mardi 11 décembre 2018

Clorinde, ma colocataire (7)


Maxime m’avait adressé un chèque. Un gros chèque.
– Non, parce que pas question que tu la nourrisses. En plus ! Ce serait la meilleure…
Et on était allés, tous les deux, Clorinde et moi, faire des courses. Des monceaux de courses. Elle remplissait tant et plus les chariots.
– Hou là ! Mais on va avoir des provisions pour au moins six mois.
– Tant mieux ! Vous pourrez pas me foutre dehors avant comme ça…
– Comme si j’en avais l’intention !

À la caisse, on m’a tapé sur l’épaule.
– Martial ! Mais qu’est-ce tu fiches là ?
– Ben, et toi ?
– J’habite dans le coin.
– Pareil.
– Non, mais c’est trop, ça ! Attends ! Donne-moi ton numéro… Faut absolument qu’on s’organise un truc, là. Qu’on se fasse une bouffe. Quelque chose.
– Et comment ! Ça s’impose…
Il s’est discrètement penché à mon oreille.
– Ben, dis donc, tu te mouches pas du pied, toi !
– C’est pas du tout ce que tu crois.
– Que ce soit ça ou pas, en tout cas il y a un sacré petit lot, là.

Elle a attaché sa ceinture.
– Vous me dites ?
– Quoi donc ?
– C’était qui ce type ?
– Martial.
– Oui, ça, j’avais compris, merci. Je suis pas complètement idiote. Mais encore ?
– Je l’ai connu au lycée, Martial. On a fait les quatre cents coups ensemble. Avant de travailler quelque temps pour la même boîte. On est ensuite restés épisodiquement en contact pour, finalement, se perdre complètement de vue.
– Et vous vous êtes retrouvés. Par hasard. C’est un signe du destin, ça ! Faut que vous restiez amis.
– On verra.
– Il vous a dit quelque chose tout bas à un moment. C’était pour pas que j’entende ?
– Tu es très perspicace.
– C’était quoi ?
– Il se demandait pourquoi je traînais une fille aussi moche avec moi.
– Non. Sérieux…
– Il te trouvait ravissante.
– Je lui ai tapé dans l’œil, j’ai bien vu. Il te me jetait de ces regards en douce !
– Ah, ça t’a bien plu, ça, hein !
– Il va venir à la maison ?
– Sûrement pas, non.
– Hein ! Ben, pourquoi ?
– Parce que j’ai pas du tout envie de te jeter dans la gueule du loup.
– Oh, tu parles !
– Alors là, je suis bien tranquille. Tu vas lui tomber dans les bras, te tirer aussi sec avec et moi, je vais rester là, tout seul, comme un con.
– N’importe quoi ! Je coucherai jamais avec un vieux. Jamais ! Vous avez pas encore capté ça depuis le temps que je vous le répète ? Je veux juste…
– Tu veux juste ?
– Sentir que je lui plais… Comme si vous le saviez pas !

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