mardi 11 septembre 2018

Alyssia, ma femme (26)


Elle a finalement jeté son dévolu sur des jumeaux.
– Ils sont vraiment copie conforme, t’as vu ça ?
Avec qui elle a entretenu une correspondance assidue pendant trois jours.
– En tout cas, ils ont de la conversation. De l’humour. Ce qui ne gâte rien. Et ils savent des tas de choses. Par contre, ils font jamais rien l’un sans l’autre.
Ce qui l’arrangeait bien finalement.
– Ben oui, parce que j’ai encore jamais eu deux mecs en même temps, moi ! Quatre mains à te prodiguer des caresses partout. Deux bouches. Ça doit être génial.
– Et deux queues.
– Aussi, oui. Comme ça, le temps qu’il y en a une qui se repose, tu peux toujours profiter de l’autre.
Ils se sont finalement fixé rendez-vous.
– Mais tu resteras dans les parages, hein ! Parce qu’ils m’inspirent confiance, mais on sait jamais. Il y en a qui cachent bien leur jeu. Et puis, de toute façon, maintenant je conçois plus ce genre de choses sans que tu sois au moins à côté. Sans que je les partage avec toi.

Benjamin n’était jamais libre.
– On va se faire un petit tennis ?
– Désolé, mais aujourd’hui je peux pas.
Le lendemain non plus. Et pas davantage le surlendemain.
– Oh, et puis merde ! Pas la peine de tourner pendant des semaines autour du pot. Je vais jouer franc jeu avec toi. J’ai quelqu’un d’autre.
– Je m’en doutais bien un peu.
– Ben oui, forcément. J’arrête pas de te faire faux bond.
– Et pas seulement à moi.
– Elle aussi, elle se doute, hein…
– Évidemment ! Elle est pas idiote.
– Mais elle est pas sûre ?
– Il s’en faut vraiment de très très peu.
– Il y a quelque chose qu’il faudrait que tu saches. Et puis elle aussi maintenant. Même si je me demande comment elle le prendrait.
– Quoi donc ?
– Je vais te faire faire sa connaissance. Tu comprendras mieux…

Alyssia était sur des charbons ardents.
– Encore deux heures ! Pourvu que je leur plaise… Parce qu’une photo, ça peut être trompeur une photo.
– Pas dans ton cas.
– Je devrais peut-être plutôt mettre ma robe rouge, non ? Qu’est-ce t’en penses ?
– Celle-là est très bien.
– Je sais pas. Peut-être un peu trop osée, non ?
– Tu vas pas à une cérémonie religieuse.
– Oui, mais quand même ! Pour une première fois… C’est comme le maquillage. Ça fait pas trop mauvais genre au moins ?
– Pas du tout, non !
Elle est retournée devant la glace, a remis une mèche en place, lissé, du bout des doigts, le col de la robe.
– Tu sais quoi ? On dirait une gamine qui va à son premier rendez-vous amoureux.
Elle m’a tiré la langue.
– Ah, c’est malin ! Va prendre tes marques là-bas, tiens, plutôt !

Ils s’étaient pas fichus d’elle. Hôtel grande classe. Je suis monté m’approprier ma chambre. La 339. Une chambre immense. Avec tout le confort. Mini-bar. Micro-ondes. Écran plasma. Et matelas moëlleux que le diable. J’allais être bien. Et eux aussi. Eux ? Il y avait du bruit à côté. Des voix. Ils étaient déjà là ? Non. Il était beaucoup trop tôt. Et pourtant je ne rêvais pas. J’entendais bien parler. Je suis allé coller mon oreille à la cloison. Une voix d’homme. Une voix de femme. Qui n’était pas celle d’Alyssia. Aucun doute là-dessus. Donc, ben donc il y avait un problème quelque part. Ou la chambre avait été louée deux fois, ce qui paraissait quand même assez peu vraisemblable ou, pour une raison ou pour une autre, on ne leur avait pas attribué la chambre qui avait été initialement prévue. Quoi qu’il en soit, j’étais réduit à l’impuissance. Je me voyais mal aller demander des explications à la réception.

