mardi 3 décembre 2019

Exquises vacances (3)


Quand, le soir, au restaurant, je suis passée à côté de leur table pour rejoindre la mienne, elle m’a arrêtée d’un geste de la main.
– Je sais même pas comment vous vous appelez.
– Mélanie. Et vous ?
– Émilie. Et là, c’est Théo.
– Oui, je m’en doutais un peu.
Il m’a gratifiée d’un sourire enjôleur.
– Bon, ben je vous laisse profiter l’un de l’autre. Bonne soirée !
– À vous aussi !
– Oh, ça, il y a toutes les chances.
Et on a échangé, Émilie et moi, un sourire complice.

Pour être bonne, elle a été bonne, la soirée. Vraiment très très bonne. Parce qu’à peine remontés dans leur chambre, ils ont déclenché un feu d’artifice monumental. Auquel j’ai bien entendu participé, de mon côté, sans la moindre retenue. Avec d’autant plus de jubilation qu’elle savait désormais que je le faisais, qu’elle le lui avait probablement dit, qu’au cœur de l’action ils y pensaient sans doute et que je contribuais ainsi à leur plaisir qui, échange de bons procédés, nourrissait le mien.
Je n’étais d’ailleurs pas la seule à en profiter. Juste au-dessus un couple s’était, lui aussi, mis de la partie, la femme poussant, à intervalles réguliers, des salves de miaulements convaincus. Une autre encore, dans les lointains, lui répondait comme en écho.

Je me suis endormie comme une masse, repue, rassasiée, tous les sens apaisés, pour ne me réveiller, le lendemain, que sur le coup de neuf heures, quand Antonin m’a apporté le petit déjeuner au lit. Le hasard avait décidé, comme souvent, de bien faire les choses, parce que c’est le moment qu’à côté Émilie et Théo ont choisi pour remettre éperdument le couvert.
– Ben, qu’est-ce qui vous arrive ?
Le pauvre garçon, tout tremblant, tout rougissant, cherchait désespérément, en dansant d’un pied sur l’autre, un endroit où poser son plateau.
– Ça va ? Vous êtes sûr ?
Il a fait signe que oui. Oui. Mais…
Mais ma table étant encombrée, la chaise et le fauteuil aussi, il ne savait toujours pas où se débarrasser de son plateau.
À côté, Émilie a gémi plus fort.
Sous son pantalon en toile, une impressionnante érection avait pris son essor. Mais c’est qu’il avait l’air sacrément bien monté, le bougre ! Pas question de laisser passer une occasion pareille. Ah, non alors !
J’ai fait mine de m’inquiéter.
– Oh, non, ça va pas, vous ! Ça va pas du tout. Vous êtes tout pâle. Et vous transpirez à grosses gouttes. Faudrait pas que vous fassiez un malaise. Vous voulez que j’appelle quelqu’un ? Non ? Asseyez-vous alors ! Posez-le par terre, le plateau. On s’en fout. Et asseyez-vous ! Ou non plutôt…
Je me suis levée.
– Allongez-vous ! Ah, mais si ! Si ! C’est un ordre. Allez !
Je l’ai aidé à le faire. Et je me suis penchée sur lui, ma chemise de nuit baillant au large sur ma poitrine. Son regard s’y est faufilé. J’ai intérieurement souri. J’ai posé ma main sur son front.
– Ça devrait pas être trop grave ! Vous n’avez pas de fièvre.
Et j’ai brusquement changé de ton.
– Non, mais regardez-moi ce grand dégoûtant qu’en profite pour me reluquer les seins. Non, mais faut pas se gêner ! Tu n’as pas honte ?
Il est devenu écarlate. S’est redressé. A bafouillé.
– Non, mais c’est pas que… C’est parce que…
– Oh, mais c’est pas grave ! Au contraire…
Et j’ai constaté en souriant.
– En tout cas, ça te fait de l’effet, on peut pas dire !
Je lui ai posé la main sur le genou.
À côté, Émilie a rugi.
Il a fermé les yeux.
– Mais c’est qu’il jouit ! C’est pas vrai qu’il jouit !
Il a terminé. Et s’est excusé, rouge de confusion.
– Pardon ! Je suis désolé…
– Tu peux ! Ah, tu peux ! Et moi alors ? Bon, mais on verra ça demain. Tu perds rien pour attendre. Va vite changer de pantalon en attendant…

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