C’est Clorinde qui a fait faire à Alexandra le tour du
propriétaire.
– Je
peux ?
– Bien
sûr…
– Alors
là, c’est le séjour… Regarde-moi ça ! Non, mais
regarde-moi ça ! Et puis alors la vue !
Qu’elle
ne lui a pas laissé le temps de contempler. Elle l’a entraînée
dans la cuisine.
– Tu
te mets aux fourneaux par plaisir dans un truc pareil. Des heures t’y
passerais !
Puis
dans sa chambre.
– Une
vraie salle de bal, t’as vu ça ! Et le lit ! Il est d’un
moëlleux !
Ce
qu’elle lui a fait vérifier. Poing fermé.
– Cela
étant, j’y suis pas souvent. C’est plutôt avec lui que je dors.
À côté.
Où
elle l’a entraînée.
– Et
v’là le travail ! Avoue que j’ai pas à me plaindre…
Un
petit tour dans la salle de bains.
– Baignoire
avec remous, s’il vous plaît…
Elle
l’a fait redescendre.
– Et
maintenant la cerise sur le gâteau. Par là ! Non, à droite.
Là ! Tu y es.
Devant
la piscine.
– Hou !
La vache !
– Oui,
hein ! Et il y a pas de vis-à-vis. L’été complètement à
poil on se baigne. Pas de marques de maillot comme ça. Tu pourras
venir si tu veux.
On
est passés à table.
– Alors ?
Qu’est-ce t’en dis ?
Elle
en disait que… Que c’était bien… Que c’était même très
bien.
– Oui,
hein ! Oh, mais je sais ce que tu penses. T’y crois pas une
seule seconde qu’on couche pas.
Alexandra
a fait mine de protester.
– Mais
si ! Bien sûr que si que c’est ce que tu penses ! C’est
trop le schéma classique, attends ! La petite étudiante sans
le sou avec le quinquagénaire bourré de thunes. Qui l’entretient.
Qui lui offre tout ce qu’elle veut. En contrepartie de quoi elle
écarte les cuisses. C’est ce que tout le monde s’imagine.
Forcément. Eh ben, c’est pas ça du tout. Bien sûr qu’on en a
des moments érotiques. Souvent. Et intenses. À notre façon à
nous. Mais on couche pas. Non, non et non. Ça gâcherait tout. Et on
se perdrait.
C’était
pas vraiment qu’elle y croyait pas, Alexandra. C’était…
– Qu’il
y a pas grand-monde qu’est capable de ça. Alors que presque tout
le monde en rêve. Et, du coup, on préfère se persuader que c’est
pas possible. On n’a pas envie de se dire qu’il y en a qui y
arrivent.
Dans
la foulée, Clorinde a évoqué ses mecs.
– Et
il y en a eu ! Mais bof ! Ça cassait pas trois pattes à
un canard. J’en ai fait le tour. C’est toujours à peu près
pareil finalement, hein ! Avant tu t’imagines des tas de
trucs, mais une fois que t’es avec, le type ! Alors je cherche
plus. C’est trop décevant. Et puis je suis bien comme je suis. Un
petit coup vite fait, comme ça, à la rigueur, si l’occasion se
présente, mais ça s’arrête là. Et toi ?
Elle
a hésité.
– Oh,
moi !
Haussé
les épaules.
– J’ai
quelqu’un, oui, mais qu’est marié.
– Et
t’espères que…
– Qu’il
quitte sa femme ? Non. De toute façon je suis pas sûre qu’au
quotidien avec lui… Alors je prends les bons moments. Sans trop me
poser de questions.
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