Il s’est écoulé une grosse semaine sans qu’il donne le moindre
signe de vie.
Elle
s’agaçait.
– Mais
j’en sais rien ce qu’il y a ! J’en sais rien. Il est sur
messagerie. Il répond pas à mes textos. Il fait chier. Il fait
vraiment chier.
Et
puis, le lundi suivant, il l’a enfin appelée. Ils ont passé près
de deux heures ensemble au téléphone.
– Et
alors ?
– Il
était comme d’habitude. Exactement comme d’habitude.
– Et
la raison de ce long silence ?
– Je
lui ai pas demandé. Il a pas de comptes à me rendre. Si c’est
pour le remonter contre moi avec mes questions… En plus ! Mais je
suis quasiment sûre qu’il y a une nana derrière tout ça. Qu’il
a craqué dessus. Pendant une semaine il y en a plus eu que pour elle
et puis, maintenant qu’il en a fait le tour, il me revient. À moi
de savoir lui donner envie de me garder.
Il
n’a pas fait sa réapparition pour autant.
– Mais
au moins, maintenant, il me téléphone.
De
temps à autre. Tous les trois ou quatre jours. Quelquefois
longuement. D’autres fois, très brièvement au contraire.
– Ça
fait pas tout, mais enfin ça prouve qu’il pense à moi. Qu’il
tient au moins un peu à moi. Et puis, c’est pas juste comme ça,
pour causer. Je vois bien qu’il s’intéresse. Il me pose des tas
de questions. Sur ce que je fais. Sur ce que je veux faire. Sur mes
goûts. Et puis aussi sur vous.
– Sur
moi !
– Oui.
Je crois qu’il saisit pas trop comment on fonctionne tous les deux.
Qu’il a du mal à comprendre. C’est sans arrêt qu’il me
demande si vous tentez votre chance avec moi. « Jamais ?
Vraiment jamais ? C’est fou, ça ». Et je vois bien qu’il me
croit qu’à moitié. Que ça lui paraît complètement
invraisemblable. Ce qu’il voudrait aussi savoir, c’est si vous
vous branlez en nous écoutant quand je suis avec lui. Sans arrêt il
revient là-dessus.
– Et
tu lui réponds quoi ?
– Que
j’en sais rien du tout. Comment il veut que je sache ? Même si…
– Même
si quoi ?
– Même
si je le sais. Je commence à les connaître, les mecs, depuis le
temps. Et à vous connaître, vous ! Oh, mais c’est normal, hein,
attendez ! C’est le contraire qui le serait pas. À votre place,
je ferais exactement la même chose. Je l’ai déjà fait,
d’ailleurs ! Ben oui, oui ! Qu’est-ce vous croyez ? Quand
j’entendais mes copines des fois, à côté, avec leur mec, vous
croyez que je restais sagement les deux mains jointes sur les
couvertures ?
– Je
suppose que non.
– Ben,
évidemment ! En attendant, vous savez ce que je crois qu’il
croit, du coup ? C’est que vous préférez les garçons.
– Qu’est-ce
qui te fait penser ça ? Il te l’a dit ?
– Oh,
non, non, mais il y a plein d’indices. Des petites réflexions. Des
allusions. Plein de choses. Ça m’étonnerait que je me trompe. Et
ça me fait trop rire. Parce que quand on voit comment vous les
couvez des yeux, les nanas ! Vous les adorez, oui !