mardi 13 août 2019

Clorinde, ma colocataire (42)


C’est Clorinde qui a fait faire à Alexandra le tour du propriétaire.
– Je peux ?
– Bien sûr…
– Alors là, c’est le séjour… Regarde-moi ça ! Non, mais regarde-moi ça ! Et puis alors la vue !
Qu’elle ne lui a pas laissé le temps de contempler. Elle l’a entraînée dans la cuisine.
– Tu te mets aux fourneaux par plaisir dans un truc pareil. Des heures t’y passerais !
Puis dans sa chambre.
– Une vraie salle de bal, t’as vu ça ! Et le lit ! Il est d’un moëlleux !
Ce qu’elle lui a fait vérifier. Poing fermé.
– Cela étant, j’y suis pas souvent. C’est plutôt avec lui que je dors. À côté.
Où elle l’a entraînée.
– Et v’là le travail ! Avoue que j’ai pas à me plaindre…
Un petit tour dans la salle de bains.
– Baignoire avec remous, s’il vous plaît…
Elle l’a fait redescendre.
– Et maintenant la cerise sur le gâteau. Par là ! Non, à droite. Là ! Tu y es.
Devant la piscine.
– Hou ! La vache !
– Oui, hein ! Et il y a pas de vis-à-vis. L’été complètement à poil on se baigne. Pas de marques de maillot comme ça. Tu pourras venir si tu veux.

On est passés à table.
– Alors ? Qu’est-ce t’en dis ?
Elle en disait que… Que c’était bien… Que c’était même très bien.
– Oui, hein ! Oh, mais je sais ce que tu penses. T’y crois pas une seule seconde qu’on couche pas.
Alexandra a fait mine de protester.
– Mais si ! Bien sûr que si que c’est ce que tu penses ! C’est trop le schéma classique, attends ! La petite étudiante sans le sou avec le quinquagénaire bourré de thunes. Qui l’entretient. Qui lui offre tout ce qu’elle veut. En contrepartie de quoi elle écarte les cuisses. C’est ce que tout le monde s’imagine. Forcément. Eh ben, c’est pas ça du tout. Bien sûr qu’on en a des moments érotiques. Souvent. Et intenses. À notre façon à nous. Mais on couche pas. Non, non et non. Ça gâcherait tout. Et on se perdrait.
C’était pas vraiment qu’elle y croyait pas, Alexandra. C’était…
– Qu’il y a pas grand-monde qu’est capable de ça. Alors que presque tout le monde en rêve. Et, du coup, on préfère se persuader que c’est pas possible. On n’a pas envie de se dire qu’il y en a qui y arrivent.

Dans la foulée, Clorinde a évoqué ses mecs.
– Et il y en a eu ! Mais bof ! Ça cassait pas trois pattes à un canard. J’en ai fait le tour. C’est toujours à peu près pareil finalement, hein ! Avant tu t’imagines des tas de trucs, mais une fois que t’es avec, le type ! Alors je cherche plus. C’est trop décevant. Et puis je suis bien comme je suis. Un petit coup vite fait, comme ça, à la rigueur, si l’occasion se présente, mais ça s’arrête là. Et toi ?

Elle a hésité.
– Oh, moi !
Haussé les épaules.
– J’ai quelqu’un, oui, mais qu’est marié.
– Et t’espères que…
– Qu’il quitte sa femme ? Non. De toute façon je suis pas sûre qu’au quotidien avec lui… Alors je prends les bons moments. Sans trop me poser de questions.

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