mardi 19 novembre 2019

Exquises vacances (1)


Que voilà des vacances qui commencent bien ! Mes voisins de chambre, à droite, ont baisé toute la nuit. Ou quasiment. Et, bien entendu, je les ai accompagnés. À chaque fois. Avec mes doigts. Et pas seulement : j’ai toujours tout ce qu’il faut avec moi. Trois ou quatre godes, avec chacun sa spécificité, dont j’use et abuse sans le moindre complexe. Les entendre, les imaginer était très stimulant. Ils mettaient en effet, à s’envoyer en l’air, infiniment de conviction. Et elle est, elle, d’une nature très expansive. Dont elle a généreusement fait profiter tout l’hôtel.

Je les avais déjà repérés en bas, au restaurant. En longeant leur table, pour parvenir jusqu’à la mienne, j’avais aperçu la clef de leur chambre, posée près de son assiette à lui. « 114… Tiens, tiens ! Mais c’est ceux d’à côté ! » Du coup, je les avais longuement et discrètement observés. C’était d’autant plus facile qu’ils n’étaient occupés que d’eux-mêmes, indifférents à tout le reste.
Elle, elle a la trentaine. À peu près. Peut-être un peu plus. Grande, élancée, châtain clair, souriante, elle a quelque chose d’immédiatement et de résolument sensuel. Sans être pour autant vraiment provocante. Le genre de femme que beaucoup d’hommes doivent rêver de mettre dans leur lit. Dont ils imaginent qu’ils vont connaître avec elle des extases inouïes.
Quant à lui, c’est le mâle dans toute sa splendeur. La quarantaine radieuse. Beau, viril, rassurant. Avec des yeux d’un bleu profond. Tu ne peux pas faire autrement que de te sentir fondre. Et que d’avoir envie de te laisser aller dans ses bras. Ce que je n’ai pas manqué de faire, avec délectation, en les écoutant arpéger leur plaisir. C’était moi, à sa place à elle.

Ils doivent être mariés : ils ont une alliance. Ce qui est sans doute fort récent. Je suis en effet bien placée pour savoir que le désir s’émousse vite et qu’au bout de quelques mois il ne reste plus grand-chose des élans tumultueux et passionnés du début. Peut-être a-t-elle été, elle, précédemment mariée et a-t-elle très vite déchanté. Mésentente. Rancœurs. Divorce. Le scénario classique. Et le plus vraisemblable.
En ce qui le concerne, lui, je le verrais bien en célibataire longuement militant, multipliant les conquêtes, couchant à droite, couchant à gauche, sans souci, dans ce domaine tout du moins, ni de son lendemain à lui ni de leurs lendemains à elles. Jusqu’à ce qu’il finisse par tomber sous le charme de celle qui, menant sa barque avec habileté et subtilité, lui a, au bout du compte, passé la bague au doigt.

Cela étant, il ne faut pas que je focalise sur eux à outrance. Certes, les avoir comme ça à portée de main va s’avérer à l’évidence fort commode. Je vais pouvoir, si toutefois leur séjour se prolonge quelque peu, m’inviter quotidiennement sans vergogne dans leurs ébats. Peut-être même aurai-je l’occasion de sympathiser avec eux. D’une façon ou d’une autre. Écouter jouir un couple avec qui on parle, on déjeune, on se promène, on se baigne est, à mes yeux, un plaisir délicieusement raffiné. Mais ce serait une grossière erreur que de ne jurer que par eux. Il existe très certainement, dans cet hôtel, d’autres opportunités que je ne pourrai saisir que si je leur suis délibérément ouverte, que si j’ai l’attention en permanence en éveil.
Il y a, par exemple, à l’étage du dessus, un jeune couple qui a retenu toute mon attention bien qu’extrêmement discret et effacé. Parce qu’extrêmement discret et effacé justement. Ce sont souvent ceux-là, quand on gratte un peu, qui se révèlent les plus ardents et les plus libérés.
Et puis… Et puis il y a Antonin, le fils des patrons, qui m’a apporté mon petit déjeuner dans la chambre ce matin, qui était manifestement très mal à l’aise de me trouver au lit, bien que ma tenue ait été on ne peut plus décente, et que j’ai pris un malin plaisir à retenir un peu, à regarder et à passer à la question. Il a vingt ans. Il est étudiant en troisième année d’architecture et il aide ses parents pendant les vacances. Il n’a pas, pour le moment, de petite amie. Il n’en a d’ailleurs, à mon avis, jamais eue. Il est puceau, j’en suis convaincue. Puceau jusqu’au blanc des yeux. Puceau autant qu’on peut l’être. Mais c’est là une situation à laquelle il n’est pas trop difficile de remédier. À condition, bien entendu, que quelqu’un veuille bien s’en charger. Et je sens que je vais peut-être bien me dévouer. Oui, sûrement !

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