Quand
je suis arrivé au Petit Castel, sur le coup de cinq heures, pour y
faire, comme le week-end précédent, les repérages convenus, j’ai
eu la surprise d’y trouver Alyssia.
– T’es
déjà là !
– Ça
fait un petit moment, oui ! Et je regrette pas. Parce que ça
m’a donné l’occasion d’avoir une longue conversation avec
Eugénie, la fille des patrons. C’est elle qui est venue me
trouver. Elle était terrorisée à l’idée que je puisse dire à
son père qu’on l’a découverte, la semaine dernière, la main
dans la culotte derrière la porte de notre chambre. Je l’ai
rassurée, je l’ai mise en confiance. Elle avait besoin de parler :
je l’ai écoutée. Elle est fille unique. C’est à elle que
reviendra donc, plus tard, l’affaire familiale. « Ce sera à
toi tout ça, c’est pour toi que tu travailles. » lui répète
son père à l’envi. Et il exige d’elle une disponibilité quasi
permanente. Sa vie, c’est travail, travail et encore travail.
Qu’elle veuille sortir, aller s’amuser un peu, il ne l’en
empêche pas, non, mais il la culpabilise tellement, quand elle
rentre, qu’elle n’a pas vraiment envie de recommencer. Tant et si
bien qu’elle est, pour ainsi dire, confinée à l’hôtel. À
vingt-deux ans elle n’a pas d’amis. Et encore moins de petit ami.
C’est donc sur place qu’il lui faut trouver le moyen de
satisfaire une libido particulièrement exigeante. Pas question d’un
coup d’un soir avec un client. Elle y laisserait sa réputation et
son père y mettrait de toute façon bon ordre. Non. Il faut qu’elle
se débrouille autrement. Et comme elle est d’une nature plutôt
voyeuse, elle se penche avec beaucoup d’attention sur ce qui se
passe dans les chambres et y trouve de temps à autre – la
preuve ! – son comptant.
– Et
elle ne s’est jamais fait surprendre ?
– Ça
a bien failli à deux ou trois reprises, mais on a été les premiers
à la prendre vraiment sur le fait.
– Faut
qu’elle ait beaucoup de chance. C’est quand même sacrément
risqué son truc.
– Elle
connaît parfaitement les lieux. Ça aide. Mais enfin de toute façon,
ce soir, c’est un problème qu’elle aura pas.
– Parce
que ?
– Parce
que je l’ai invitée à venir assister, sur place, au déroulé des
opérations.
– Et
elle a accepté ?
– Tu
parles si elle a accepté !
Elle
consultait toutes les trente secondes son portable.
– Mais
qu’est-ce qu’il fout, Benjamin, bon sang ? Qu’est-ce qu’il
fout ? Il m’avait dit sept heures. Et pas un mot. Rien. Ce que
ça peut être agaçant !
À
huit heures, elle a décidé de descendre dîner.
– Ça
le fera peut-être arriver… Et puis j’ai faim n’importe
comment.
À
l’entrée de la salle à manger on s’est trouvés nez à nez avec
Proserpine, la jeune femme rousse. Qui a proposé qu’on partage la
même table.
– On
pourra discuter comme ça…
Aussitôt
dit, aussitôt fait.
– Il
vous a expliqué, votre mari ?
– Pour ?
Votre bouquin ? Oui, bien sûr ! Et alors ? Ça
avance ?
Elle
a esquissé une grimace.
– Pas
bien, non ! Je navigue un peu à vue pour le moment. Il faudrait
que je vous demande…
– Eh
bien, allez-y ! Profitez-en ! On est là.
– Oui…
Alors… Ce que je voudrais savoir… Quand vous êtes avec votre…
– Amant…
N’ayons pas peur des mots.
– Votre
mari assiste systématiquement ?
– Au
début, non. Mais, maintenant, pratiquement toujours, oui.
– Et
dans l’autre sens ?
– Comment
ça « dans l’autre sens » ?
– Vous
couchez avec votre mari devant votre amant ?
– Non.
Jamais.
– Parce
que c’est quelque chose que vous voulez conserver pour vous deux ?
Que vous ne voulez partager avec personne ?
– Non.
Parce que je ne couche plus avec mon mari. Depuis un bon moment déjà.
– Il
y a une raison particulière ?
– Oui.
Je n’en ai plus la moindre envie.
– Ça
doit pas être facile à vivre pour lui.
– Personne
l’empêche d’aller voir ailleurs.
– Et
il le fait ?
Elle
s’est tournée vers moi.
– Vous
le faites ?
Le
portable d’Alyssia a sonné. Elle s’est levée, éloignée.
– Hein ?
Vous le faites ?
Elle
a pris la direction de la chambre.
– Excusez-moi !
Il y a l’air d’y avoir un problème. Je vais voir ce qu’il se
passe.
Je
l’ai rejointe au moment où elle raccrochait.
– Il
viendra pas. Et jamais t’iras imaginer pourquoi.
– Sa
femme se doute de quelque chose.
– Bingo !
Comment t’as deviné ? Non, mais il me prend vraiment pour une
conne, hein ! Oh, mais attends, attends ! Il a pas fait le
plus dur.
– C’est-à-dire ?
– Tu
verras bien. Non, là où ça m’embête le plus, c’est pour
Eugénie. Elle se faisait une telle fête d’assister à nos ébats…
Laquelle
Eugénie est tout de même venue discrètement frapper vers onze
heures et demi à la porte de notre chambre.
– Entre !
Entre ! Il est pas là, ma pauvre !
– J’ai
vu ça, oui.
– Je
suis désolée. Ce sera pour une autre fois.
– Pas
grave.
Et
elle a fait demi-tour, prête à repartir.
– Attends !
Attends ! Ça te dirait pas un petit avant-goût qui te fasse
patienter jusque là ?
Et
Alyssia a dégrafé ma ceinture, m’a descendu le pantalon sur les
chevilles. Le slip.
– Regarde !
Non, mais regarde-moi ça ! Ah, ça lui fait de l’effet d’être
à poil devant toi, on peut pas dire…
Elle
regardait. Sans complexes. Elle buvait des yeux. Et plus elle
regardait, plus je durcissais.
Alyssia
m’a envoyé une petite chiquenaude dessus.
– On
peut quand même pas la laisser dans cet état-là. Faut faire
quelque chose ! Non, t’es pas de mon avis, Eugénie ?
Elle
n’a pas répondu. Elle continuait à regarder intensément.
– Qu’est-ce
tu préfères ? Lui faire, toi ? Que je lui fasse ? Ou
qu’il se le fasse ?
La
réponse a fusé.
– Oh,
lui ! Lui !
– Alors
tu sais ce qu’il te reste à faire, Alex !
Je
ne me le suis pas fait répéter deux fois. J’en avais une envie
folle. Et je me suis frénétiquement élancé vers mon plaisir.
Eugénie,
en face, a ouvert son pantalon, en a descendu la fermeture-éclair à
mi-chemin, a glissé ses doigts à l’intérieur de la petite
culotte rose. Ils y sont allés et venus, s’y sont affolés. Mon
plaisir s’est approché, a surgi, à longues saccades délivrées.
Elle a longuement modulé le sien.
Ha tiens ça m'avait manqué. Il est toujours bien docile quand même..
RépondreSupprimerIl commence, peu à peu, à se réapproprier
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