C’est le ruissellement de la douche qui m’a réveillé.
Dans
un grand bâillement.
– Ah,
ça y est, enfin ! Ben, venez me rejoindre. Elle est assez
grande. Et puis on pourra parler comme ça.
Elle
était toute ensavonnée. Des pieds à la tête.
– Eh,
ben dis donc, vous, quand vous dormez, vous dormez, on peut pas dire.
N’empêche que vous avez raté quelque chose. Ça s’est
complètement débondé après, cette nuit. Un couple juste
en-dessous. Comment elle donnait de la voix, la nana ! Et ils
ont remis deux fois le couvert. Un autre aussi, un peu plus loin, à
gauche. J’ai bien essayé de vous réveiller. Que vous en
profitiez, vous aussi. Il y avait pas de raison. Mais il y a jamais
eu moyen. Vous bougonniez et vous vous retourniez de l’autre côté.
J’ai même cru que vous alliez me coller une gifle à un moment.
Alors bon, j’ai pas insisté. Je suis pas suicidaire. Vous avez
vraiment tout loupé, du coup. Parce que moi aussi, je me suis amusée
comme une petite folle. En silence. C’est bien aussi, des fois. Ça
change. En silence et en les écoutant. Et en imaginant. Parce que je
suis bien tranquille qu’il y en avait aussi tout un tas tout
autour, des types comme des filles, qui faisaient marcher tant et
plus leurs doigts. Ou qui se faisaient aller et venir des trucs
dedans. C’est pour ça : il faut absolument qu’on sache. Qui
est qui. Et qui est où. Pour bien se rendre compte. Vous savez quoi,
le mieux ? Eh bien on va faire un plan de l’immeuble. Avec les
noms. Et tous les renseignements qu’on pourra trouver. Sur les uns
et sur les autres. Elle est pas géniale mon idée ? Si, hein ?
Vous me passez le shampooing ? Non, l’autre. Le flacon vert.
Là, oui. Merci.
Elle
s’est vigoureusement frictionné le cuir chevelu.
– Ah,
ils aiment ça qu’on les déclenche ici ? Eh, bien on va les
déclencher. On va leur mettre un de ces bordels. Ils ont encore rien
vu. Et vous non plus, d’ailleurs…
Elle
s’est rincée. Ébrouée.
– Vous
faites voir ?
– Quoi,
donc ?
– Ben,
votre main, tiens ! Qu’est-ce vous voulez d’autre ?
Je
la lui ai tendue.
Elle
l’a prise dans la sienne.
– Wouah !
Comment je vous les y ai enfoncées loin ! À ce point, je
m’étais pas rendu compte. En douce que j’ai un sacré bon coup
de dents, ça, on peut pas dire.
Elle
a délicatement caressé. Du bout du doigt.
– Ça
vous fait mal ?
– Un
peu.
– Alors
ça, ça m’étonnerait. Sûrement plus qu’un peu. Beaucoup plus.
Elle
a appuyé.
J’ai
grimacé.
– Ah,
vous voyez !
Encore
plus fort. D’un coup.
Il
m’est échappé un petit gémissement.
– Vous
aimez ça avoir mal à cause de moi ? Oh, oui que vous aimez,
oui ! Vous bandez. Et pas qu’un peu !
Elle
m’a envoyé une petite pichenette sur la queue.
On
recommencera alors puisque ça lui plaît, à elle. Mais pas
forcément dans le gras de la main. Vous avez plein d’autres
endroits où je peux avoir envie de me faire les dents.
Elle
m’a effleuré un téton.
– Ici,
par exemple.
En a
approché les lèvres.
– Et
l’autre, en bas, qu’en peut plus. Qui se hausse du col comme
c’est pas permis. Oui, ben va falloir que t’attendes, ma grande !
On a une journée chargée comme c’est pas permis, nous,
aujourd’hui !
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