Elle nous a voulu un restaurant.
– Celui
où on est si souvent allés tous les deux.
Elle
y a soupiré.
– C’est
peut-être la dernière fois.
– Tu
pars quand au juste ?
– Je
sais pas trop. Peut-être en fin de semaine. Peut-être la suivante.
Ou celle d’après.
Ses
yeux se sont embués.
– Enfin
si, je le sais quand je pars ! Évidemment que je le sais !
Mais je veux pas vous le dire. Je veux pas qu’il y ait ça entre
nous. Pour le peu de temps qu’il reste. Qu’on compte les jours.
Ou les heures. Tout ça pour, à la fin, se faire des adieux
déchirants. Comme dans les films.
Au
dessert, elle a sorti deux clefs USB de son sac, m’en a tendu une.
– Ça,
c’est la copie intégrale de tout ce qu’il y a sur mon petit
enregistreur, là, vous savez bien. De tous ces tas de fois où j’ai
joui. C’est pour vous. Vous en ferez ce que vous voudrez. Tout ce
que vous voudrez.
Elle
a eu son petit sourire mutin.
– Je
sais bien ce que vous allez en faire ! Mais c’est le but.
Et
puis l’autre.
– Et
là, sur celle-là, ce sont des photos de moi. Sous toutes les
coutures. Exprès pour vous je les ai faites. Que vous m’ayez
encore. Même quand je serai partie.
J’ai
fouillé dans ma poche. À mon tour de lui donner quelque chose. Une
enveloppe. Une enveloppe que j’ai posée à côté de son verre.
– Qu’est-ce
que c’est ?
– Eh
bien, regarde !
– Une
clef, mais une vraie.
– Celle
de ta chambre. Tu seras sûre, comme ça, que personne n’y viendra
jamais en ton absence.
Elle
m’a pris la main par dessus la table, l’a portée à ses lèvres,
s’est levée.
– Venez !
On rentre.
Elle
s’est déshabillée. Complètement. Étendue, mains sous la nuque,
sur le lit.
– Vous
pouvez me regarder, si vous voulez. Tant que vous voudrez. Ce que
vous voudrez.
Je
me suis penché sur elle, lui ai effleuré le front d’un baiser, ai
plongé mes yeux dans les siens. Je les y ai laissés. Longtemps. Les
couleurs en ont doucement chatoyé.
Et
puis je suis lentement descendu, me suis arrêté à hauteur de ses
seins en pente douce. Dont les pointes se sont orgueilleusement
dressées.
– Ils
sont magnifiques.
Je
les ai avidement contemplés.
Plus
bas. Je me suis approché de son ravissant petit réduit d’amour.
Plus près. Encore plus près. Elle s’est redressée. Ses doigts se
sont enfouis dans mes cheveux.
– Vous
pouvez aujourd’hui, avec votre bouche, si vous voulez.
Si
je voulais !
J’y
ai posé mes lèvres. Je les ai fait courir tout au long de la douce
encoche. Inlassablement. Dans un sens. Dans l’autre. Quelques
gouttes de liqueur ont perlé. J’ai passé mes bras sous ses
cuisses. Je l’ai doucement, tout doucement, ouverte. Je me suis
aventuré, du bout de la langue, dans ses replis soyeux. Je les ai
investis. Elle a doucement gémi. Sa main s’est posée sur ma
nuque. Elle m’a pressé la tête contre elle, a exigé.
– Encore !
Encore !
Ses
doigts m’ont rejoint. Ma bouche. Ses doigts. Ses doigts. Ma bouche.
En un somptueux vertige. Et son plaisir a surgi. Tempétueux.
Ravageur. Elle l’a proclamé. Elle l’a hurlé. Ça s’est
apaisé. C’est reparti de plus belle. En longs sanglots éperdus.
C’est retombé.
Je
suis remonté, lui ai effleuré les lèvres.
– Et
votre plaisir à vous ?
Elle
me l’a donné. Avec ses doigts. On est restés les yeux dans les
yeux. Jusqu’au bout.
Elle
s’est endormie la première, lovée contre moi.
Au
réveil, elle n’était plus là, mais il y avait un mot sur la
table de la cuisine.
« J’ai
horreur des adieux. Et des larmes qui vont avec. Je pars. Je m’envole
tout à l’heure. Mais je vous attends là-bas. Vous avez promis.
Je
vous aime.
CLORINDE »
FIN
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire