mardi 7 avril 2020

Hébergement d'urgence (4)


Ça ne l’a finalement pas été. Parce que ce dimanche matin-là, elle a surgi dans la cuisine, à pas de loup, complètement nue, un doigt sur les lèvres.
– Chuuuut ! Faites pas de bruit ! Il vient juste de s’endormir. Faut qu’il récupère, le pauvre…
Ah, ça, c’est sûr qu’il devait en avoir besoin. Vu la pantomime que ça avait été toute la nuit. Et qui venait tout juste de s’achever un quart d’heure auparavant.
– En attendant, j’ai une de ces faims, moi !
Et elle s’est empressée d’aller se préparer son petit déjeuner. Le plus silencieusement possible. Elle allait, venait, se retournait, revenait, repartait, recommençait. Et je l’ai eue. Tout à loisir. De face : ses petits seins menus, fragiles, moirés, tout attendrissants avec leurs pointes rosées encore toutes tendues des plaisirs de la nuit. De dos : ses fesses. Pommelées à souhait. Bien délimitées par une longue échancrure de rêve. Encore de face : l’encoche d’amour offerte dans toute sa vérité. Avec juste, tout en haut, un petit échantillon de poils frisottants d’un léger châtain clair. Un enchantement. Un pur enchantement.
Elle a fini par venir s’asseoir en face de moi.
– Vous savez quoi ?
Avec un sourire ravi.
– Eh ben, celui-là, bonne pioche, c’est un acharné du cunni. Doué en plus. Et comment il tient la distance ! Quand ça dure comme ça et que c’est hyper bien fait, tu sais plus où t’habites. T’es plus rien qu’un bloc de jouissance. Je donnerais tout pour ça, moi !
Elle s’est crispée. A esquissé une petite grimace.
– Ça va pas ?
– Oh, si ! Mais elle redescend sa jute ! Et c’est qu’il y en a ! J’aurais dû mettre une culotte. Je vais vous pourrir la chaise. Seulement je voulais pas risquer de le réveiller. Il dormait si bien…
Elle a vidé d’un trait son bol de café au lait.
– Ça aussi, j’adore ! Le garder après, le mec. Le sentir ruisseler. Continuer à cheminer en moi. Surtout quand il m’a bien fait jouir. Mais c’est un truc, ça, vous pouvez pas comprendre, vous, les hommes.
Elle s’est levée.
– Bon, mais je retourne dormir avec. Dormir ou bien… On sait jamais. Des fois qu’il en soit encore…

Est-ce qu’elle allait le revoir ? Ce fut, tout au long de la semaine qui suivit, son seul et unique sujet de préoccupation.
– Quelle idiote ! Non, mais quelle idiote je fais ! Parce que je lui ai donné mon portable, ah, ça, il y avait pas de risque que j’ oublie ! Mais pas lui ! Il a fait celui qu’entendait pas. J’aurais dû insister, putain ! Pas le lâcher. J’ai pas osé. J’avais peur qu’il aille s’imaginer des trucs. Que j’allais le coller, vouloir faire la love story, tout ça ! Sauf que maintenant, j’ai plus aucun moyen de le joindre. Et s’il se repointe pas à la même boîte que l’autre jour, ben je peux faire une croix dessus.
Elle se perdait dans ses pensées.
– Oui, oh, de toute façon, faut pas rêver. Ça doit être le genre de mec, il te saute une fois et puis il est content comme ça. Il disparaît dans la nature. Faut que j’en prenne mon parti…
Ce qui ne l’empêchait pas, le soir, tandis que je préparais le repas, d’appeler à tour de rôle toutes les copines de son répertoire, assise en tailleur sur le canapé, son éternel tee-shirt, sous lequel elle ne portait généralement rien, relevé haut sur les cuisses.
– Le type avec qui je dansais samedi… Oui, c’est ça ! Baptiste… Non ? Tu sais pas ? C’est la première fois que tu le voyais. Bon, ça fait rien… Mais si jamais t’as des infos, tu me fais signe, hein ! Je compte sur toi.
Et elle recommençait avec une autre.

À table, après, elle repoussait son assiette, croisait les bras sur la table.
– Ça me fait déprimer, mais déprimer à un point, vous pouvez pas imaginer ! Non, parce que comment il savait y faire, ce salaud ! Il te me les mordillait, les babouettes, il te me les suçotait, il te me les aspirait, il te me les léchait… Juste comme il fallait… Juste quand il fallait… Et puis il y avait pas que ça ! Parce que sa queue…
Elle soupirait, se levait d’un bon.
– Je vais me coucher, tiens !

Le vendredi soir, sur le coup de minuit, elle s’est encadrée dans l’embrasure de la porte de ma chambre.
– Il m’a appelée ! Si, il m’a appelée. Une heure on est restés tous les deux au téléphone. Plus d’une heure. Et il veut qu’on se revoie. Pas demain, il peut pas, mais samedi prochain, sûrement. Ce que je suis contente ! Si vous saviez ce que je suis contente !

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