mardi 7 janvier 2020

Exquises vacances (8)


Je profitais de la fraîcheur du soir sur un banc, derrière l’hôtel, un peu à l’écart.
‒ Je vous dérange pas ?
C’était la petite jeune qu’avait des problèmes avec son copain, là. Mélanie.
‒ Pas du tout, non. Asseyez-vous ! Alors ? Avec votre ami ? Ça s’est un peu arrangé ?
‒ Pas vraiment, non. Il me bat toujours froid. Mais, par contre, je crois que je suis sur une piste.
‒ Ah…
‒ Oui. Parce que j’ai réussi à aller faire un tour vite fait sur son ordi. C’est pas la première fois, mais d’habitude, il efface toujours son historique avant de le refermer. Sauf que là… il avait oublié.
‒ Et alors ?
‒ Il a passé l’après-midi d’hier à visionner des vidéos de filles entre elles. Que ça…
‒ C’est le fantasme de beaucoup d’hommes.
‒ Je sais, oui. Mais là, en plus, j’ai trouvé un petit texte, c’est lui qui l’a écrit, où il imagine qu’il me regarde prendre du plaisir avec une autre femme.
‒ Bon, ben les choses sont claires, non ? Ce qu’il voudrait…
‒ Ça, j’ai bien compris, oui. Seulement…
‒ C’est pas votre truc.
‒ Non. Enfin peut-être. J’en sais rien en fait. Je me suis jamais vraiment posé la question. J’y ai jamais vraiment pensé.
‒ Moi, j’ai pas de conseil à vous donner, mais je crois bien, vu ce que vous me racontez là, que si vous voulez avoir des chances de le récupérer…
‒ Je demande que ça !
‒ Alors à moins que ça vous répugne vraiment, vous savez ce qu’il vous reste à faire.
‒ C’est pas que ça me répugne. Je peux pas dire ça. J’ai jamais essayé.
‒ C’est pas vraiment déplaisant, vous savez ! Et puis qui, mieux qu’une femme, peut connaître le corps d’une autre femme ?
‒ Je veux pas le perdre, ce qu’il y a de sûr. Ah, non alors ! Je veux pas le perdre.
Je lui ai posé la main sur l’avant-bras.
‒ Vous le perdrez pas maintenant que vous savez. Si vous abattez les bonnes cartes…
Suis remontée jusqu’à la saignée du coude. Que j’ai doucement caressée. Du bout du pouce. Elle ne m’a pas repoussée.
‒ Ça me fait quand même peur. Si ça lui suffisait pas ? Ou si ça le décevait ? Je risque de me montrer sacrément godiche. Quand on n’a pas l’habitude…
Je lui ai passé un bras autour des épaules, l’ai attirée contre moi.
‒ C’est pas le genre de question à vous poser maintenant. Ça va vous paralyser. Il faut foncer.
Elle a laissé aller sa tête contre ma poitrine.
‒ Vous êtes gentille.
Je lui ai redessiné la tempe, le front, les sourcils, à doigts légers.
‒ Ça se passera bien, vous verrez !
Les lèvres. Longuement. Elle les a entrouvertes. J’ai glissé mon index entre elles, l’y ai fait aller et venir.
Sa main s’est posée sur ma cuisse, s’y est crispée.
On s’est regardées. Et nos deux visages sont allés l’un vers l’autre. Pour un premier baiser. Qui a interminablement duré.
On s’est souri.
‒ Tu as bon goût.
‒ Toi aussi.
Quelqu’un a appelé dans les lointains.
‒ Mélanie !
‒ C’est lui ! Il me cherche. Il se demande où je suis passée.
‒ File vite alors !
‒ On se revoit ?
‒ Demain. Allez, file !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire