Que voilà des vacances qui commencent bien ! Mes voisins de
chambre, à droite, ont baisé toute la nuit. Ou quasiment. Et, bien
entendu, je les ai accompagnés. À chaque fois. Avec mes doigts. Et
pas seulement : j’ai toujours tout ce qu’il faut avec moi.
Trois ou quatre godes, avec chacun sa spécificité, dont j’use et
abuse sans le moindre complexe. Les entendre, les imaginer était
très stimulant. Ils mettaient en effet, à s’envoyer en l’air,
infiniment de conviction. Et elle est, elle, d’une nature très
expansive. Dont elle a généreusement fait profiter tout l’hôtel.
Je
les avais déjà repérés en bas, au restaurant. En longeant leur
table, pour parvenir jusqu’à la mienne, j’avais aperçu la clef
de leur chambre, posée près de son assiette à lui. « 114…
Tiens, tiens ! Mais c’est ceux d’à côté ! » Du
coup, je les avais longuement et discrètement observés. C’était
d’autant plus facile qu’ils n’étaient occupés que
d’eux-mêmes, indifférents à tout le reste.
Elle,
elle a la trentaine. À peu près. Peut-être un peu plus. Grande,
élancée, châtain clair, souriante, elle a quelque chose
d’immédiatement et de résolument sensuel. Sans être pour autant
vraiment provocante. Le genre de femme que beaucoup d’hommes
doivent rêver de mettre dans leur lit. Dont ils imaginent qu’ils
vont connaître avec elle des extases inouïes.
Quant
à lui, c’est le mâle dans toute sa splendeur. La quarantaine
radieuse. Beau, viril, rassurant. Avec des yeux d’un bleu profond.
Tu ne peux pas faire autrement que de te sentir fondre. Et que
d’avoir envie de te laisser aller dans ses bras. Ce que je n’ai
pas manqué de faire, avec délectation, en les écoutant arpéger
leur plaisir. C’était moi, à sa place à elle.
Ils
doivent être mariés : ils ont une alliance. Ce qui est sans
doute fort récent. Je suis en effet bien placée pour savoir que le
désir s’émousse vite et qu’au bout de quelques mois il ne reste
plus grand-chose des élans tumultueux et passionnés du début.
Peut-être a-t-elle été, elle, précédemment mariée et a-t-elle
très vite déchanté. Mésentente. Rancœurs. Divorce. Le scénario
classique. Et le plus vraisemblable.
En
ce qui le concerne, lui, je le verrais bien en célibataire
longuement militant, multipliant les conquêtes, couchant à droite,
couchant à gauche, sans souci, dans ce domaine tout du moins, ni de
son lendemain à lui ni de leurs lendemains à elles. Jusqu’à ce
qu’il finisse par tomber sous le charme de celle qui, menant sa
barque avec habileté et subtilité, lui a, au bout du compte, passé
la bague au doigt.
Cela
étant, il ne faut pas que je focalise sur eux à outrance. Certes,
les avoir comme ça à portée de main va s’avérer à l’évidence
fort commode. Je vais pouvoir, si toutefois leur séjour se prolonge
quelque peu, m’inviter quotidiennement sans vergogne dans leurs
ébats. Peut-être même aurai-je l’occasion de sympathiser avec
eux. D’une façon ou d’une autre. Écouter jouir un couple avec
qui on parle, on déjeune, on se promène, on se baigne est, à mes
yeux, un plaisir délicieusement raffiné. Mais ce serait une
grossière erreur que de ne jurer que par eux. Il existe très
certainement, dans cet hôtel, d’autres opportunités que je ne
pourrai saisir que si je leur suis délibérément ouverte, que si
j’ai l’attention en permanence en éveil.
Il y
a, par exemple, à l’étage du dessus, un jeune couple qui a retenu
toute mon attention bien qu’extrêmement discret et effacé. Parce
qu’extrêmement discret et effacé justement. Ce sont souvent
ceux-là, quand on gratte un peu, qui se révèlent les plus ardents
et les plus libérés.
Et
puis… Et puis il y a Antonin, le fils des patrons, qui m’a
apporté mon petit déjeuner dans la chambre ce matin, qui était
manifestement très mal à l’aise de me trouver au lit, bien que ma
tenue ait été on ne peut plus décente, et que j’ai pris un malin
plaisir à retenir un peu, à regarder et à passer à la question.
Il a vingt ans. Il est étudiant en troisième année d’architecture
et il aide ses parents pendant les vacances. Il n’a pas, pour le
moment, de petite amie. Il n’en a d’ailleurs, à mon avis, jamais
eue. Il est puceau, j’en suis convaincue. Puceau jusqu’au blanc
des yeux. Puceau autant qu’on peut l’être. Mais c’est là une
situation à laquelle il n’est pas trop difficile de remédier. À
condition, bien entendu, que quelqu’un veuille bien s’en charger.
Et je sens que je vais peut-être bien me dévouer. Oui, sûrement !
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