mardi 8 octobre 2019

Clorinde, ma colocataire (50)


– Oh, vous vous réveillez ?
Je me suis redressé d’un bond, le cœur battant à tout rompre.
– Hein ? Quoi ? Qu’est-ce qu’il se passe ?
– Ah, quand même ! Eh, ben dis donc, ça vous réussit pas à vous, à ce qu’on dirait, de baiser à tout-va.
– Tu m’as fait une de ces frayeurs !
– Oh, le pauvre chéri ! Bon, mais dépêchez-vous ! On va être en retard.
– En retard ? Mais pour quoi faire ? On va où ?
– Là-bas. Chez moi. Grouillez, j’vous dis ! Habillez-vous ! Je vous expliquerai dans la voiture.

Au-dehors il faisait encore nuit noire.
– Forcément ! Il est que six heures. Vous avez pas une petite idée de ce qu’on va faire ?
– Pas la moindre, non.
Elle a soupiré.
– Faut vraiment tout vous expliquer à vous, hein ! Bon alors… le Vincent dans l’appart à côté qu’a son chauffe-eau en panne, à qui j’ai donné un double des clefs pour qu’il puisse venir se laver, il en a profité pour faire quoi à votre avis ?
– Fouiller un peu partout ?
– Il y a toutes les chances, oui. Et à la recherche de quoi ? Vous savez pas ? Même pas une petite idée ? Faut tout vous expliquer à vous, hein ! Ben, de mes petites culottes, tiens ! Qu’il a trouvées. Forcément. C’était pas bien difficile. Et il en a fait quoi ? Ben, il est allé se jeter sur notre lit avec, tiens ! Là où il s’imaginait nous avoir entendus baiser. Il a enfoui sa tête dans mon oreiller, dans mon parfum, et il s’est acharné sur sa queue comme un forcené. Et vous pouvez être tranquille qu’il a pas mis trois heures à décharger, alors là !
– Ça se tient, ton truc.
– Un peu que ça se tient. Et même que, dans la foulée, il est resté carrément dormir dans notre lit. Il y dort tous les soirs, vu qu’il est convaincu qu’on y reviendra pas tout de suite. Et donc…
– On va aller le prendre sur le fait.
– Voilà. Vous avez tout compris. Et on risque de bien s’amuser, non, vous croyez pas ?

Elle a collé son oreille à la porte, mis un doigt sur ses lèvres et chuchoté.
– Il est là. Il ronfle. Allez ! À la une, à la deux et à la trois !
Elle a ouvert la porte en trombe, a allumé la lumière.
Il s’est assis dans le lit, hirsute, l’air affolé.
– Je…
– Vous, quoi ? Et qu’est-ce que vous fichez dans mon plumard d’abord ?
– Rien. Rien. Je passais.
Elle a froncé les sourcils.
– Vous passiez ?
– Oui, mais je m’en vais. Je m’en vais. Je pars.
Il s’est précipitamment levé, s’est jeté sur son pantalon de pyjama. Qu’elle ne lui a pas laissé le temps d’enfiler. Qu’elle lui a arraché des mains.
– Ah, non, vous ne partez pas, non ! Pas avant de m’avoir expliqué ce que vous faisiez là. Eh bien ? J’attends.
– Je…
– Oui ?
Elle a brusquement poussé un cri horrifié.
– Mais c’est ma culotte, là, par terre ! C’est ma culotte ! Ah, mais je comprends mieux. Vous vous branliez dedans, hein, grand dégoûtant que vous êtes !
– Mais non, mais…
– Bien sûr que si ! Allez me la chercher !
Il la lui a tendue, tête basse, la queue pendouillant entre les jambes.
Elle l’a giflé avec. Par deux fois.
– Fichez-moi le camp ! Allez, ouste ! Dehors !
Et elle l’a expédié tout nu dans le couloir.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire