Le
lendemain était un dimanche.
Elle
s’est levée tôt. Beaucoup plus tôt que d’habitude.
– Ça
va ce matin ?
– Oh,
oui, ça va, oui. Nickel.
Avec
un petit sourire mutin.
– Ce
que je ne comprends pas…
– Je
sais ce que vous allez dire, je sais.
– C’est
que, l’autre nuit, t’es rentrée avec un garçon et calme plat.
Silence radio. Alors qu’hier soir…
– J’étais
toute seule et…
– Un
véritable tsunami. Ah, pour donner ça a donné.
– Ben,
oui, qu’est-ce que vous voulez ! On maîtrise pas toujours
tout.
– L’effet
Martial ? Évidemment, l’effet Martial. Bien sûr, l’effet
Martial. Tu racontes ?
– Hein ?
Oh, non ! Non !
– Alors
c’est moi qui vais le faire. D’abord, tu as imaginé que tu
repartais faire des courses, mais toute seule cette fois. À la
caisse, il est venu déposer ses achats sur le tapis, juste derrière
les tiens. Il t’a reconnue. Tu l’as reconnu. Un bref bonjour. Il
t’a demandé comment j’allais. « Oh, bien ! Bien ! »
Et tu ne t’es plus préoccupée, en apparence, que de remettre tes
courses dans ton chariot, le plus vite possible, mais, en réalité,
tu ne pouvais penser qu’à lui, qu’à ses regards qui se
gorgeaient de toi, qui profitaient de ce que tu avais le dos tourné
pour s’en rassasier. Tu le savais. Tu le sentais. Qu’ils étaient
bons ses regards ! D’admiration. D’émerveillement. De
désir. Tu les ignorais superbement, mais qu’ils étaient bons !
Comment ils te troublaient ! Au-dehors, tu as mis une éternité
à ranger tes achats dans le coffre pour lui laisser le temps de
régler les siens, de surgir à son tour sur le parking, de
s’installer au volant de sa voiture garée là, quelque part,
derrière toi, d’enfouir sa main dans son pantalon en te dévorant
des yeux et de donner libre cours à son plaisir. Et c’est alors
que le tien t’a emportée. C’est pas comme ça que ça s’est
passé ?
– Un
peu, mais pas tout-à-fait quand même.
– C’était
pas au super marché d’hier ?
– Si !
Sauf que j’étais beaucoup plus coquine et audacieuse que ça. Je
suis montée à côté de lui dans la voiture et je l’ai regardé
faire.
– J’aurais
dû m’en douter. Tu l’as touché ?
– Des
yeux. De tout près.
– Et
c’est là que t’es venue.
– On
devrait arrêter d’en parler. Ça me redonne trop envie.
– Je
vois ça, oui ! Ta petite culotte te trahit.
– Hein ?
Oh, là là, oui ! Et vous ?
– Quoi,
moi ?
– Vous
allez quand même pas me dire que vous êtes resté les mains
sagement jointes sur la couverture alors qu’à côté j’étais en
train de brailler comme une forcenée ?
– Non.
De toute façon, tu ne me croirais pas.
– Ah,
ça, c’est sûr ! Vous pensiez à quelque chose ?
– À
rien de précis. Tu m’as pris de court. Alors j’ai juste laissé
flotter des images.
– De
moi ?
– Ben
oui, de toi. Vu les circonstances, ça s’imposait, non ?
– C’était
quoi ?
– Toi,
à la piscine. Toi, toute nue devant le lavabo de la salle de bains.
Toi, affalée sur le canapé avec la culotte qui te rentrait dans la
raie des fesses.
– Vous
m’avez imaginée en train de me le faire ?
– C’était
le moment ou jamais.
– Quand
c’est que vous avez spermé ? En même temps que moi ?
– Un
tout petit peu après.
– Et
d’habitude ? Quand je vous oblige pas à vous précipiter…
Vous vous en inventez des histoires ?
– Toujours.
– Je
suis dedans ?
– Très
souvent.
– Vous
me les raconterez ?
– On
verra.
– Ah,
ben si, si ! Ce serait normal. Je suis quand même la première
concernée, non ?
– On
verra, j’te dis !
– Bon,
ben, en attendant, vous savez pas ? Comme c’est dimanche, je
vais retourner paresser un peu au lit, moi.
Elle
a laissé la porte entrebaîllée. D’un tout petit demi-centimètre.
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