– Ça
va comme ça ?
Un
petit short bleu moulant. Un haut assorti plus clair qui lui
dessinait les seins au plus près.
– Tu
veux lui faire avoir un infarctus à ce pauvre Martial ?
– Oh,
ben attendez ! Faut bien qu’il ait un peu de plaisir à me
regarder.
Pour
en avoir, il en a eu. Il a profité de toutes les allées et venues
qu’elle a multipliées comme à plaisir, pendant tout le repas,
sous les prétextes les plus divers, pour la dévorer des yeux. Pour
se repaître d’elle.
Dès
qu’elle se rasseyait, il la soumettait à un interrogatoire en
règle. Ça consistait en quoi, au juste, la psychologie à la fac ?
Ça lui plaisait ? Oui ? Et le cinéma ? C’était
quoi son genre de films préféré ? Et en musique ? Shaka
Ponk, elle appréciait ? Et ses vacances ? Elle les passait
où, ses vavances ? C’était un feu roulant de questions
auxquelles elle répondait de bonne grâce sans jamais se départir
d’un lumineux sourire.
Aussi
s’est-il senti autorisé à s’aventurer sur un terrain plus
personnel. Ravissante comme elle était, elle devait avoir une foule
d’adorateurs. Et il y avait sûrement un heureux élu, non ?
Elle a éludé. Non. Oui et non. Elle avait bien le temps. En
attendant, elle s’amusait. C’était de son âge. Une fois l’un,
une fois l’autre. Comme ça se trouvait. Sans se prendre la tête.
On n’était plus au Moyen-Âge. Et les filles aujourd’hui, elles
menaient leur vie comme elles l’entendaient. Il a abondé dans son
sens. Elle avait bien raison. Et c’est sûrement pas lui qu’allait
lui dire le contraire. Ah, non alors ! Il allait d’autant
moins le lui dire qu’il commençait à se frotter intérieurement
les mains. Eh, mais c’est que s’il s’y prenait bien, il allait
peut-être pouvoir la mettre dans son lit, cette jolie petite caille.
À condition de ne pas s’emballer. De poser un à un les jalons.
Au
dessert, son portable a bipé. Un SMS. Qu’elle a lu en haussant les
épaules.
– Non,
mais ces pauvres mecs, des fois !
Je
lui ai posé la main sur le poignet.
– Qu’est-ce
qu’il t’arrive ?
– C’est
Jeanne, là, une copine. Son mec veut la larguer. Et vous savez
pourquoi ? Je vous le donne en mille. Parce qu’elle veut pas
se raser le minou. Il ferait beau voir qu’un mec, il me demande un
truc pareil, moi ! Il aurait pas fait le plus dur.
Je
suis entré dans le jeu.
– Ce
serait si grave que ça ?
– Ce
qui serait grave, c’est qu’il veuille décider à ma place de
comment faut que je sois. Non, mais ils vont bien, eux. Mon minou, je
me le rase quand ça me chante. Et quand ça me chante, je laisse
repousser. Et je le taille ou pas. À la française ou à l’anglaise.
Selon l’humeur du moment. Et, à l’occasion, en forme de cœur ou
de papillon. On n’a que l’embarras du choix en fait.
J’ai
saisi la perche qu’elle me tendait.
– Et
en ce moment, il est comment ?
Elle
m’a tiré la langue.
– Vous
saurez pas.
On a
raccompagné Martial jusqu’à sa voiture. Qu’on a regardée
s’éloigner.
Elle
a éclaté de rire.
– Sa
tête ! Non, mais vous avez vu sa tête quand j’ai parlé de
Jeanne ?
– Faut
dire que lui brandir ton petit minou sous le nez, comme ça !
Le lui décrire dans toutes les configurations possibles et imaginables. Déjà qu’il
flashait complètement dessus…
– Ben
justement, c’est pour ça ! Qu’il puisse mieux l’imaginer.
En rêver tout son saoul.
– Sauf
que maintenant que tu lui as mis l’eau à la bouche…
– Il
va vouloir y jeter un œil pour de bon ? Oui, ben ça on verra. Je dis pas
non. Mais je dis pas oui non plus. Ça va dépendre si j’en suis ou
pas. Et de plein d’autres choses.