Benjamin
m’a arrêté, posé la main sur l’avant-bras.
– C’est
celle de droite, Camille. La plus grande. Tu vois ? Comment tu
la trouves ?
– Super
canon, il y a pas à dire.
– Oui,
hein ! J’ai craqué. Le moyen de faire autrement ? Mais
attends, viens ! On va aller l’attendre dehors. Elle a bientôt
fini. Qu’on la perturbe pas dans son travail. Elle a horreur de ça.
Il a
fait les présentations.
– Camille…
Alex…
Elle
m’a fait claquer la bise, s’est attablée avec nous.
– Que
des gros lourds ! Il y a des jours comme ça…
– C’est
de ta faute ! T’as qu’à pas être si mignonne.
– Tu
veux que j’y fasse quoi ? Que je me barbouille de vitriol ?
– Ah,
non, malheureuse !
– J’aurais
la paix au moins…
– Ça,
c’est pas sûr !
– Tu
sais de quoi je rêve, là, maintenant ? D’une bonne douche.
Pour me laver de tout ça…
– Rien
de plus facile. On va chez moi. Séverine rentre pas avant sept
heures.
– Je
t’ai emprunté ton peignoir.
– Je
vois, oui !
Elle
s’est ébrouée. En fines gouttelettes qui se sont éparpillées au
hasard.
– En
attendant, qu’est-ce que ça fait du bien !
Benjamin
s’est levé, est passé derrière elle, lui a piqueté la nuque de
petits baisers.
– Chut !
Veux-tu être sage !
– J’ai
pas envie.
– Devant
ton ami. Tu n’as pas honte ?
– Même
pas.
Le
cou.
Il
s’est pressé contre elle. Elle s’est abandonnée.
Il a
glissé une main sous le peignoir. Une main qui a moutonné à
hauteur des seins. Qui s’est aventurée plus bas. Encore plus bas.
Le peignoir s’est entrouvert.
J’ai
poussé un cri de stupéfaction.
Il y
avait… Elle avait… On voyait… Une bite et une paire de
couillles.
Ils
ont éclaté de rire. Tous les deux. De bon cœur.
– Ah,
oui, ça surprend, hein !
Camille
a refermé le peignoir.
– C’est
tout pour aujourd’hui ! Et, de toute façon, puisque c’est
comme ça, puisqu’il y a que des gros pervers dans cette maison, je
m’en vais.
Ce
qu’il a fait aussitôt après avoir renfilé sa robe.
– Il
est vraiment fâché ?
– Penses-tu !
C’était concerté tout ça. On était de mèche. Bon, ben voilà !
Maintenant, tu sais.
– Comment
vous m’avez eu !
– C’était
le but. Elle adore ça, Camille, surprendre son monde là-dessus. Et
faut reconnaître qu’avec toi, c’était particulièrement réussi.
T’aurais vu ta tête ! Elle s’est délectée de voir ta
réaction, je la connais. Et je peux te dire que j’ai pas fini d’en
entendre parler.
– Je
peux te poser une question ?
– Tout
ce que tu veux.
– C’est
purement sexuel avec lui ou bien…
– C’est
beaucoup plus que sexuel. C’est un peu mon double, Camille. Jamais
je ne me suis senti aussi compris, reconnu et accepté. Non, ce qu’il
y a maintenant, c’est que pour Alyssia je sais vraiment pas quoi
faire.
– C’est-à-dire ?
Tu envisages de mettre un terme ?
– Oh,
non, non. Pas du tout. Non. Au contraire. Seulement j’ai bien peur…
– Que
ce soit elle qui le fasse. Alors ça, c’est pas exclu. Ça l’est
même de moins en moins, dans le contexte actuel.
– Elle
supporte pas l’idée que je puisse avoir quelqu’un d’autre.
C’est ça, hein ?
– Ce
qu’elle supporte pas, surtout, c’est que tu la prennes pour une
conne. C’est de pas savoir sur quel pied danser avec toi.
– Tu
crois qu’il faut que je lui parle ?
– Je
crois pas. Je suis sûr.
– Il
y a un risque quand même, non ?
– Évidemment !
Mais infiniment moindre, à mon avis, que si tu joues carte sur
table. Elle appréciera.
– Je
lui dis aussi que Camille, en réalité, c’est…
– Quand
on dit la vérité et qu’on ment en même temps, ça le fait pas.
Ça le fait jamais.
Je
me suis levé.
– Bon,
j’y vais. Je te laisse.
– Tu
veux pas rester un peu ? Que Séverine te trouve là en
rentrant. Ça la mettra de bon poil. Ça changera pour une fois.
– C’est
la soupe à la grimace ?
–Et
pire encore. Elle desserre pas les dents de toute la soirée. Elle se
contente de balader partout son petit air : « Je dis rien.
Je demande rien, mais je sais où t’as passé l’après-midi. Et
avec qui. On me la fait pas à moi. »
Il a
soupiré.
– Des
fois j’aimerais encore mieux qu’on s’engueule.
– Qu’est-ce
qu’elle sait au juste ?
– Peut-être
tout. Peut-être rien. J’ai décidé de plus me poser la question.
D’arrêter de me faire des nœuds au cerveau. Parce que ça change
rien. Parce que Séverine, c’est quelqu’un qu’a un besoin
viscéral de te faire la gueule. Qu’il y ait des raisons ou qu’il
y en ait pas. Elle porte ça en elle. Faut qu’elle soit
malheureuse. Que tout aille de travers dans sa vie. Et qu’elle en
fasse porter la responsabilité à quelqu’un. Moi, en l’occurrence.
Je suis en première ligne. Forcément.
Il a
encore soupiré. Un soupir à fendre l’âme.
– J’en
ai marre, par moments, mais j’en ai marre ! Quelle idée j’ai
eue d’aller l’épouser. Non, mais quelle idée ! Ah, je
t’assure que si c’était à refaire…
– Ça
peut se défaire…
– Je
sais bien, oui, mais…
Au-dehors,
les graviers ont crissé.
– La
v’là !
Elle
a jeté ses clefs sur la petite console, dans l’entrée.
– Alors,
les garçons, ça va comme vous voulez ?
Ça
allait, oui !
– Qu’est-ce
vous avez fait de beau ?
– Oh,
rien ! Rien de spécial.
Derrière
lui, le peignoir était resté par terre. Elle l’a ramassé, porté
à ses narines et elle lui a jeté un regard furibond.
Qu’il
n’a pas vu.
C'est plutôt bien parti pour qu'il finisse avec l'amant de sa femme. Il passe de plus en plus de temps avec lui. Lui se sont découverts bi tous les deux.
RépondreSupprimerFinalement elle va se retrouver seule à chercher des mecs sur le net.
Pas forcément, non. Il peut encore y avoir toutes sortes de rebondissements.
SupprimerC'est incroyable, tous ces revirements. J'adore..
RépondreSupprimerIl faut reconnaître que, pour le coup, c'était un peu… inattendu.
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