Elle m’a attentivement écouté. Jusqu’au bout.
– Et
c’est tout ?
– Ben
oui, c’est tout. C’est déjà pas mal, non ?
– Mouais…
Avec
une petite moue de désappointement.
– Qu’est-ce
t’aurais voulu d’autre ?
– Je
sais pas, mais autre chose en tout cas. Non, parce qu’il est bien
gentil votre Martial, là. Il s’excite comme un fou en me matant le
cul et les nichons. C’est bien. C’est même très bien. C’est
gratifiant. Je vais pas prétendre le contraire. Mais bon, il arrive
un moment où ça peut guère que tourner en rond. Parce qu’il va
se passer quoi maintenant ? On peut continuer à le chauffer, si
on veut, oui, bien sûr. Lui offrir des photos de ma chatte en
pâture. L’inviter. Que je le voie baver tant et plus devant moi.
Et après ? De toute façon, je donnerai pas suite. Je coucherai
pas avec, c’est hors de question. Alors ou bien ça va durer
indéfiniment comme ça, moi à l’allumer et lui à m’encercler
de désir, ce qui va être terriblement répétitif au bout du compte
et mortellement ennuyeux. Ou bien il va se faire pressant. Il va
devenir lourd et je vais être obligée de l’envoyer sur les roses.
Dans les deux cas… Qu’est-ce qu’il y a ? Pourquoi vous
faites cette tête-là ? Ça vous étonne ce que je vous dis
là ?
– Un
peu, oui.
– Parce
que j’étais à fond sur Martial et que d’un seul coup… Ben
oui, mais ça m’amuse plus. Finalement il y a rien qui ressemble
plus à un mec qui te désire qu’un autre mec qui te désire. Ils
sont désespérément interchangeables. Et il y rien de plus facile
pour une nana, quand elle est pas trop mal foutue et qu’elle sait y
faire, que d’avoir des dizaines et des dizaines d’adorateurs
prosternés à ses pieds dans l’espoir de décrocher le jackpot.
J’en ai fait le tour de tout ça. Peut-être que ça reviendra. Je
sais pas. On peut jurer de rien. Mais, pour le moment, j’ai envie
d’autre chose. De nouveau. De différent.
– Et
donc, Martial…
– On
le met sur la touche, oui.
– Qu’est-ce
que je vais bien pouvoir lui raconter ?
– N’importe
quoi ! Par exemple, qu’on couche ensemble, vous et moi. Il va
se sentir en porte-à-faux vis à vis de vous du coup. Et vous
abandonner le terrain. Ou alors c’est qu’il m’a vraiment dans
la peau. Et là, ça va être beaucoup plus compliqué. Bon, mais
allez, on verra bien. Assez parlé de Martial. Il y a pas que Martial
dans la vie. Il y a aussi la fille de l’hôtel. Surtout la fille de
l’hôtel. Et son amant.
– Ah,
je comprends mieux.
– Vous
savez ce que j’ai fait à midi ? Je suis allée au resto.
– Toute
seule ! Vilaine ! T’aurais pu m’attendre…
– Celui
en face de la grande surface.
– Et
tu l’as vue…
– Non,
mais j’ai déjeuné juste à côté de deux filles qui travaillent
avec. Et qu’ont parlé d’elle.
– T’es
sûre que c’était d’elle ?
– Une
caissière qui s’appelle Alexandra et qu’a un casoar tatoué sur
l’avant-bras, il doit pas y en avoir douze mille.
– Et
alors ?
– Alors
à ce qu’il paraît qu’elle en a après le patron. Qu’elle fait
des pieds et des mains pour le mettre dans son lit.
– Ce
sont peut-être des racontars.
– Et
puis peut-être pas.
– Tu
crois que c’est lui qu’elle voit à l’hôtel ?
– Qu’est-ce
que vous voulez que j’en sache ? Oh, mais on en aura le cœur
net. Faites-moi confiance qu’on va en avoir le cœur net.
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