– Comment
elle est bonne ! Un vrai délice !
Elle
n’avait pas perdu de temps. Elle était déjà à l’eau.
Toute
nue.
– On
en profite vachement mieux comme ça, vous trouvez pas ?
J’en
étais moi aussi intimement convaincu.
– Ah,
vous voyez ! Eh ben allez, alors ! Virez-moi toutes vos
frusques et venez me rejoindre. Qu’on fasse la course. Vous tenez
pas trois longueurs de piscine, je suis sûre…
– Oui,
ben c’est ça, ce qu’on va voir.
– C’est
tout vu.
On
s’est affalés, hors d’haleine, sur deux matelas pneumatiques,
côte à côte.
– Comment
je vous ai pelé, n’empêche !
– Forcément,
t’as triché.
– Wouah !
Cette mauvaise foi ! Je vous parle plus puisque c’est comme
ça.
Et
elle a fermé les yeux. Elle s’est voluptueusement offerte aux
caresses du soleil auquel elle a abandonné ses seins en pente douce,
aux larges aréoles claires, aux pointes légèrement dressées. Son
ventre au galbe parfait. Ses cuisses resserrées qui ne laissaient à
découvert que l’extrémité supérieure, totalement glabre, de son
encoche d’amour.
Elle
s’est retournée. De l’autre côté. La nuque. La longue descente
du dos. Les deux petites fesses si gentiment rebondies.
À
nouveau pile. À nouveau face. Longtemps.
Elle
a fini par se redresser, par se tourner vers moi, appuyée sur un
coude.
– Pourquoi
vous restez toujours sur le ventre ? Vous voulez vous bronzer
que le dos ?
J’ai
haussé les épaules.
– C’est
comme ça. Je sais pas.
– Oui,
ben moi, je sais ! C’est que vous bandez comme un âne que je
sois là, comme ça, à côté de vous et que vous voulez pas que je
m’en aperçoive. C’est pas vrai peut-être ? Ah, vous
voyez ! Vous répondez pas. Ça veut tout dire. Oh, mais c’est
normal, pour un mec, de bander, hein ! C’est le contraire qui
l’est pas.
Elle
a chassé, d’une pichenette, un insecte venu se poser sur son sein.
– En
même temps, je vous comprends de réagir comme ça. Parce qu’il y
en a plein des filles de mon âge qui supportent pas l’idée de
faire de l’effet à un homme du vôtre. Vu qu’elles n’éprouvent
pas d’attirance pour lui, elles voudraient qu’il en ait pas non
plus pour elles. Ben oui, mais c’est pas comme ça que ça se
passe ! Une fille, à vingt ans, elle est au top du top. Elle
brille de tous ses feux. Qu’elle le veuille ou non, elle attise le
désir. Il a beau avoir quarante ans le type, ou cinquante ou
soixante, elle l’émeut. Elle lui chavire la tête et les sens.
C’est comme ça. Faut faire avec. Moi, ça me dérange pas. Pas du
tout. Même qu’on soit nettement plus âgé que moi. Du moment
qu’on reste dans les clous. Qu’on essaie pas de passer à l’acte.
Parce que coucher alors là, non, non et non. Pas question !
C’est réservé aux jeunes comme moi, ça. Et c’est pas
négociable. Par contre, qu’on flashe sur moi, quel que soit l’âge,
j’y vois pas vraiment d’inconvénient. C’est même plutôt
gratifiant. Carrément flatteur, oui. D’ailleurs, c’est pas pour
me vanter, mais…
– Mais ?
– C’est
quand même plutôt souvent que ça m’arrive. Et des types bien de
leur personne, hein ! Des messieurs. Ce qu’est trop, c’est
quand ils essaient de le cacher et qu’ils y arrivent pas. Que c’est
plus fort qu’eux. Qu’ils arrêtent pas de te jeter des coups
d’œil par en dessous. Tu te régales à les voir faire. Deux, il y
en a eu hier. Un dans le bus. Cinquante ans. Quelque chose comme ça.
Juste en face de moi il était assis. Et un autre à la poste,
pendant que j’attendais mon tour. Dans la file d’à côté, il
faisait la queue. Et aujourd’hui, il y a eu vous.
Elle
s’est levée.
– Tout
de suite, dès que vous m’avez vue, dès que j’ai passé la
porte, je vous ai tapé dans l’œil. Je me trompe ?
Et
elle s’est jetée à l’eau.
Elle
se trompait pas, non.
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