mardi 14 août 2018

Alyssia, ma femme (22)


Quand je suis arrivé au Petit Castel, sur le coup de cinq heures, pour y faire, comme le week-end précédent, les repérages convenus, j’ai eu la surprise d’y trouver Alyssia.
– T’es déjà là !
– Ça fait un petit moment, oui ! Et je regrette pas. Parce que ça m’a donné l’occasion d’avoir une longue conversation avec Eugénie, la fille des patrons. C’est elle qui est venue me trouver. Elle était terrorisée à l’idée que je puisse dire à son père qu’on l’a découverte, la semaine dernière, la main dans la culotte derrière la porte de notre chambre. Je l’ai rassurée, je l’ai mise en confiance. Elle avait besoin de parler : je l’ai écoutée. Elle est fille unique. C’est à elle que reviendra donc, plus tard, l’affaire familiale. « Ce sera à toi tout ça, c’est pour toi que tu travailles. » lui répète son père à l’envi. Et il exige d’elle une disponibilité quasi permanente. Sa vie, c’est travail, travail et encore travail. Qu’elle veuille sortir, aller s’amuser un peu, il ne l’en empêche pas, non, mais il la culpabilise tellement, quand elle rentre, qu’elle n’a pas vraiment envie de recommencer. Tant et si bien qu’elle est, pour ainsi dire, confinée à l’hôtel. À vingt-deux ans elle n’a pas d’amis. Et encore moins de petit ami. C’est donc sur place qu’il lui faut trouver le moyen de satisfaire une libido particulièrement exigeante. Pas question d’un coup d’un soir avec un client. Elle y laisserait sa réputation et son père y mettrait de toute façon bon ordre. Non. Il faut qu’elle se débrouille autrement. Et comme elle est d’une nature plutôt voyeuse, elle se penche avec beaucoup d’attention sur ce qui se passe dans les chambres et y trouve de temps à autre – la preuve ! – son comptant.
– Et elle ne s’est jamais fait surprendre ?
– Ça a bien failli à deux ou trois reprises, mais on a été les premiers à la prendre vraiment sur le fait.
– Faut qu’elle ait beaucoup de chance. C’est quand même sacrément risqué son truc.
– Elle connaît parfaitement les lieux. Ça aide. Mais enfin de toute façon, ce soir, c’est un problème qu’elle aura pas.
– Parce que ?
– Parce que je l’ai invitée à venir assister, sur place, au déroulé des opérations.
– Et elle a accepté ?
– Tu parles si elle a accepté !

Elle consultait toutes les trente secondes son portable.
– Mais qu’est-ce qu’il fout, Benjamin, bon sang ? Qu’est-ce qu’il fout ? Il m’avait dit sept heures. Et pas un mot. Rien. Ce que ça peut être agaçant !
À huit heures, elle a décidé de descendre dîner.
– Ça le fera peut-être arriver… Et puis j’ai faim n’importe comment.
À l’entrée de la salle à manger on s’est trouvés nez à nez avec Proserpine, la jeune femme rousse. Qui a proposé qu’on partage la même table.
– On pourra discuter comme ça…
Aussitôt dit, aussitôt fait.
– Il vous a expliqué, votre mari ?
– Pour ? Votre bouquin ? Oui, bien sûr ! Et alors ? Ça avance ?
Elle a esquissé une grimace.
– Pas bien, non ! Je navigue un peu à vue pour le moment. Il faudrait que je vous demande…
– Eh bien, allez-y ! Profitez-en ! On est là.
– Oui… Alors… Ce que je voudrais savoir… Quand vous êtes avec votre…
– Amant… N’ayons pas peur des mots.
– Votre mari assiste systématiquement ?
– Au début, non. Mais, maintenant, pratiquement toujours, oui.
– Et dans l’autre sens ?
– Comment ça « dans l’autre sens » ?
– Vous couchez avec votre mari devant votre amant ?
– Non. Jamais.
– Parce que c’est quelque chose que vous voulez conserver pour vous deux ? Que vous ne voulez partager avec personne ?
– Non. Parce que je ne couche plus avec mon mari. Depuis un bon moment déjà.
– Il y a une raison particulière ?
– Oui. Je n’en ai plus la moindre envie.
– Ça doit pas être facile à vivre pour lui.
– Personne l’empêche d’aller voir ailleurs.
– Et il le fait ?
Elle s’est tournée vers moi.
– Vous le faites ?
Le portable d’Alyssia a sonné. Elle s’est levée, éloignée.
– Hein ? Vous le faites ?
Elle a pris la direction de la chambre.
– Excusez-moi ! Il y a l’air d’y avoir un problème. Je vais voir ce qu’il se passe.

Je l’ai rejointe au moment où elle raccrochait.
– Il viendra pas. Et jamais t’iras imaginer pourquoi.
– Sa femme se doute de quelque chose.
– Bingo ! Comment t’as deviné ? Non, mais il me prend vraiment pour une conne, hein ! Oh, mais attends, attends ! Il a pas fait le plus dur.
– C’est-à-dire ?
– Tu verras bien. Non, là où ça m’embête le plus, c’est pour Eugénie. Elle se faisait une telle fête d’assister à nos ébats…

Laquelle Eugénie est tout de même venue discrètement frapper vers onze heures et demi à la porte de notre chambre.
– Entre ! Entre ! Il est pas là, ma pauvre !
– J’ai vu ça, oui.
– Je suis désolée. Ce sera pour une autre fois.
– Pas grave.
Et elle a fait demi-tour, prête à repartir.
– Attends ! Attends ! Ça te dirait pas un petit avant-goût qui te fasse patienter jusque là ?
Et Alyssia a dégrafé ma ceinture, m’a descendu le pantalon sur les chevilles. Le slip.
– Regarde ! Non, mais regarde-moi ça ! Ah, ça lui fait de l’effet d’être à poil devant toi, on peut pas dire…
Elle regardait. Sans complexes. Elle buvait des yeux. Et plus elle regardait, plus je durcissais.
Alyssia m’a envoyé une petite chiquenaude dessus.
– On peut quand même pas la laisser dans cet état-là. Faut faire quelque chose ! Non, t’es pas de mon avis, Eugénie ?
Elle n’a pas répondu. Elle continuait à regarder intensément.
– Qu’est-ce tu préfères ? Lui faire, toi ? Que je lui fasse ? Ou qu’il se le fasse ?
La réponse a fusé.
– Oh, lui ! Lui !
– Alors tu sais ce qu’il te reste à faire, Alex !
Je ne me le suis pas fait répéter deux fois. J’en avais une envie folle. Et je me suis frénétiquement élancé vers mon plaisir.
Eugénie, en face, a ouvert son pantalon, en a descendu la fermeture-éclair à mi-chemin, a glissé ses doigts à l’intérieur de la petite culotte rose. Ils y sont allés et venus, s’y sont affolés. Mon plaisir s’est approché, a surgi, à longues saccades délivrées. Elle a longuement modulé le sien.

2 commentaires: