Je me suis réveillé en sursaut. J’ai tâté l’absence à mes
côtés et je me suis précipité à la cuisine où ne se trouvait
que Clorinde.
– Elle
est partie Alexandra ?
Elle
a tranquillement vidé sa tasse.
– Il
est dix heures, je vous ferai remarquer. Et elle a un métier, elle !
– Tu
l’as vue ? Elle t’a dit quelque chose ?
– Oh,
plein de choses ! Fort intéressantes d’ailleurs ! Non,
parce que, si je veux me faire une idée de la façon dont vous
baisez, vu que je peux pas juger moi-même sur pièces, le mieux,
c’est encore que je me renseigne. Et vous vous en êtes pas si mal
sorti que ça, à ce qu’il paraît. Mais enfin, faut bien
reconnaître aussi que vous avez bénéficié d’un préjugé
favorable au départ. Très favorable. Elle était de parti pris,
Alexandra. Elle est enchantée, ce qu’il y a de sûr. Et vous
pouvez remettre le couvert quand vous voulez. La prochaine fois, si
tout se passe bien, vous aurez même droit à une petite pipe. Elle a
pas osé hier. Parce qu’au début, comme ça, elle avait peur de ce
que vous pourriez penser d’elle. Mais elle en crevait d’envie.
N’empêche… Qui aurait cru, hein ? Qui aurait cru, le jour
où on s’est mis à la suivre parce que vous aviez flashé sur son
cul, qu’elle se retrouverait dans votre lit ? C’était pas
gagné. Après, reste à savoir comment ça va tourner, tout ça.
– Comment
ça va tourner ?
– Ben
oui. Oui. Parce que vous êtes libre. Et elle aussi. Alors il y a
toutes les chances qu’il lui pousse des idées derrière la tête.
Si c’est pas déjà fait…
– C’est
pas l’impression qu’elle m’a donnée.
– Oui,
non, mais ça, évidemment ! Évidemment ! Une nana,
aujourd’hui, elle se pointe pas comme ça, tranquille, la fleur au
fusil : « Coucou, c’est moi ! Je viens te mettre le
grappin dessus. » Non. Elle se la joue fine. Elle te fait
croire ce que t’as envie de croire. Que c’est juste pour prendre
du bon temps. Qu’elle a pas l’intention de s’investir le moins
du monde. Et puis, petit à petit, elle grignote. Elle gagne du
terrain. Elle t’enrobe. Et, au final, tu te retrouves installé
avec sans trop savoir au juste comment ça s’est passé. T’es
piégé. Et alors après, pour réussir à te dégager… Surtout
vous ! Je vous vois mal dans le rôle.
– Pourquoi
tu me dis tout ça ? Tu sais quelque chose ? Elle t’a
fait ses confidences ?
– Pas
vraiment, non ! Mais je sais lire entre les lignes. Après,
c’est vous que ça regarde, hein ! Vous faites bien ce que
vous voulez… Mais je vous aurai prévenu. Vous courez des risques.
Surtout que…
– Que
quoi ?
– Qu’elle
commence à en avoir soupé de son magnétiseur. Et qu’elle se
demande ce qu’elle fout encore avec. Ce que je peux comprendre.
Parce que des nuits aussi nulles que celle que je viens de passer,
j’en ai rarement connu. Non, mais attendez ! Le mec qui
débande quand vous l’avez dedans, c’est quand même pas banal.
Il a passé son temps à ça. Bander. Débander. Rebander.
Redébander. Et à s’excuser. Qu’il était désolé. Que j’étais
une fille hyper attirante pourtant. Qu’il avait une envie folle de
moi. Alors il comprenait vraiment pas ce qu’il se passait.
Peut-être les médicaments. On lui avait changé son traitement. Ce
dont j’avais strictement rien à foutre. Que ce soit ça ou autre
chose, moi, un mec qu’arrive pas à me satisfaire, j’ai pas
l’intention de perdre mon temps avec.
– Mais
Alexandra…
– On
l’a entendue jouir, oui, je sais… Mais apparemment c’est plus
vraiment le cas. Depuis un bon petit moment déjà. Bon, mais et
vous ?
– Quoi,
moi ?
– Vous
êtes monté deux fois à l’assaut cette nuit, à ce qu’elle m’a
dit. Deux fois et demi même. Vous croyez que vous allez pouvoir
assurer avec la Mégane, là ? Surtout que, si elle a pas vu le
loup depuis des mois, comme elle le prétend, elle va être sacrément
demandeuse.
– On
verra. Je te dirai.
– Oh,
oui, hein ! Avec tous les détails. Je veux tout savoir.
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