvoir réussir à le récupérer… Non, mais faut vraiment être
idiote, avouez !
‒ C’est
du passé. Tu t’en es sortie.
‒ Ah,
oui, alors ! Et c’est pas demain la veille que j’irai y
remettre le nez. Ni à celui-là ni à d’autres. Qu’on vienne me
parler d’amour pour voir ! On sera bien reçu. Non. Je vais me
prendre du bon temps. Avec tous les petits poulets qui me taperont
dans l’œil. Et même… les petites poulettes. Puisque, grâce à
toi…
Elle
m’a posé la main sur le genou.
‒ J’ai
découvert que, de ce côté-là aussi, on pouvait allègrement
s’éclater. Peut-être pas mieux, mais différemment. Bon, mais
c’est pas tout ça ! Action !
Elle
a jeté un long regard circulaire autour d’elle.
‒ Vous
voyez ce que je vois ? Là-bas, sur le banc, dans le petit
square. Ça a l’air
mignon tout plein, non ?
‒ C’est
loin. Pour se rendre compte…
‒ Le
mieux, c’est d’aller voir de près.
Elle
s’est levée.
‒ À
tout à l’heure, les filles ! Enfin, peut-être…
Et
elle s’est tranquillement dirigée vers le banc, s’est arrêtée
devant, a engagé la conversation.
‒ Qu’est-ce
qu’elle peut bien lui raconter ?
‒ Et
ça dure en plus !
Elle
s’est assise à ses côtés.
‒ Ben,
voyons !
‒ Tu
paries que ça va le faire ?
‒ Il
y a toutes les chances, oui.
Il
s’est passé une dizaine de minutes et ils se sont levés. Ils se
sont éloignés, côte à côte.
‒ Et
v’là l’affaire !
Ils
ont disparu au bout de l’avenue.
‒ Elle
a du temps à rattraper. Quand t’as vécu au ralenti comme ça,
pendant des mois…
‒ J’en
sais quelque chose.
‒ Moi
aussi…
‒ Il
revient quand, Théo ?
‒ Demain
soir. Tu crois que ?
‒ Qu’elle
en serait, Mélanie ? Ça
ne me paraît pas faire l’ombre d’un doute. Elle sera ravie.
‒ Et
lui donc ! Trois nanas pour lui tout seul ! Le rêve pour
un mec, non ?
‒ En
attendant…
‒ On
pourrait se mettre aussi un peu en chasse toutes les deux, non ?
‒ Ça
me paraît une excellente idée.
‒ Allez,
chacune pour soi !
Et
on s’est séparées.
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