– Faut que je te parle, Alex. Faut
vraiment que je te parle.
– Eh bien, je t’écoute…
Elle a éteint la télé, est venue s’asseoir, sur le
canapé, à mes côtés, s’est éclairci la gorge.
– Tu sais que je t’aime. Que je tiens
énormément à toi. Tu es quelqu’un avec qui il fait bon vivre. Partager le
quotidien.
– Mais ?
– Mais… Oh, la la ! C’est
vraiment pas facile.
– Jette-toi à l’eau !
– J’ai rien à te reprocher. Absolument
rien. Sauf… que je m’éclate pas au lit avec toi. Que je me suis jamais vraiment
éclatée.
– C’est pourtant pas l’impression que
tu donnes.
– Je sais, oui. J’ai eu tort. J’aurais
pas dû. Mais tu as tellement de qualités par ailleurs. Je voulais pas te faire
de peine. Risquer de te perdre. Alors j’ai fait comme si. Et puis… ça avait pas
tellement d’importance jusque là tout ça pour moi. C’était pas l’essentiel.
– Mais ça a fini par le devenir.
– Dans un sens, oui. Pas l’essentiel,
non. Mais quelque chose d’important. Très.
– Et donc ?
– Ben, donc… Il y a eu quelqu’un.
– Il y a eu ou il y a ?
– Il y a… Il y a encore. Depuis quatre
mois ça dure.
– Ah, quand même !
– J’ai cru que ce serait juste une
passade comme ça. Mais non. Faut bien que je me rende à l’évidence. Non.
– Et tu veux qu’on se sépare…
– Oh, non. Non. J’ai pas dit ça. Je
pourrais pas vivre sans toi.
– Et tu peux pas te passer de l’autre
non plus. C’est bien ça ?
– Il y a des semaines et des semaines
que je tourne en rond. Sans savoir ce que je peux faire. Ce que je dois faire.
Plus ça va et moins j’y vois clair. Je suis complètement dans le brouillard.
– En somme, si je comprends bien, ce
que tu attends de moi, c’est que je prenne une décision à ta place…
– C’est pas vraiment ça, non.
– Mais ça revient à ça.
– Je sais pas. Je sais plus. Je suis
complètement perdue.
– Bon. Alors reprenons. Tout. Depuis
le début. C’est qui ce type ? Je le connais ?
– Oh, non ! Non. Sur un forum je
l’ai rencontré.
– Où tu t’es inscrite exprès pour ça.
– Je t’ai dit, Alex. J’ai trente-six
ans. Et si je m’éclate pas maintenant…
– Vous vous rencontrez quand ?
– Il y a pas de cours de gym le
mercredi soir. Ou du moins j’y vais pas. Ni de sorties avec Coralie le samedi…
– Je vois. Il est marié ?
– Oui.
– Et de son côté, avec sa femme, c’est
pas ça qu’est ça non plus.
– C’est le moins qu’on puisse dire…
– Et vous n’envisagez pas…
– De ? Vivre ensemble ? Oui,
ben alors là, sûrement pas ! Je t’ai dit : il a jamais été question
de ça. Et quand bien même il voudrait, c’est moi qui voudrais pas. Je me fais
pas d’illusions. Le quotidien, avec lui, serait complètement insupportable.
– En somme, c’est purement sexuel.
– Voilà, oui.
– Et si tu essayais de m’expliquer ce
qui va pas, chez moi, de ce côté-là. C’est quoi ? Je m’y prends mal ?
– C’est pas ça, non.
– C’est quoi alors ?
– C’est… Tu vas te vexer.
– Je te jure que non.
– C’est tout un ensemble. C’est tout
toi. Je me sens pas femme avec toi. Tu es gentil. Tu es doux, attentionné,
caressant. J’apprécie. La plupart du temps, j’apprécie. Si, c’est vrai, tu
sais. Seulement il y a quelque chose qui manque. Il y a des moments où j’ai
besoin de me sentir femelle… Complètement femelle. Résolument femelle. Et ça,
c’est pas une question de technique. Ou de bonne volonté. Ou de quoi que ce
soit d’autre. Il peut bien faire tout ce qu’il veut, le type. Il en est pas
maître. Ça se commande pas. C’est en lui. Ou ça l’est pas. Tu comprends ?
– Oh, que oui ! On pourrait
difficilement être plus clair.
– T’es pas fâché ?
– Je suis pas fâché, non. Bien sûr que
non.
– Tu dors pas ?
– Non. Je réfléchis.
– À quoi ?
– À tout à l’heure. À ce que tu m’as
dit.
– Et alors ?
– Et alors… Pourquoi tu m’en parles
maintenant de tout ça ? T’étais pas obligée. Je me doutais de rien. Tu
jouais sur du velours. Ça aurait pu continuer comme ça pendant des mois et des
mois. Sans que je m’en aperçoive. Alors pourquoi ?
– J’étais trop mal. Toujours mentir.
Être fausse. Il arrive un moment où c’est insupportable. Où il faut absolument crever
l’abcès. Quoi qu’il arrive. Quoi qu’il doive se passer.
– Oui, oh ! Tu prenais pas de
gros risques. Tu savais très bien que, de toute façon, je ne te quitterais pas.
Que j’en suis totalement incapable. Je tiens beaucoup trop à toi. Tu savais
aussi qu’en me présentant les choses comme tu me les as présentées – en
pointant du doigt mes insuffisances – je n’aurais pas d’autre solution, une
fois au courant, que de te laisser le champ libre. Tu gagnais sur les deux
tableaux : tu te déculpabilisais et tu avais les coudées franches pour
aller le retrouver toutes les fois que l’envie t’en prendrait. Non, c’est pas
ça ?
– Je sais pas, Alex. Peut-être un peu,
si.
– Vis ce que t’as à vivre, Alyssia.
Vis-le pleinement. Sans t’encombrer d’interrogations et de scrupules superflus.
Plus tu te sentiras épanouie, comblée, heureuse et plus je le serai, moi aussi,
par ricochet, de mon côté. Tu comprends ?
Elle s’est blottie contre moi dans l’obscurité…
– Tu es quelqu’un d’exceptionnel,
Alex. Si, c’est vrai, tu sais…
Chouette, le voilà ! Lien mis ! bisous FF
RépondreSupprimerMerci, Helea. Nous voici partis pour un texte sans fessées, mais qui comportera, malgré tout, nombre de moments quelque peu torrides.
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