Je
profitais de la fraîcheur
du soir sur un banc, derrière l’hôtel, un peu à l’écart.
‒ Je
vous dérange pas ?
C’était
la petite jeune qu’avait des problèmes avec son copain, là.
Mélanie.
‒ Pas
du tout, non. Asseyez-vous ! Alors ? Avec
votre ami ? Ça s’est un peu arrangé ?
‒ Pas
vraiment, non. Il me bat toujours froid. Mais, par contre, je crois
que je suis sur une piste.
‒ Ah…
‒ Oui.
Parce que j’ai réussi à aller faire un tour vite
fait sur son ordi. C’est
pas la première fois, mais d’habitude, il efface toujours son
historique avant de le refermer. Sauf que là… il avait
oublié.
‒ Et
alors ?
‒ Il
a passé l’après-midi d’hier à visionner des vidéos de filles
entre elles. Que ça…
‒ C’est
le fantasme de beaucoup d’hommes.
‒ Je
sais, oui. Mais là, en
plus, j’ai trouvé un petit texte, c’est lui qui l’a écrit, où
il imagine qu’il me regarde prendre
du plaisir avec une autre
femme.
‒ Bon,
ben les choses sont claires, non ? Ce qu’il voudrait…
‒ Ça,
j’ai bien compris, oui. Seulement…
‒ C’est
pas votre truc.
‒ Non.
Enfin peut-être. J’en sais rien en fait. Je me suis jamais
vraiment posé la question. J’y ai jamais vraiment pensé.
‒ Moi,
j’ai pas de conseil à
vous donner, mais je
crois bien, vu ce que vous me racontez là, que si vous voulez avoir
des chances de le récupérer…
‒ Je
demande que ça !
‒ Alors
à moins que ça vous répugne vraiment, vous savez ce qu’il vous
reste à faire.
‒ C’est
pas que ça me répugne. Je
peux pas dire ça. J’ai
jamais essayé.
‒ C’est
pas vraiment déplaisant, vous savez ! Et
puis qui, mieux
qu’une femme, peut
connaître le corps d’une
autre femme ?
‒ Je
veux pas le perdre, ce
qu’il y a de sûr. Ah,
non alors ! Je veux pas le perdre.
Je
lui ai posé la main sur l’avant-bras.
‒ Vous
le perdrez pas maintenant
que vous savez. Si vous
abattez les bonnes cartes…
Suis
remontée jusqu’à la saignée du coude. Que j’ai doucement
caressée. Du bout du pouce. Elle ne m’a pas repoussée.
‒ Ça
me fait quand même peur. Si ça lui suffisait pas ? Ou si ça
le décevait ? Je risque de me montrer sacrément godiche. Quand
on n’a pas l’habitude…
Je
lui ai passé un bras autour des épaules, l’ai attirée contre
moi.
‒ C’est
pas le genre de question à vous poser maintenant. Ça
va vous paralyser. Il faut foncer.
Elle
a laissé aller sa tête contre ma poitrine.
‒ Vous
êtes gentille.
Je
lui ai redessiné
la tempe, le front, les
sourcils, à doigts légers.
‒ Ça
se passera bien, vous verrez !
Les
lèvres. Longuement. Elle les a entrouvertes. J’ai glissé mon
index entre elles, l’y ai fait aller et venir.
Sa
main s’est posée sur ma cuisse, s’y est crispée.
On
s’est regardées. Et nos deux visages sont allés l’un vers
l’autre. Pour un premier baiser. Qui a interminablement duré.
On
s’est souri.
‒ Tu
as bon goût.
‒ Toi
aussi.
Quelqu’un
a appelé dans les lointains.
‒ Mélanie !
‒ C’est
lui ! Il me
cherche. Il se demande où
je suis passée.
‒ File
vite alors !
‒ On
se revoit ?
‒ Demain.
Allez, file !
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