– J’ai
pas eu de cadeau hier, n’empêche !
– Tu
manques pas d’air, toi ! Et le restaurant alors ?
– C’est
pas un cadeau qui se garde, ça, le restaurant. Ça compte pas.
– Ben,
voyons !
– Non,
ce qu’on pourrait peut-être, c’est aller faire un tour dans un
magasin de sapes. On sait jamais. Des fois qu’on trouve un truc qui
m’aille. Et puis les cabines d’essayage, moi…
– Ça
t’inspire…
– Ben
oui, je vous ai bien raconté la fois avec Emma… Sauf que ce
coup-ci, ce serait avec vous. Ce serait encore mieux. C’est ça que
je voulais vous dire, hier soir, là-bas, quand on mangeait.
Seulement…
– Seulement
t’étais déjà tellement avancée que t’avais peur, si on
parlait de ça, de plus rien pouvoir maîtriser du tout.
– Voilà,
oui.
– Et
dans un endroit chic et feutré comme celui-là, tes hurlements de
jouissance débridée auraient fait tache, ça, c’est sûr…
– Oui,
bon, mais on cause… On cause… Si on y allait, non, plutôt ?
Et
on a arpenté, en long et en large, quatre on cinq rues commerçantes.
– Là ?
– Oh,
non, pas là, non !
Il y
avait tout un tas de conditions à remplir.
D’abord,
il fallait qu’il y ait le choix.
– Si
je veux trouver quelque chose qui me plaise… Et qui m’aille…
Ensuite
qu’il y ait beaucoup de clients.
– Que
ce soit excitant de les entendre autour.
Et
enfin que le patron ait un certain âge.
– Et
le genre à laisser discrètement traîner les yeux sur les nanas.
Elle
a enfin, après nous avoir fait effectuer un interminable périple,
trouvé la boutique de ses rêves.
Et
elle a essayé. Une robe. Une autre. Une troisième. A fini, par
s’asseoir, en petite culotte et soutien-gorge vert amande, sur le
tabouret. Dans la cabine voisine, on s’esclaffait. Des voix de
femmes. Jeunes. « Eh ben, dis donc, si tu lui fais pas attraper
l’infarctus avec ça ! »
Elle
s’est doucement caressée. Les seins. Les deux. Les doigts faufilés
sous les bonnets. Et puis le minou. À travers le tissu. De bas en
haut. Et de haut en bas. Les yeux plantés dans les miens. De plus en
plus vite. Le souffle de plus en plus court.
Au-dehors,
il y avait des bruits de pas. Qui longeaient notre rideau. Une
vendeuse insistait… « Si, si, Madame, ça vous va, je vous
assure ! » Le patron encaissait, d’une voix grave. « Au
revoir ! Au plaisir ! »
Elle
a enfoui une main dans sa culotte. Qui y a ardemment moutonné. J’ai
déboutonné mon pantalon. Je me suis sorti. J’ai refermé mes
doigts sur moi. Et tous les deux. Ensemble. Elle a haleté.
– Je
vais jouir ! Je vais jouir ! Oh, c’est trop bon…
Les
yeux chavirés de bonheur.
J’ai
senti venir la catastrophe. Ça allait la déborder. Elle allait la
submerger, sa jouissance. Retentir dans tout le magasin. Je me suis
précipité. Je l’ai bâillonnée de la paume de ma main. Sur
laquelle elle a refermé les dents. De toutes ses forces. J’ai
étouffé un hurlement. Elles les y a laissées enfoncées jusqu’à
ce que son plaisir soit retombé. Ce n’est qu’alors qu’elle a
relâché son étreinte.
– Pardon…
Pardon… Je suis désolée.
Une
fois au-dehors, on a fait quelques pas sur le trottoir.
– Eh
ben dites donc, heureusement que vous étiez là. Parce que je
maîtrisais plus rien, moi !
Elle
m’a pris la main.
– Faites
voir ! Ah, quand même ! Quand même ! J’y suis
allée de bon cœur, dites donc !
Elle
a esquissé un petit sourire taquin.
– Oui,
mais c’est votre faute aussi ! Si vous m’aviez pas déballé
votre queue sous le nez…
– Ce
culot ! Non, mais alors là, ce culot…
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