– Déjà !
Eh ben, dis donc, c’était un petit saut.
– Oui,
oh ! Ça va être aussi plan plan que l’an dernier. Et, à
moins que, parmi les nouveaux, il y ait deux ou trois mecs
consommables, je vais encore m’emmerder comme un rat mort, moi,
c’est couru d’avance. Bon, mais passons aux choses sérieuses.
Vous avez vu ce temps ? Piscine, non ? Ça s’impose.
D’autant que je vous dois une revanche, même si le résultat fait
pas le moindre doute. Vous allez encore vous traîner lamentablement
loin derrière.
– Non,
mais écoutez-moi cette petite prétentieuse ! Tu vas voir ce
que tu vas voir…
– Et
là, pas calmée ?
On
venait de se laisser tomber, comme la veille, sur les matelas.
– Forcément !
Je vous ai laissé gagner. Faut bien que je vous caresse un peu dans
le sens du poil si je veux pouvoir rester ici.
– Non,
mais alors là ! Alors là ! Quelle petite saloperie tu
fais !
Elle
m’a tiré la langue.
– En
douce que vous avez quand même fait de sacrés progrès depuis hier.
Et pas seulement dans l’eau.
J’ai
levé sur elle un regard interrogateur.
– Ben,
oui ! Vous vous êtes décoincé. Vous bandez un peu, pas mal
même, mais au moins, cette fois-ci, vous vous planquez pas
honteusement, sur le ventre, pour le faire.
Et
son regard s’est tranquillement installé sur moi en bas. S’y est
longuement attardé.
Elle
a constaté, avec un petit sourire amusé.
– Vous
êtes souvent comme ça, n’empêche, vous, les mecs ! Suffit
qu’on vous pose les yeux dessus pour qu’elle se mette à grimper.
Et alors si, en plus, on vous cause d’elle !
Elle
s’est absorbée dans sa contemplation.
– J’aime
trop voir ça, moi ! Ça monte. Ça redescend. Ça repart. Ça
fait tout un tas de soubresauts. On sait jamais jamais si elles sont
à fond ou si elles ont encore de la marge. N’empêche, il y en a
pas deux pareilles, si on y réfléchit bien. C’est ce qui fait
tout l’intérêt de la chose d’ailleurs.
Elle
s’est laissée retomber sur le dos.
– Stop !
Suffit. C’est tout pour aujourd’hui. Faut pas abuser des bonnes
choses. On finit par s’en lasser sinon. C’est ce qu’elle dit
toujours ma copine Emma. Et, là-dessus, elle a raison. Elle est
trop, Emma. Ah, pour une vedette, c’est une vedette ! Je vous
la ferai connaître, vous verrez ! Elle vous plaira, j’en suis
sûre. Elle est encore pire que moi.
Son
portable a bipé.
– C’est
pas vrai ! Ils me ficheront pas la paix…
Elle
y a jeté un coup d’œil. A soupiré. L’a reposé.
– En
attendant, si je suis comme je suis maintenant, c’est grâce à
elle, Emma. Parce que vous m’auriez vue, il y a encore seulement
deux ans ! Pleine de principes, la fille ! Bardée de tout
un tas de préjugés. Comment elle m’a fait voler tout ça en
éclats ! « Ben, quoi ! Ils passent bien leur temps à
nous mater tout partout, les mecs. Pourquoi on aurait pas le droit de
faire pareil avec eux, nous ? » Et elle ne s’en privait
pas. Dès qu’il y avait une occasion, elle sautait dessus. Je
comprenais pas au début. Qu’est-ce qu’elle pouvait bien y
trouver ? Et puis, à force de la voir faire, de l’entendre en
parler, j’ai fini par me donner le droit d’y prendre, moi aussi,
du plaisir. On aime toutes ça en fait, nous, les filles, voir
comment les mecs sont montés. Mais on ose pas se l’avouer. On se
l’interdit. C’est pas du regard des autres qu’on a surtout
peur, en l’occurrence, c’est du regard de soi-même sur soi-même.
Qu’est-ce que je vais penser de moi ? Ben rien, en réalité !
Il y a aucune espèce de raison d’avoir honte, si on y réfléchit
bien. De laisser des idées convenues qui n’ont aucun fondement
réel nous dicter leur loi. Une fois que t’as a compris ça… Eh
ben, une fois que t’as compris ça, qu’est-ce que t’as comme
retard à rattraper !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire