mardi 31 juillet 2018

Alyssia, ma femme (20)


– Alex ? C’est Benjamin ! Ça va ?
– Et toi ? T’as une voix bizarre.
– Écoute… Si jamais Séverine t’appelle…
– Elle se doute de quelque chose ?
– Peut-être. C’est possible. Je sais pas. Mais mieux vaut prévenir que guérir. Alors si elle t’appelle, on était tous les deux à Forbach, ce week-end. À un congrès sur les règles d’arbitrage au hand.
– Vu. Et si elle veut des précisions ?
– Je t’ai envoyé un mail avec le nom et l’adresse de l’hôtel où on a soi-disant dormi, celle de la salle où avait lieu le congrès – qui s’est effectivement tenu – et les horaires de train.
– Ça marche.
– Cela étant, tu fais quoi, toi, cet après-midi ?
– Rien de spécial.
– On va se faire un tennis alors ? Ça nous décrassera, ça nous donnera l’occasion de discuter un peu entre hommes et, si jamais elle appelle, tu me la passeras. Ça la rassurera de nous savoir ensemble.

On s’est laissé tomber sur le banc, au bord du court, nos raquettes à nos pieds.
– Je manque d’entraînement, il y a pas à dire.
– Et moi donc !
Il a repris son souffle, s’est mis à dessiner un cercle, du bout du pied, dans la poussière.
– J’ai déjeuné avec ta femme hier.
– Je sais, oui, elle m’a dit.
– Et on a beaucoup parlé de toi.
– De moi ? Diable !
– Tu sais ce qu’elle aimerait ?
– Dis !
– Nous voir nous occuper l’un de l’autre ou, plus exactement, te voir t’occuper de moi.
– Elle m’en a jamais parlé.
– Non, mais elle t’a tendu la perche, un jour, au « Petit Castel », une perche que tu n’as pas saisie. Ça te répugne tant que ça ?
J’ai haussé les épaules.
– C’est pas que ça me répugne. C’est que j’ai jamais essayé. J’ai jamais eu l’occasion. Alors comment veux-tu que je sache si j’aime ou si j’aime pas ?
Il s’est levé.
– Le seul moyen de savoir…
Il n’a pas achevé sa phrase. Il s’est dirigé vers le court.
– On échange encore quelques balles ?

J’ai jeté ma raquette.
– Bon, allez, cette fois, moi, je jette l’éponge. J’en peux plus. Une bonne douche et…
– On la prendra à la maison. Je m’en méfie comme de la peste, moi, de ces douches publiques Et puis tu pourras voir Séverine comme ça.
Séverine qui n’était pas là.
– Non. Vers six heures elle rentre. Tiens, c’est par là la douche.
Il m’a apporté gant de toilette et serviette de bain.
– Ça t’ennuie si je la prends avec toi ?
Ça m’ennuyait pas, non.
Il m’a rejoint. Chacun s’est d’abord savonné et frictionné en silence. Rincé.
Il a avancé la main en souriant, m’a effleuré le ventre, juste au-dessous du nombril.
Je n’ai rien dit. J’ai soutenu son regard.
Il est descendu, m’a sollicité, du bout du pouce.
– T’as l’air d’aimer ça, finalement, dis donc !
Il s’est agenouillé. M’a d’abord léchoté le gland, à rapides petits coups de langue, sur toute sa surface. L’a emprisonné et agacé entre ses dents. Avant de m’engloutir. De me la tournoyer tout en me malaxant savamment les couilles. De plus en plus savamment. J’ai gémi. Et j’ai déchargé en psalmodiant mon plaisir. Il a bu. Jusqu’au bout.
Une petite claque sur les fesses et il s’est relevé.
– À ton tour maintenant !
À mon tour.
Je l’ai lentement apprivoisée. Avec les doigts. Avec la bouche. Avec la langue. Ses mains s’étaient posées sur ma nuque qu’il pétrissait avec ardeur. Je l’ai pris entre mes lèvres, juste au bord, relâché, repris. Encore rejeté.
– S’il te plaît, Alex, s’il te plaît !
Et il s’est enfoncé tout entier en moi avec un long râle de satisfaction. A donné de grands coups de reins que j’ai accompagnés, les mains agrippées à ses fesses. Il a libéré son plaisir à longues giclées chaudes dont je me suis repu.
– Alors ? Pas trop déçu pour une première fois ?
– Oh, non, non !
– Il y aura plus qu’à faire la surprise à ta petite femme.

Quand Séverine est rentrée, on était attablés tous les deux devant un grand verre de whisky.
– Ah, ben, ça va ! Faut pas s’en faire.
– Ça pourrait être pire. Tu veux quelque chose ?
– Oui. Un muscat.
Qu’il est allé lui chercher.
Elle en a profité pour se pencher vers moi.
– Faut que je vous parle. Faut absolument que je vous parle. Demain midi ? À la brasserie ?
Je lui ai signifié mon accord d’un signe de tête.

Alyssia m’a considéré d’un air amusé.
– Et toi, t’en es encore à penser qu’elle te drague pas…
– Je crois pas, non.
– Tu parles ! C’est clair comme de l’eau de roche. Qu’est-ce tu veux que ce soit d’autre ?
– Je sais pas.
– Mais si, c’est ça ! Bien sûr que c’est ça ! Bon… Mais, et cette partie de tennis avec Benjamin ? C’était bien ?
– Ça a pas duré longtemps. On n’est vraiment pas au top de notre forme tous les deux.
– Tu m’en diras tant…
– On a pas mal discuté du coup. Et il m’a dit que tu crevais d’envie de nous voir faire des trucs ensemble, lui et moi.
– Ça fait des semaines et des semaines qu’il me bassine avec ça.
– C’est pas vrai ?
– Si ! Bien sûr que si que c’est vrai. Que ça me plairait ! Et surtout que ce soit vous deux. Je vais pas nier l’évidence. Mais j’y attache pas autant d’importance qu’il l’imagine. Ou qu’il le souhaiterait. Parce que manifestement, lui, ça le tient !


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