À huit heures, j’ai reçu un SMS : « On mange ailleurs. Tout se passe bien. T’inquiète pas. »
Vers onze heures, j’ai bien erré un peu, au hasard, dans les couloirs. En vain. Il était immense, cet hôtel et j’ignorais où ils se trouvaient. Sans compter qu’à séjourner comme ça, sans raison apparente, dans les couloirs, je risquais d’attirer l’attention et de faire naître des soupçons.
Le lendemain matin, j’avais un autre SMS « On déjeune dans la chambre. Tout est OK. On se retrouve à la maison. »

– Alors ? C’était bien ?
Elle m’a tendu les lèvres.
– Divin.
– On dirait, oui. T’as la tête de quelqu’un qu’on a épuisée de plaisir.
Elle s’est nichée au creux de mon épaule.
– Tu m’as manqué, tu sais ! Pas t’avoir là, à côté…
– Il s’est passé quoi, au juste, pour la chambre ?
– Oh, le genre d’idioties… Des habitués qui tiennent à la 341 comme à la prunelle de leurs yeux. La réceptionniste est nouvelle. Elle savait pas et elle leur en a collé une autre. Ils ont fait un foin pas possible. Et comme mes jumeaux se fichaient pas mal que ce soit cette chambre-là ou une autre.
– Et que tu pouvais rien dire…
– Ah, ben ça ! Oh, mais il y aura d’autres occasions.
– J’espère bien. Bon, mais tu racontes ?
– Ça se raconte pas ce genre de choses. Ça se vit. Ou ça s’écoute.
– Essaie quand même !
– Oh, ben tu te doutes ! On s’est d’abord éternisés au restaurant. Où ils m’ont minutieusement décrit, bien en détail, tout ce qu’ils allaient me faire. Ils avaient une façon de se renvoyer l’un à l’autre la balle… C’était d’un torride ! J’étais trempée. Et ils faisaient durer… Ils faisaient durer…
– Des artistes, en somme…
– On peut dire ça comme ça, oui. Et alors tu penses bien que, quand on est arrivés dans la chambre…
– Tu t’es retrouvée aussi sec à poil.
– Oh, non, non ! Parce que c’était déjà fait, ça !
– Hein ?
– Ben oui ! Dans l’ascenseur on avait commencé. Et puis on a continué dans le couloir.
– Complètement ?
– Complètement, oui. C’était d’un excitant !
– J’imagine… Et ensuite ?
– Ils se sont occupés de moi. Savamment. Ardemment.
– Et ils se sont passé le relais.
– Oui. Enfin, non ! Ensemble je les ai eus. Tous les deux. Un devant et un derrière. Et puis après, ils ont interverti les rôles.

8 commentaires:

  1. Il reste encore beaucoup de chapitres ?

    Elle a eu un petit geste tendre, c'est sympathique de sa part.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Il reste six chapitres et, dans la foulée, on attaquera quelque chose de complètement différent.

      Supprimer
  2. Je me demande à combien on peut tenir, dans une chambre d'hôtel... un, deux, trois, quatre, (je compte sur mes doigts) cinq, dix ? douze ? hihihi

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tout dépend de la taille de la chambre et… de la façon dont les gens s'entassent. ;)

      Supprimer
    2. C'est vrai qu'on peut faire plusieurs couches (sans mauvais jeu de mots)

      Supprimer
  3. 6 chapitres, c'est court pour qu'il arrive à se révéler.

    A moins que (souvenirs du 29) il ne fasse un coming out et quitte sa femme pour l'amant de celle ci. Ça c'est plutôt bien engagé.

    RépondreSupprimer
  4. Quand bien même ce serait au dernier chapitre…

    RépondreSupprimer