mardi 2 juillet 2019

Clorinde, ma colocataire (36)


C’est le ruissellement de la douche qui m’a réveillé.
Dans un grand bâillement.
– Ah, ça y est, enfin ! Ben, venez me rejoindre. Elle est assez grande. Et puis on pourra parler comme ça.
Elle était toute ensavonnée. Des pieds à la tête.
– Eh, ben dis donc, vous, quand vous dormez, vous dormez, on peut pas dire. N’empêche que vous avez raté quelque chose. Ça s’est complètement débondé après, cette nuit. Un couple juste en-dessous. Comment elle donnait de la voix, la nana ! Et ils ont remis deux fois le couvert. Un autre aussi, un peu plus loin, à gauche. J’ai bien essayé de vous réveiller. Que vous en profitiez, vous aussi. Il y avait pas de raison. Mais il y a jamais eu moyen. Vous bougonniez et vous vous retourniez de l’autre côté. J’ai même cru que vous alliez me coller une gifle à un moment. Alors bon, j’ai pas insisté. Je suis pas suicidaire. Vous avez vraiment tout loupé, du coup. Parce que moi aussi, je me suis amusée comme une petite folle. En silence. C’est bien aussi, des fois. Ça change. En silence et en les écoutant. Et en imaginant. Parce que je suis bien tranquille qu’il y en avait aussi tout un tas tout autour, des types comme des filles, qui faisaient marcher tant et plus leurs doigts. Ou qui se faisaient aller et venir des trucs dedans. C’est pour ça : il faut absolument qu’on sache. Qui est qui. Et qui est où. Pour bien se rendre compte. Vous savez quoi, le mieux ? Eh bien on va faire un plan de l’immeuble. Avec les noms. Et tous les renseignements qu’on pourra trouver. Sur les uns et sur les autres. Elle est pas géniale mon idée ? Si, hein ? Vous me passez le shampooing ? Non, l’autre. Le flacon vert. Là, oui. Merci.
Elle s’est vigoureusement frictionné le cuir chevelu.
– Ah, ils aiment ça qu’on les déclenche ici ? Eh, bien on va les déclencher. On va leur mettre un de ces bordels. Ils ont encore rien vu. Et vous non plus, d’ailleurs…
Elle s’est rincée. Ébrouée.
– Vous faites voir ?
– Quoi, donc ?
– Ben, votre main, tiens ! Qu’est-ce vous voulez d’autre ?
Je la lui ai tendue.
Elle l’a prise dans la sienne.
– Wouah ! Comment je vous les y ai enfoncées loin ! À ce point, je m’étais pas rendu compte. En douce que j’ai un sacré bon coup de dents, ça, on peut pas dire.
Elle a délicatement caressé. Du bout du doigt.
– Ça vous fait mal ?
– Un peu.
– Alors ça, ça m’étonnerait. Sûrement plus qu’un peu. Beaucoup plus.
Elle a appuyé.
J’ai grimacé.
– Ah, vous voyez !
Encore plus fort. D’un coup.
Il m’est échappé un petit gémissement.
– Vous aimez ça avoir mal à cause de moi ? Oh, oui que vous aimez, oui ! Vous bandez. Et pas qu’un peu !
Elle m’a envoyé une petite pichenette sur la queue.
On recommencera alors puisque ça lui plaît, à elle. Mais pas forcément dans le gras de la main. Vous avez plein d’autres endroits où je peux avoir envie de me faire les dents.
Elle m’a effleuré un téton.
– Ici, par exemple.
En a approché les lèvres.
– Et l’autre, en bas, qu’en peut plus. Qui se hausse du col comme c’est pas permis. Oui, ben va falloir que t’attendes, ma grande ! On a une journée chargée comme c’est pas permis, nous, aujourd’hui !

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