Elle nous a expédiés.
– Descendez déjeuner, les
garçons ! M’attendez pas ! Je fais un brin de toilette et je vous
rejoins.
Il s’est jeté sur les croissants.
– J’ai une de ces dalles !
– Et pour cause !
En a avalé trois d’affilée.
– Ah, ça va mieux.
Son portable a sonné.
– Merde ! Ma femme ! Allô,
oui ? Quoi ? Mais je te l’ai dit ! Je suis avec un vieux copain.
Que j’ai pas vu depuis dix ans. Que j’ai retrouvé par hasard sur Internet. Et
ben, si, justement ! Si ! Il est là en face de moi. On déjeune
tranquillement tous les deux. Tu veux lui parler ? Oui, oh, si ça peut te
rassurer… Non ? Comme tu voudras. Hein ? Oh, je vais pas tarder. Dans
l’après-midi, sûrement. Dans la soirée au plus tard. Oui, moi aussi. À tout à
l’heure.
Il a raccroché. Soupiré.
– Ça sent le roussi. Mais c’est
là-haut, surtout, que ça va être compliqué. Quand on va être rentrés. Parce que
mes soi-disant copains, avec qui j’arrête pas d’être fourré, elle y croit
manifestement de moins en moins. Non, ce qu’il faudrait, c’est que je lui en
présente un. Ça la rassurerait. Seulement pour trouver quelqu’un qu’accepte de
jouer le jeu…
– On va souvent chercher bien loin…
– Toi ?
– Ben oui, moi…
– J’y ai pensé. La situation ne
manquerait pas de sel.
– Ça, c’est le moins qu’on puisse
dire…
– La voilà !
Il lui a souri par-dessus mon épaule.
– Alors, les garçons ! De quoi on
causait ? Non, attendez, dites rien ! Laissez-moi deviner. Benjamin a
passé Alex à la question, je suis sûre. Vu que – j’ai beau lui assurer sur
tous les tons le contraire – il se figure qu’on baise encore tous les
deux. « Oh ! Au moins un petit coup comme ça, vite fait, de temps
en temps, non ? » Même pas. Seulement il me croit pas. Et il a
voulu entendre de la bouche du principal intéressé ce qu’il en était vraiment.
Non ? C’est pas ça ? Je me trompe ?
– Complètement.
Elle s’est assise à ses côtés.
– Faut qu’il se fasse une raison
n’importe comment. S’il veut baiser, il devra se résoudre à aller voir
ailleurs.
Lui a posé une main sur le genou.
– Mais je crois pas qu’il y tienne
vraiment au fond. Il a mieux. Beaucoup mieux. Il a le plaisir d’être cocu.
C’est un plaisir qui, pour lui, éclipse tous les autres. Et de loin. Non, c’est
pas vrai ce que je dis là ?
J’ai souri.
Elle a insisté. Plongé ses yeux droit dans les miens.
– Hein ? C’est pas vrai ?
– Si !
– Ça se voit. Et de plus en plus.
Elle a suivi des yeux la petite serveuse qui
déambulait entre les tables avec ses plateaux.
– Elle doit se demander
n’empêche ! Parce que voilà près de trois semaines qu’on fait le gentil
petit couple modèle. Bien sage. Surgit Benjamin. Qui dort avec nous. Dans notre
chambre. Oui, elle doit s’en poser des questions ! Eh ben, tiens ! On
va lui donner des éléments de réponse.
Et elle s’est penchée sur Benjamin. Pour un long et
langoureux baiser.
On est remontés dans la chambre.
– Parce que lui, il a eu ses photos,
mais pas moi.
Où elle m’a tendu son Blackberry.
– À toi de jouer ! Et
applique-toi, hein !
Elle l’a tendrement regardé se désaper, tout
attendrie. Nous tourner le dos.
– Regarde-moi ça ! C’est tout en
muscles. Tout en puissance. Comment tu veux qu’une nana, elle ait pas envie
d’un mec comme ça. C’est juste pas possible. Vas-y ! Cible !
Cible ! Et acharne-toi sur les fesses. Il s’est bien gavé des miennes,
lui !
Elle m’a tout juste laissé le temps de réaliser quatre
ou cinq clichés et elle est venue y poser ses mains. Ses lèvres. Les a
piquetées d’une multitude de petits baisers. S’est reculée d’un coup.
