mardi 15 janvier 2019

Clorinde, ma colocataire (12)


– Vous venez ? Je me suis fait couler un bain. On discutera comme ça pendant ce temps-là.
Elle s’y est voluptueusement immergée. Jusqu’au cou.
– Ça t’arrive souvent de t’offrir des petites gratouilles en public ?
– Oh, oui ! J’adore. Vous auriez vu ces délires qu’on se tapait avec ça, toutes les deux, Emma et moi…
– Et vous vous êtes jamais fait capter ?
– Oh, si ! Deux fois. Et alors là, je peux vous dire que c’était pas triste. On fait attention pourtant. Vous avez bien vu tout-à-l’heure. Mais bon, il arrive qu’il y ait des impondérables. D’autres fois aussi ça a failli. Il y en a qu’ont manifestement eu des doutes. Mais c’en est resté là.
Mon téléphone a sonné.
– Ah, tiens ! Ce brave Martial…
– Mettez le haut-parleur ! Vous mettez le haut-parleur ?
On a d’abord échangé quelques banalités. Et puis il a insensiblement amené la conversation là où il avait envie qu’elle aille.
– Ça tient toujours ton invitation ?
– Bien sûr, oui ! Pourquoi ça tiendrait plus ?
– Et, excuse-moi de te demander ça, mais ce sera quand ?
– Dès que possible. Comme je t’ai dit, en ce moment je sais plus trop où donner de la tête. Je suis pris quasiment tous les soirs et…
– Je sais bien… J’me doute ! Mais mets-toi à ma place : je te rencontre avec une merveille de petite nana qui mettrait l’eau à la bouche de n’importe qui. À laquelle j’arrête pas de penser depuis l’autre jour…
– Oh, à ce point ?
– À ce point, oui…
– Te fais pas trop d’illusions quand même !
– Elle a quelqu’un, c’est ça, hein ? J’en étais sûr qu’elle avait quelqu’un.
Clorinde m’a fait signe que oui. De la tête. De lui dire que oui.
– Après, je sais pas trop au juste ce qu’il y a entre eux. La seule chose que je puisse te dire avec certitude, c’est qu’elle prend un sacré pied avec, ça !
– Tu les as entendus ?
– Mieux que ça.
– Tu les as vus ? C’est pas vrai que tu les as vus !
– Eh, si ! Un soir que je suis rentré plus tôt que prévu. Ils étaient en pleine action sur le tapis du salon. Si bien en pleine action qu’ils m’ont pas entendu arriver.
– Et t’en as bien profité, mon salaud !
– Ah, ben ça !
Elle s’est un peu redressée dans la baignoire. Ses seins ont doucement navigué à la surface de l’eau. Et elle m’a menacé du doigt. En riant.
– Mais alors, du coup, tu l’as vue à poil finalement !
– Et comme il faut ! Elle était à quatre pattes. Le derrière en l’air. En train de lui tailler une pipe. J’te dis pas le panorama.
Elle a arrondi les lèvres en un « Oh ! » scandalisé. Mais ses yeux souriaient.
– Elle est comment ? Ben, raconte, quoi !
– Comment ça « comment » ?
– Je sais pas, moi ! Son minou, elle l’ébarbe ?
Elle a eu un long rire silencieux.
– Complètement. Il y a pas un poil. Rien.
– Oh, putain ! Et t’es sûr que tu peux pas nous trouver un soir dans la semaine ?
– Je vais voir ça ! Je vais essayer de me débrouiller.
– Oh, oui, hein ! Je compte sur toi…
J’ai raccroché.
Elle a enjambé le rebord de la baignoire.
– Faut le faire venir sans trop tarder maintenant…
C’était bien aussi mon avis.

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