Lundi 18 janvier 2084
Marvine
a voulu que je descende au labo avec elle…
– Tu
verras comment ça se passe comme ça…
Oh,
mais je savais déjà… Avec tous les reportages qu’il y avait eu
là-dessus…
– C’est
pas pareil… Ça n’a strictement rien à voir quand c’est en
vrai…
Oui,
mais… Fallait que j’aille travailler… Que je descende aux
archives… C’est pour ça que j’étais là…
– Ça
te fiche la trouille, hein, c’est ça ?
Un
peu, oui… Parce qu’avant vendredi, là, sous la douche, jamais
j’en avais vu des vivants des hommes… Et on pouvait jamais savoir
comment ils allaient réagir avec nous… Tout le monde le disait…
Même elle l’autre soir… Que si jamais on les lâchait dans la
nature…
– Oh,
mais c’est complètement différent, attends ! Dehors ils
seraient livrés à eux-mêmes… Alors qu’ici c’est parfaitement
maîtrisé… En vingt secondes la sécurité est sur les lieux si il
faut… Non… Et puis ils savent à qui ils ont affaire… Et
t’inquiète pas qu’avec moi ils filent droit… Allez, viens,
va !
Il
en est arrivé six. Tous ensemble. Tout nus. Qui ont bredouillé un
vague bonjour. Qui m’ont jeté des regards surpris. Il y en a un
qui s’est carrément planté devant moi…
– C’est
qui celle-là ?
– Si
on te le demande, tu diras que t’en sais rien… Allez, file
là-bas ! À ta place… Et au boulot…
Il y
en avait deux qui avaient déjà commencé. Frénétiquement. Sans me
quitter des yeux. Qui ont presque tout de suite abouti…
– Eh,
ben dites donc ! Fallait pas vous en promettre à vous,
aujourd’hui…
Elle
a étiqueté. Rangé. Les a congédiés d’une petite claque sur les
fesses. S’est penchée à mon oreille.
– Tu
leur fais de l’effet, dis donc ! Ça t’embête pas au
moins ?
Ça
m’embêtait pas, non… C’est juste que ça me faisait bizarre
comment ils me regardaient… Un peu comme certaines filles quand
elles ont envie… Mais, en même temps, pas vraiment pareil… C’est
plus… Je sais pas comment dire… J’ai pas l’habitude avec eux
en fait…
– En
tout cas, moi, égoïstement, ça m’arrange… Plus de soixante
j’en ai à faire produire aujourd’hui… Alors plus vite ils
auront fini et plus vite je pourrai passer à autre chose…
Et
ça a continué. Ils allaient se chercher. Avec plus ou moins
d’ardeur. Certains en me regardant. Ou, moins souvent, en regardant
Marvine. Il y en avait aussi qui fixaient le plafond. Quand ça
approchait, ils se la mettaient dans le tube. Ça coulait dedans.
Elle rapetissait. Ils se levaient. Ils partaient. Et d’autres
venaient aussitôt prendre leur place.
– Ben
alors… Qu’est-ce qui t’arrive, toi, aujourd’hui ?
Ça
faisait bien une demi-heure qu’il s’escrimait sans succès le
type.
– Je
sais pas… Je…
– Tu
sais pas ! Ben, voyons… Je vais te le dire, moi, ce qui
t’arrive… C’est que tu t’es épuisé toute la nuit… En
pensant à tout un tas de cochonneries… À chaque fois c’est
pareil… Et le lendemain faut que je te dépanne… Bon, mais je te
préviens : c’est la dernière fois… Le prochain coup tu te
débrouilles… Et je te colle un rapport…
Tout
ce qu’elle voulait. Tout ce qu’elle voulait pourvu que…
À
d’autres aussi elle l’a fait.
– T’en
as pour des heures sinon…
À
trois ou quatre. Parce que, malgré tous leurs efforts, ça sortait
pas. Ou même, qu’elle grossissait pas… Oh, mais avec elle ça
allait vite avec elle. Elle refermait sa main dessus. Ça montait. Ça
descendait.Vite. De plus en plus vite. Il fermait les yeux le type.
Il se cabrait. Ça jaillissait. Et hop, c’était fini…
– Tu
le reconnais pas ?
Ben
si, je le reconnaissais. Évidemment que je le reconnaissais. C’était
celui de l’autre jour. Dans les douches.
– Dortax,
oui…
Qui
a écarquillé les yeux quand il m’a vue. Ça s’est dressé tout
droit. D’un bond. Marvine a éclaté de rire.
– Oh,
toi, ça va pas mettre deux heures…
Elle
croyait pas si bien dire. Parce qu’à peine il était allongé…
Même pas le temps de se mettre la main dessus. Encore moins
d’attraper le tube. C’est sorti. Ça a giclé. Loin. Torrentiel.
– Ah,
ben bravo ! Bravo ! T’as pas honte de gaspiller la
marchandise comme ça ? Oui, bon… Ben, t’as plus qu’à
recommencer… Dix minutes de récupération je te laisse… Pas une
de plus… Et tâche d’assurer, hein !
– Ça
y est ! Elle regrimpe…
– Forcément !
Il arrête pas de te regarder…
– Tu
crois que c’est ça ?
– Je
crois pas… Je suis sûre… Tu veux aller lui faire ?
– Moi ?
Je saurai jamais…
– Bien
sûr que si ! T’as bien vu comment je m’y prenais… C’est
vraiment pas sorcier…
C’est
pas sorcier, non… Il a aimé, ça se voyait… Et il m’a dit
merci…
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