– Faut que je me calme. Sinon jamais
tu pourras finir. Mais il perd rien pour attendre, alors là ! Comment il
va y attraper après !
Elle l’a fait se retourner.
– Là. De face. D’abord en entier… Et
puis après tu t’approches. De plus en plus près. Ah, mais non ! Qu’est-ce
qu’il nous fait, lui ! Non, mais j’y crois pas ! Il bande. T’es
vraiment pas marrant, Benjamin ! Pas encore ! Pas tout de
suite ! Je te voulais à toutes les étapes, moi ! Depuis quand elle
est toute flasque, toute fripée, jusqu’à quand elle se retrouve
orgueilleusement en état de marche. Et au lieu de ça…
– Vous êtes trop quand même, vous, les
nanas. On bande pas, ça vous va pas. Et on bande, ça vous va pas non plus.
– Question de moment. Bon, mais en
attendant, il y a pas trente-six solutions.
Elle s’est agenouillée. Elle a pris ses couilles dans
le creux de sa main, l’a refermée dessus, s’est penchée. Penchée encore. Plus
près.
– Mais continue, Alex, hein !
Continue ! T’arrête pas !
Elle l’a pris dans sa bouche. Son bout. Qu’elle a
englouti. Qu’elle a fait aller et venir entre ses lèvres.
Lui, la tête rejetée en arrière, les yeux mi-clos, il
lui caressait doucement la nuque.
Elle a accéléré le rythme. Il a gémi.
– Je viens ! Je viens !
Elle l’a relâché. Abandonné. Il a protesté.
– Oh, non !
– C’est pour les photos. Que je te
voie gicler. T’en mourras pas pour une fois de pas me le faire dedans.
Il s’est répandu sur ses doigts, sur ses poignets et
jusque sur la moquette.
Elle lui a jeté un petit baiser dessus.
– Là ! On te laisse souffler cinq
minutes et on passe aux choses sérieuses.
Le temps, pour elle, de jeter un coup d’œil aux photos
qui venaient d’être faites.
– Pas mal ! Pas mal du
tout ! Bon, mais allez, on y retourne !
Elle l’a repris en mains.
– Là ! Voilà ! Comme
ça ! Qu’elle monte doucement ! Tout doucement ! Génial !
C’est génial ! Oh, attendez, j’ai une idée.
Elle est venue m’arracher le Blackberry des mains.
– Vas-y ! Va me remplacer !
Ben, me regarde pas avec cet air idiot ! T’as très bien compris. Va
t’occuper de sa queue. J’ai trop envie de voir ça…
Je m’y suis résolu. J’ai avancé la main, l’ai
effleurée, m’en suis éloigné, y suis revenu. Ai hésité…
Elle a éclaté de rire.
– Tu t’y prends comme un manche, mais
vraiment comme un manche. Laisse-moi faire, va, ça vaudra mieux.
Désolé, j'accroche plus .
RépondreSupprimerJe n'y vois plus d'amour dans le couple.
Je vois juste une femme qui cherche à humilier son mari.
J'aime bien ton style, je repasserai donc au prochain texte.
Réponse en mail. Il faut leur laisser le temps…
SupprimerIl a mieux. Beaucoup mieux. Il a le plaisir d’être cocu. Heu...
RépondreSupprimer– Vas-y ! Va me remplacer ! Ben, me regarde pas avec cet air idiot ! T’as très bien compris. Va t’occuper de sa queue. J’ai trop envie de voir ça… Re heu...
Heu…
SupprimerMais j'aime bien hein ? C'est juste que parfois, je suis un peu déstabilisée.
SupprimerJe reconnais que ça peut parfois être très déstabilisant, mais c'est peut-être aussi pour ça que ça peut être, à mes yeux, un univers intéressant à visiter.
SupprimerCe genre d'amour est bien particulier... certes ça existe vraiment mais bon a pas l'habitude de lire ça...
RépondreSupprimerIl en tire finalement un plaisir (qui me dépasse)
C'est justement parce que ça existe et que c'est particulier que ça me donne envie d(aller explorer ce type de relation. Ce qui présente également l'intérêt supplémentaire, pour moi, de sortir un peu de l'univers "fessée" au cœur duquel je pourrais bien finir, à la longue, par tourner désespérément en rond.
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