Des reniflements dans la nuit. De petits hoquets. Des sanglots
réprimés.
Je
me suis penché sur elle.
– Tu
pleures ?
– Non,
je pleure pas. Non.
J’ai
allumé. Les larmes lui ruisselaient sur les joues, sur le menton et
jusque dans le cou.
– C’est
quoi, ce gros chagrin ?
– Rien,
je vous dis. Rien.
Et
elle a voulu se tourner de l’autre côté.
Je
l’en ai empêchée, ai cherché à l’attirer vers moi. Elle a
résisté. Un peu. Pas bien longtemps. Et a fini par venir se
réfugier, d’elle-même, contre ma poitrine. Où elle a redoublé
de sanglots.
Je
lui ai doucement caressé le front, les tempes, la commissure des
yeux.
– Là !
Là ! C’est tout… C’est tout…
Elle
s’est peu à peu calmée, m’a souri à travers ses larmes.
– Je
suis idiote. Je suis vraiment idiote.
– Si
tu me disais de quoi il retourne plutôt…
– C’est
pas facile…
– Essaie
toujours…
– C’est
à cause de vous.
– De
moi ?
– Oui.
Enfin non. C’est que je sais pas ce que je dois faire. Enfin, si,
je le sais ! Si ! C’est une chance inouïe que j’ai là.
Mais c’est pas simple quand même.
– Si
tu t’efforçais d’être un peu plus claire.
– J’avais
fait la demande. Sans vraiment y croire. Et je suis prise. Dans une
grande école de psycho. La plus grande. À New York.
– Hein ?
Mais c’est magnifique !
– Oui,
dans un sens, oui. Bien sûr. Mais dans un autre, je vais plus vous
voir. Ce sera fini tout ce qu’on vit là.
– On
s’écrira. On se verra par Internet. On se racontera.
– Au
début, oui. Et puis après vous m’oublierez. C’est toujours
comme ça que ça se passe. Pour tout le monde.
– T’oublier ?
Alors ça, c’est complètement impossible.
Elle
a haussé les épaules.
– Bien
sûr que si ! Il y a Alexandra. Il y a Morgane. Et puis il y a
pas que ça. Vous avez une grande maison. Avec piscine et tout le
tintouin. Alors vous pensez bien que des filles qui voudraient être
à ma place, il y en a tout un tas. J’en connais. Qui auront rien
de plus pressé que de venir vous assiéger. Et vous, bonne pâte
comme vous êtes, vous finirez par vous laisser embobiner. Surtout
qu’elles, elles auront pas de scrupules. C’est le genre à
coucher pour arriver à leurs fins, alors là ! Et qu’il y en
ait d’autres dans ma chambre, dans mon lit, rien que d’y penser,
vous pouvez pas savoir ce que ça me fait…
– Il
y en aura pas. Je te promets.
– Mais
même ! Me passer de vous, plus vous voir, plus faire tout ce
qu’on fait ensemble depuis des semaines, c’est trop dur.
– Ça
n’aura qu’un temps.
– Trois
ans. Au moins.
– C’est
pas la mer à boire. D’autant que je ferai des petits sauts là-bas
de temps à autre.
– C’est
vrai ? Souvent ?
– Le
plus souvent possible.
– C’est
pas une réponse, ça !
– Alors
disons… Une fois par mois. Au moins. Ça te va ?
Elle
m’a sauté au cou.
– Vous
êtes un amour. Mais vous le ferez, hein ? Vous le ferez
vraiment.
– Tu
m’as déjà vu ne pas tenir mes promesses ?
– Jamais,
non. Je vais peut-être partir alors finalement, du coup !
– T’as
tout intérêt ! Parce que je te flanque une fessée sinon !
Comme t’as fait au voisin, là !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire