mardi 29 janvier 2019

Clorinde, ma colocataire (14)

– Ça va comme ça ?
Un petit short bleu moulant. Un haut assorti plus clair qui lui dessinait les seins au plus près.
– Tu veux lui faire avoir un infarctus à ce pauvre Martial ?
– Oh, ben attendez ! Faut bien qu’il ait un peu de plaisir à me regarder.

Pour en avoir, il en a eu. Il a profité de toutes les allées et venues qu’elle a multipliées comme à plaisir, pendant tout le repas, sous les prétextes les plus divers, pour la dévorer des yeux. Pour se repaître d’elle.
Dès qu’elle se rasseyait, il la soumettait à un interrogatoire en règle. Ça consistait en quoi, au juste, la psychologie à la fac ? Ça lui plaisait ? Oui ? Et le cinéma ? C’était quoi son genre de films préféré ? Et en musique ? Shaka Ponk, elle appréciait ? Et ses vacances ? Elle les passait où, ses vavances ? C’était un feu roulant de questions auxquelles elle répondait de bonne grâce sans jamais se départir d’un lumineux sourire.
Aussi s’est-il senti autorisé à s’aventurer sur un terrain plus personnel. Ravissante comme elle était, elle devait avoir une foule d’adorateurs. Et il y avait sûrement un heureux élu, non ? Elle a éludé. Non. Oui et non. Elle avait bien le temps. En attendant, elle s’amusait. C’était de son âge. Une fois l’un, une fois l’autre. Comme ça se trouvait. Sans se prendre la tête. On n’était plus au Moyen-Âge. Et les filles aujourd’hui, elles menaient leur vie comme elles l’entendaient. Il a abondé dans son sens. Elle avait bien raison. Et c’est sûrement pas lui qu’allait lui dire le contraire. Ah, non alors ! Il allait d’autant moins le lui dire qu’il commençait à se frotter intérieurement les mains. Eh, mais c’est que s’il s’y prenait bien, il allait peut-être pouvoir la mettre dans son lit, cette jolie petite caille. À condition de ne pas s’emballer. De poser un à un les jalons.

Au dessert, son portable a bipé. Un SMS. Qu’elle a lu en haussant les épaules.
– Non, mais ces pauvres mecs, des fois !
Je lui ai posé la main sur le poignet.
– Qu’est-ce qu’il t’arrive ?
– C’est Jeanne, là, une copine. Son mec veut la larguer. Et vous savez pourquoi ? Je vous le donne en mille. Parce qu’elle veut pas se raser le minou. Il ferait beau voir qu’un mec, il me demande un truc pareil, moi ! Il aurait pas fait le plus dur.
Je suis entré dans le jeu.
– Ce serait si grave que ça ?
– Ce qui serait grave, c’est qu’il veuille décider à ma place de comment faut que je sois. Non, mais ils vont bien, eux. Mon minou, je me le rase quand ça me chante. Et quand ça me chante, je laisse repousser. Et je le taille ou pas. À la française ou à l’anglaise. Selon l’humeur du moment. Et, à l’occasion, en forme de cœur ou de papillon. On n’a que l’embarras du choix en fait.
J’ai saisi la perche qu’elle me tendait.
– Et en ce moment, il est comment ?
Elle m’a tiré la langue.
– Vous saurez pas.

On a raccompagné Martial jusqu’à sa voiture. Qu’on a regardée s’éloigner.
Elle a éclaté de rire.
– Sa tête ! Non, mais vous avez vu sa tête quand j’ai parlé de Jeanne ?
– Faut dire que lui brandir ton petit minou sous le nez, comme ça ! Le lui décrire dans toutes les configurations possibles et imaginables. Déjà qu’il flashait complètement dessus…
– Ben justement, c’est pour ça ! Qu’il puisse mieux l’imaginer. En rêver tout son saoul.
– Sauf que maintenant que tu lui as mis l’eau à la bouche…
– Il va vouloir y jeter un œil pour de bon ? Oui, ben ça on verra. Je dis pas non. Mais je dis pas oui non plus. Ça va dépendre si j’en suis ou pas. Et de plein d’autres choses.

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