mardi 6 août 2019

Clorinde, ma colocataire (41)


On a frappé.
J’ai jeté un coup d’œil sur le réveil. Huit heures. Qui ça pouvait bien être ?
On a insisté.
– Clorinde…
– Quoi ?
Elle était couchée sur le flanc, couette rabattue jusqu’au pied du lit, vêtue en tout et pour tout d’une petite culotte blanche.
– On frappe.
– Ben, allez ouvrir ! Qu’est-ce vous attendez ?
D’une voix empâtée.
C’était un type en peignoir bleu, la serviette de bains sur l’épaule, la trousse de toilette à la main.
– Excusez-moi ! Je suis le voisin à gauche. Elle est pas là la jeune femme ?
J’ai chuchoté.
– Elle dort.
Il a chuchoté aussi.
– Non, parce que je l’ai vue hier. Et elle m’a proposé de venir me laver si je voulais. Comme ma douche est en panne.
– Ben, allez-y ! Mais faites pas de bruit. La réveillez pas !
Un doigt sur les lèvres, il m’a fait signe que oui… Oui… Bien sûr.
Elle n’avait pas changé de position.
Il a tiré sur lui la porte de la salle de bains. L’eau a giclé.

Je suis allé la rejoindre.
– Il m’a regardée ? En passant. Il m’a regardée ?
– Ah, ben ça !
– Appuyé ?
– Encore assez. Mais pas trop quand même. Parce que j’étais là, mais sinon…
– Et si ça se trouve, il est en train de se branler comme un furieux, là, à côté, en pensant à ce qu’il vient de voir.
– Possible, oui.
– Plus que probable, vous voulez dire. Et même, quasiment certain. J’aime bien. Comment elle est sa queue, vous croyez ?
– Qu’est-ce que tu veux que j’en sache ?
– Ben, allez voir ! Trouvez un prétexte, je sais pas, moi !
– Que je…
Elle a éclaté de rire.
– Vous verriez votre tête ! Vous êtes vraiment trop drôle.
Elle s’est levée.
– Bon, mais que je m’habille quand même ! Avant qu’il sorte. Qu’il aille pas s’imaginer des trucs. Parce que tout-à-l’heure j’étais censée dormir, mais maintenant…
– Tu m’en avais pas parlé de ce type…
– Entre la Mégane de la pétanque, son mari, Alexandra, et tout et tout, ça m’était complètement sorti de la tête. Oh, mais c’est tout bête, hein ! On s’est trouvés en même temps sur le palier. Il sortait de chez lui. Je rentrais. On a un peu discuté. Il m’a dit qu’il était embêté parce que sa douche marchait plus, que le plombier était débordé, qu’il allait venir, oui, mais quand ? Je lui ai proposé d’utiliser la mienne, du coup, en attendant. Et puis voilà !
Elle a boutonné son pantalon.
– Cela étant, que sa douche soit HS, je suis loin d’en être convaincue, mais bon…

Il a fait sa réapparition.
– Hou ! Ça fait du bien…
Elle lui a proposé un café.
– Non, merci. Désolé. Faut que j’y aille. Je suis déjà à la bourre. Une autre fois…
– En tout cas, hésitez pas, hein ! Revenez quand vous voulez.
– Oui. Merci. C’est gentil. C’est très gentil.

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