mardi 23 octobre 2018

Alyssia, ma femme (32)


– Alyssia !
– Quoi ?
– Tu te lèves pas ? Tu vas être en retard.
– Quel jour on est ?
– Jeudi.
– Oh, putain, oui ! C’est vrai qu’on est en semaine. C’est pour ça qu’ils sont partis, les jumeaux. Ils bossent.
– Et nous aussi ! Normalement…
– Ils m’ont pas lâchée. Toute la nuit j’y ai eu droit.
– J’ai entendu ça, oui.
– Oh, ben, de ton côté, c’était pas mal non plus. T’en as fait quoi, d’ailleurs, d’Eugénie ?
– Elle avait les petits déjeuners à s’occuper.
– Je t’avais dit que ça allait pas tarder avec elle. Je te l’avais pas dit ? Et, apparemment, ça s’est plutôt bien passé. En plus ! Non ?
– Elle est adorable.
– Et ça aussi, je te l’avais dit…
– Quoi donc ?
– Que t’es amoureux d’elle.
– Cette fois, tu vas être en retard, c’est sûr.
– J’y vais pas. Je suis pas en état. Toi non plus, d’ailleurs, t’as de ces valises sous les yeux.
– On reste là alors ?
– Ou on va passer la journée quelque part ? Tous les deux ? Rien que nous deux ?

Ce fut, une nouvelle fois, Rocamadour.
– Comme le jour où…
On y est arrivés sur le coup de midi
– On déjeune là-bas ?
– Bien sûr.
La terrasse sous les tilleuls.
On a éteint nos portables.
– Qu’on soit tranquilles.
On a étudié la carte.
– Je sais ce que tu vas prendre…
– Moi aussi…
Émincés de foie gras et magrets de canard. Évidemment… Ça s’imposait.
On s’est souri. On s’est pris la main par-dessus la table.
– On peut bien dire ce qu’on veut, mais nous, ce sera toujours nous.
– Et de plus en plus.
– Surtout maintenant que…
Elle n’a pas achevé sa phrase.

Elle nous a voulu une petite sieste.
– Fais-moi l’amour ! Tout doux. Tout tendre.
– Vos désirs sont des ordres, chère Madame.
Mes doigts sur ses joues. Sur ses lèvres. Mes yeux dans les siens. On a fait durer. Longtemps. Et son plaisir l’a transpercée. Véhément. Débondé.
Elle est restée dans mes bras.
– C’est la première fois…
Les larmes lui sont montées aux yeux.
– C’est la première fois que j’en ai avec toi. Jamais, avant…
Elle s’est blottie contre moi.
– Si tu savais ce que j’en ai rêvé de ce moment-là…

On a passé le reste de l’après-midi à remettre nos pas dans nos pas. Main dans la main. À profiter du soleil. De la beauté des lieux. De nous.
Le château. Le sanctuaire. Puis la forêt des singes. On a erré au milieu d’eux. On leur a distribué des pop-corns. On s’est assis sur un banc et on les a regardés jouer, grimper aux arbres, en redescendre, se chamailler tant et plus.
– Et maintenant ?
– Eh bien ?
– On va faire quoi pour les autres, là ?
– Rien. Rien de spécial. Il y a rien de changé. Si ?
– Non. À part nous. Mais ça, ça ne regarde que nous.
– Exactement.
– On a été bien contents de les trouver. On va pas s’en débarrasser, comme ça, du jour au lendemain, sous prétexte qu’on n’a plus besoin d’eux.
– D’autant que c’est complètement faux. Ils peuvent encore nous apporter beaucoup. Énormément.
– Et nous à eux.
On s’est tendu les lèvres.

Le lendemain, au réveil, on a rallumé nos portables.
– J’ai un message de Benjamin.
– Et moi, d’Eugénie.

2 commentaires:

  1. Enfin un peu d'amour.

    Ils se retrouvent, c'est bien.

    C'est juste dommage que ça n'apparaisse que sur la fin.

    RépondreSupprimer
  2. Il fallait en passer par là pour crever l'abcès. Ils peuvent désormais prendre un nouveau départ.

    RépondreSupprimer