mardi 30 octobre 2018

Clorinde, ma colocataire (1)



– Maxime ! Comment tu vas ? Ça fait si longtemps…
– Vingt ans. Plus de vingt ans. La dernière fois c’était à Mougins juste avant la naissance de Clorinde.
– Que je ne connais pas du coup.
– Que tu ne connais pas, non. Et justement : c’est à propos d’elle que je t’appelle. Si tu pouvais nous rendre un petit service, ça nous retirerait une sacrée épine du pied.
– Si c’est dans mes cordes…
– Que je t’explique. On lui avait trouvé un petit appart sympa à deux pas de la fac, sauf qu’hier, quand on s’est pointés, il s’est avéré que c’était une arnaque. Le type a loué une bonne douzaine de fois un truc qui lui appartenait pas et s’est barré avec les cautions. Sans doute à l’étranger. Et on se retrouve le bec dans l’eau. À deux jours de la rentrée.
– Je vois.
– Alors comme t’habites quasiment la porte à côté de la fac, on se demandait si t’aurais pas pu l’héberger. Juste quelques jours. En dépannage. Le temps qu’on se retourne. Qu’on lui cherche quelque chose de potable. Mais si ça te dérange, tu me dis franchement, hein, je me vexerai pas.
– Aucun souci. J’ai de la place.
– Elle t’encombrera pas, tu verras. C’est pas le genre. Elle mènera sa petite vie de son côté et te laissera mener tranquillement la tienne.
– Mais oui, j’te dis ! Amène-la quand tu veux.

Ce fut le lendemain matin.
C’était une fille aux yeux vifs, châtain clair, bronzée, qui m’a gratifié d’un large sourire.
– Merci. c’est sympa. Parce que sans vous…
Et a aussitôt voulu aller visiter sa chambre.
– Oh, mais c’est immense ! Je vais être comme une poule en pâte, moi, là-dedans. Je peux voir le reste ?
Je l’ai accompagnée de pièce en pièce.
– Mais c’est un palace ! Un vrai palace.
Elle s’est penchée à la fenêtre qui donnait sur l’arrière.
– Et il y a une piscine ! C’est pas vrai qu’il y a une piscine ! Oh, mais je repars pas, moi ! Je reste là jusqu’à la fin des temps.
Maxime a souri, haussé les épaules.
– Elle est nature, hein ! Bon, mais je te la laisse. Et encore merci.

Elle s’est installée.
Dans la chambre. La porte du dressing s’est ouverte et fermée à plusieurs reprises.
Dans la salle de bains.
– Hou ! Hou ! Vous êtes par là ? Je peux pas avoir un peu de place sur la tablette au-dessus du lavabo ?
Des flacons. Des tubes. Des sprays. Des boîtes.
– Tout ça !
– Ah, ben, eh ! Si je veux être un minimum présentable…
Je lui ai libéré un peu d’espace.
– C’est tout ?
Un peu plus.
– Je voudrais vous demander un truc, tiens, tant que j’y suis.
– Je t’écoute.
– Ma chambre, là, je pourrai pas y faire venir quelqu’un des fois ?
– T’as un petit copain ?
– Attitré, non. Mais des fois ça arrive qu’il y ait un mec qui me plaise bien.
– Tu feras bien comme tu voudras.
– Oh, mais allez pas vous faire un film non plus, hein! Ce sera pas le défilé. Bon, mais vous savez quoi ? Je crève d’envie d’aller me baigner, moi. Vous venez ? On y va ?
Et elle a dévalé l'escalier sans attendre ma réponse.

2 commentaires:

  1. Bonjour,
    alors franchement y a eu un mais c'est quoi c'te prénom?! et ensuite je suis sûre ( pas du 100% quand même, mais du allez 99,9999%)que pour celui qui l’héberge ça va pas être de tout repos... que va y avoir des pensées, des glissantes, voir savonneuses..^^
    Par contre c'est drôle dans un sens (enfin.. peut-être pas)mais à chaque fois dans vos histoires, les habitudes de filles (là la salle de bain par exemple)me sont complètement inconnues.. ça m'en fait même douter sur mon comportement,le côté mais dis donc au final es-tu vraiment une fille ? ( vu que quand même y a pas que vous qui les écrivez comme ça, une sorte de généralité, où je ne me retrouve pas dedans)...
    je sens venir les tentations, les frustrations (peut-être) et des tas d'envies.. vont-elles être assouvies ?... ^^

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  2. Les parents vont quelquefois chercher des prénoms de derrière les fagots que les enfants, ensuite, sont obligés de porter toute leur vie. Quant à la façon dont les filles investissent les salles de bain, je ne crois pas, en effet, que ma Clorinde soit une exception.
    Il va, à coup sûr, se passer - et ne pas se passer - beaucoup de choses entre eux et des choses qui risquent de moi-même me surprendre puisque je n'ai encore écrit que la moitié (à peu près) de cette histoire.

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