samedi 16 mai 2015

Journal d'Amerina (9)

Lundi 18 janvier 2084


Marvine a voulu que je descende au labo avec elle…
– Tu verras comment ça se passe comme ça…
Oh, mais je savais déjà… Avec tous les reportages qu’il y avait eu là-dessus…
– C’est pas pareil… Ça n’a strictement rien à voir quand c’est en vrai…
Oui, mais… Fallait que j’aille travailler… Que je descende aux archives… C’est pour ça que j’étais là…
– Ça te fiche la trouille, hein, c’est ça ?
Un peu, oui… Parce qu’avant vendredi, là, sous la douche, jamais j’en avais vu des vivants des hommes… Et on pouvait jamais savoir comment ils allaient réagir avec nous… Tout le monde le disait… Même elle l’autre soir… Que si jamais on les lâchait dans la nature…
– Oh, mais c’est complètement différent, attends ! Dehors ils seraient livrés à eux-mêmes… Alors qu’ici c’est parfaitement maîtrisé… En vingt secondes la sécurité est sur les lieux si il faut… Non… Et puis ils savent à qui ils ont affaire… Et t’inquiète pas qu’avec moi ils filent droit… Allez, viens, va !

Il en est arrivé six. Tous ensemble. Tout nus. Qui ont bredouillé un vague bonjour. Qui m’ont jeté des regards surpris. Il y en a un qui s’est carrément planté devant moi…
– C’est qui celle-là ?
– Si on te le demande, tu diras que t’en sais rien… Allez, file là-bas ! À ta place… Et au boulot…
Il y en avait deux qui avaient déjà commencé. Frénétiquement. Sans me quitter des yeux. Qui ont presque tout de suite abouti…
– Eh, ben dites donc ! Fallait pas vous en promettre à vous, aujourd’hui…
Elle a étiqueté. Rangé. Les a congédiés d’une petite claque sur les fesses. S’est penchée à mon oreille.
– Tu leur fais de l’effet, dis donc ! Ça t’embête pas au moins ?
Ça m’embêtait pas, non… C’est juste que ça me faisait bizarre comment ils me regardaient… Un peu comme certaines filles quand elles ont envie… Mais, en même temps, pas vraiment pareil… C’est plus… Je sais pas comment dire… J’ai pas l’habitude avec eux en fait…
– En tout cas, moi, égoïstement, ça m’arrange… Plus de soixante j’en ai à faire produire aujourd’hui… Alors plus vite ils auront fini et plus vite je pourrai passer à autre chose…
Et ça a continué. Ils allaient se chercher. Avec plus ou moins d’ardeur. Certains en me regardant. Ou, moins souvent, en regardant Marvine. Il y en avait aussi qui fixaient le plafond. Quand ça approchait, ils se la mettaient dans le tube. Ça coulait dedans. Elle rapetissait. Ils se levaient. Ils partaient. Et d’autres venaient aussitôt prendre leur place.

– Ben alors… Qu’est-ce qui t’arrive, toi, aujourd’hui ?
Ça faisait bien une demi-heure qu’il s’escrimait sans succès le type.
– Je sais pas… Je…
– Tu sais pas ! Ben, voyons… Je vais te le dire, moi, ce qui t’arrive… C’est que tu t’es épuisé toute la nuit… En pensant à tout un tas de cochonneries… À chaque fois c’est pareil… Et le lendemain faut que je te dépanne… Bon, mais je te préviens : c’est la dernière fois… Le prochain coup tu te débrouilles… Et je te colle un rapport…
Tout ce qu’elle voulait. Tout ce qu’elle voulait pourvu que…

À d’autres aussi elle l’a fait.
– T’en as pour des heures sinon…
À trois ou quatre. Parce que, malgré tous leurs efforts, ça sortait pas. Ou même, qu’elle grossissait pas… Oh, mais avec elle ça allait vite avec elle. Elle refermait sa main dessus. Ça montait. Ça descendait.Vite. De plus en plus vite. Il fermait les yeux le type. Il se cabrait. Ça jaillissait. Et hop, c’était fini…

– Tu le reconnais pas ?
Ben si, je le reconnaissais. Évidemment que je le reconnaissais. C’était celui de l’autre jour. Dans les douches.
– Dortax, oui…
Qui a écarquillé les yeux quand il m’a vue. Ça s’est dressé tout droit. D’un bond. Marvine a éclaté de rire.
– Oh, toi, ça va pas mettre deux heures…
Elle croyait pas si bien dire. Parce qu’à peine il était allongé… Même pas le temps de se mettre la main dessus. Encore moins d’attraper le tube. C’est sorti. Ça a giclé. Loin. Torrentiel.
– Ah, ben bravo ! Bravo ! T’as pas honte de gaspiller la marchandise comme ça ? Oui, bon… Ben, t’as plus qu’à recommencer… Dix minutes de récupération je te laisse… Pas une de plus… Et tâche d’assurer, hein !

– Ça y est ! Elle regrimpe…
– Forcément ! Il arrête pas de te regarder…
– Tu crois que c’est ça ?
– Je crois pas… Je suis sûre… Tu veux aller lui faire ?
– Moi ? Je saurai jamais…
– Bien sûr que si ! T’as bien vu comment je m’y prenais… C’est vraiment pas sorcier…

C’est pas sorcier, non… Il a aimé, ça se voyait… Et il m’a dit merci…

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